Berlin-Paris. Paris-Berlin. Ce balancier géographique, Emmanuel de Bayser y est habitué. Trois jours par-ci, trois jours par-là. À...
C’est dans une ancienne usine de robe de mariées, transformée en loft fantasmagorique que Zoé Rumeau et Jean-Jacques Curien élèvent leurs deux enfants, Josef et Esther. L’une sculptrice, l’autre menuisier ont façonné ensemble cet espace dont la découverte se transforme en parcours initiatique. Teinte bleu nuit, animaux chatoyants ou bizarres, grottes en fourrures : le tout baigné d’une belle lumière naturelle. L’univers de Zoé est à son image, atypique, chaleureux et surprenant. Il est à découvrir sur son site internet, Zoé Rumeau.
Zoé, peux-tu décrire ton travail ?
Je travaille la matière au sens large. Je couds, colle, soude, moule et plâtre. On peut vraiment dire que j’aime torturer la matière.
Je fais beaucoup de choses différentes. Comme des sculptures, des veilleuses lumineuses ou encore des créations pour des vitrines pour des marques telles que Bonpoint, Swildens ou encore Bonton. Les animaux me fascinent. Je façonne des otaries en chambre à air indienne, des chevaux de carton, des trophées recomposés en plumes, cuir et tissu. Il y a aussi des choses qui sont un peu plus trash. Dernièrement par exemple, un projet associant des photographies brodées de cheveux et une burqua taille réelle, en cheveux également.
J’ai travaillé pendant un an sur un projet de création de 350 têtes en plâtres, sculptées à partir de photos de membres de ma famille. Elles sont associées à ce que j’appelle les Os qui coulent, peut-être symbole des racines et de la filiation.
Comment es-tu devenue artisane de la matière ?
Après 7 ans d’études d’Histoire de l’Art j’ai eu la chance de rencontrer Paul Flury, un sculpteur passionnant qui a été un mentor très intéressant. Il m’a permis de désapprendre et d’avoir un rapport à mon travail beaucoup plus libre. Il possède un atelier collectif à Montreuil, dans lequel je continue d’aller de temps en temps. Avec lui, n’importe quel problème technique trouve sa solution.
Où puises-tu tes inspirations ?
Je ne sais pas trop, certaines choses viennent probablement de mes études en Histoire de l’Art, des voyages et de la vie en générale. Je suis particulièrement sensible aux sculpteurs et j’adore le travail des femmes en général. J’aime beaucoup la sculptrice et plasticienne Louise Bourgois ainsi que la sculptrice Eva Hesse. Leurs univers me parlent beaucoup.
Comment avez-vous réfléchis l’univers de votre loft ?
Au début, c’était vraiment une boite blanche. Mon mari a donc pensé et dessiné cette maison pour garder les volumes et laisser le regard traverser les espaces. Au rez-de-chaussée, la salle de jeux des enfants est à coté de mon atelier, juste séparé par une verrière. À l’étage principal, la cuisine, le salon et la salle à manger sont ouverts pour laisser l’énergie circuler. Enfin au niveau supérieur, les chambres des enfants ont aussi des verrières qui donnent sur le salon, avec des rideaux, pour plus d’intimité s’ils en ont envie. Mon mari étant menuisier, c’est aussi lui qui a fait la plupart des meubles. De mon coté, j’éparpille mes sculptures un peu partout.
En termes de décoration, comment décrirais-tu ton style ?
Je dirais éclectique et brut. J’ai toujours le même rapport avec la matière, autant dans ce que je fabrique que ce que je chine. J’aime les animaux naturalisés, les plantes et les matières naturelles, comme le lin ou le cuir. Ensuite je rebondis en fonction des nécessités et des matériaux que j’ai en stock. L’idée des sculptures lumineuses est venue comme ça. Nous avions besoin d’avoir des luminaires. Un autre exemple amusant : les coussins du canapé. Ils sont fait à partir de soutanes de prêtres du XIXème siècle qu’une amie m’avait donné. Outre ce que je fabrique, nous avons certaines pièces que j’aime beaucoup, comme les vases Tsé tsé, le lustre Jacques Jarrige dans le salon et les créations de Sophia 203. Notamment les headbands qui sont dans la salle de bain.
Quelle est la pièce pas chère dont tu es la plus fière ?
Ma collection de poupées en porcelaine achetée à Jaipur, que j’ai mise dans la salle de bain. C’est d’ailleurs aussi ma pièce préférée.
Quelles sont tes adresses pour dénicher meubles ou bibelots ?
Je n’ai pas vraiment d’adresses favorites. Cela fonctionne plus au coup de cœur. Je chine beaucoup pendant mes voyages ou sur Le Bon Coin. Sinon, il y a aussi le site Le Repère des Belettes où l’on peut acheter de jolis draps de lin ou des dames-jeannes.
Quelle est ta destination “vacances en famille” favorite ?
L’Inde, sans hésiter. Il y a tellement de choses à faire. Voyager à dos d’éléphants ou de chameau, courir après les paons, flâner dans les marchés multicolores, rêver des Maharadja et Maharani dans les palais psychédéliques du Rajasthan, dessiner au fil de l’eau dans les backwaters du Kerala… Chaque année, nous y retournons avec bonheur.
Crédits : Eve Campestrini @thesocialitefamily
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