Kalou Dubus, céramiste singulière

Kalou Dubus, céramiste singulière

Au 15, rue Martel – dans le 10ème arrondissement parisien – se pressait ce week-end une foule compacte. La raison ? La vente à l’atelier de la céramiste Kalou Dubus. Ancienne designer textile, c’est en découvrant cet art ancestral dans un atelier de la ville de Paris qu’elle décide d’en faire son métier. Une révélation. Après une initiation en Grèce auprès de l’artiste Sabrina Binda et de ses céramiques en faïence, grès ou porcelaine, la jeune femme persévère. Elle rend visite à un cousin potier pour en saisir les sens et affine ses gestes dans les cours de l’atelier Mire, créé par la japonaise Kayoko Hayasaki. Puis elle se lance, seule. Passionnée par le processus de création – véritable école d’humilité et de patience – elle dessine, cuit, échoue, émaille, laisse reposer et recommence. Encore et encore. De test en test, Kalou Dubus laisse parler la terre, modifie les proportions d’un raté, y accentue un aspect, une ligne. En découle des pots de fleurs, des services à thé et plus récemment des lampes qu’elles s’est amusée à incruster des pierres semi-précieuses. Orfèvre du quotidien, Kalou Dubus donne un relief tout particulier à des accessoires qui changent tout et ne ressemblent à rien d’existant. Tant et si bien que ses oeuvres ont déjà charmé Isabel Marant qui a passé commande pour toutes ses ouvertures de boutiques.

Kalou Dubus, céramiste singulière
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Kalou, pouvez-vous vous présenter ? Quel est votre parcours ?

Kalou

J’ai fait l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs à Paris puis j’ai été designer textile indépendante. Parallèlement à cela, je faisais en même temps du set design et des projets de décoration. Puis j’ai créé une marque de vêtement appelé Night Is Coming On (NICO). J’ai découvert la céramique dans un atelier de la ville de Paris, puis chez Sabrina Binda en Grèce. J’ai adoré ça. Alors j’ai décidé d’en faire mon nouveau métier. J’ai continué à me former chez mon vieux cousin potier de 80 ans, puis dans les très bons cours de l’atelier Mire de la japonaise Kayoko Hayasaki. J’ai acheté un four et un tour et j’ai commencé à travailler seule.

Comment conçevez-vous vos modèles en termes de lignes ? 

Kalou

Souvent, je dessine avant. Parfois, je pars d’une pièce ratée que j’ai laissé de côté. Je la recommence en changeant les proportions, en améliorant, en accentuant un aspect ou en reprenant juste la technique. Quand je fais des pièces au tour, je décide de la typologie d’objet que je vais fabriquer. Puis c’est vraiment sur le moment que cela se dessine. Ou pas ! Cela rate fréquemment car je cherche souvent le point de rupture où tout s’écroule. Quand je travaille sur une série c’est plus organisé, plus précis.

Kalou Dubus, céramiste singulière
Kalou Dubus, céramiste singulière
Kalou Dubus, céramiste singulière
Kalou Dubus, céramiste singulière
Kalou Dubus, céramiste singulière

J’aime beaucoup la céramique japonaise qui est souvent assez rustique, faussement imparfaite, très maîtrisée et à la fois spontanée.

Kalou Dubus, céramiste singulière
Kalou Dubus, céramiste singulière

Quel est le processus pour arriver à développer une pièce ? Pouvez-vous nous parler de la conception en termes de temps ?

Kalou

C’est un long processus, qui peut être ruiné en quelques minutes. Par exemple avec un émail mal cuit, mal appliqué. Ou alors avec un recette d’émail mal exécutée ou encore une fissure lors de la cuisson. La céramique demande beaucoup de patience et d’humilité. On essuie beaucoup d’échecs avant de sortir une pièce aboutie. On commence par battre ou malaxer la terre pour la rendre plus souple et pour enlever les éventuelles bulles d’air. Ensuite, on façonne la pièce avec différentes techniques. Pour moi c’est principalement le tour ou la plaque. Cela peut prendre 5 minutes, une journée ou plusieurs jours. Puis on laisse sécher la pièce le plus doucement possible sous un plastique pour éviter les fissures. Selon ses spécificités, cela prend plus ou moins de temps. Pour vous donner un ordre d’idée, cela peut aller jusqu’à un mois pour les grandes pièces comme celles que je crée pour les boutiques d’Isabel Marant. Ensuite on cuit une première fois à 980 degrés. Cette cuisson s’appelle “le biscuit” ou “le dégourdi”. Le four met environ 12h à monter à la température souhaitée et 24h à redescendre. On émaille ensuite la pièce, puis on la recuit à  1250 degrés. 48h plus tard on ouvre le four en espérant avoir de bonnes surprises.

Quelles sont vos références, les personnalités qui vous inspirent ?

Kalou

J’aime beaucoup la céramique japonaise qui est souvent assez rustique, faussement imparfaite, très maîtrisée et à la fois spontanée. En France, les années 50-70 ont été très riches et ont vu naître de très grands céramistes comme Roger Capron, Jacques Blin, George Jouve, Suzanne Ramié, Pierre Digan pour ne citer qu’eux. Aujourd’hui la scène est également très intéressante. Comme le fabuleux Grayson Perry exposé en ce moment à la monnaie de Paris, un artiste total incroyable.

Kalou Dubus, céramiste singulière
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Kalou Dubus, céramiste singulière
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Kalou Dubus, céramiste singulière

Avez-vous une époque de prédilection dans le design, la décoration ?

Kalou

Je suis née dans les années 70. Je reste sensible à cette esthétique et à ses codes. C’est l’enfance, c’est joyeux, c’est doux et optimiste. Mais j’aime les mélanges et les chocs.

Quels sont vos matériaux de prédilection ?

Kalou

La céramique, le béton, les pierres que j’achètent à des collectionneurs ou sur des foires professionnelles.

Comment souhaitez-vous développer votre travail, votre collection à terme ?

Kalou

Je veux rester libre comme aujourd’hui. Continuer à chercher, à produire, à me faire plaisir et à collaborer sur des projets avec des architectes, des décorateurs ou des paysagistes.

Kalou Dubus, céramiste singulière
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