« Se laisser guider par l’émotion ». Telle est la philosophie de vie de notre hôte du jour, Guido Taroni. Photographe milanais aux...
La démarche pâtissière de Jennifer Hart-Smith est différente de toutes celles que nous connaissions jusqu’alors. Ou peut-être est-elle seulement plus approfondie, jusqu’au-boutiste en tout cas dans l’usage des plantes. Une révélation pour cette Franco-Australienne qui a entamé sa carrière de bouche avec Tookies, une marque de petits sablés personnalisables. Dès le début, nous raconte-t-elle, le désir de remplacer une farine par une autre, voire d’intégrer des ingrédients plus sains dans ses créations, la chatouillait. Cette envie finit par se concrétiser avec un diplôme en naturopathie, sésame qu’elle travaille sans relâche depuis son obtention. Sorties avec un cueilleur dans les parcs parisiens, voyages dans le département de la Drôme pour en découvrir les richesses naturelles : Jennifer Hart-Smith se « forme compulsivement » sur le terrain. Jusqu’à ne faire qu’un avec le végétal. Ses gâteaux sont des chefs-d’œuvre, aussi beaux pour les yeux que bons pour le corps. Intégralement conçus avec des préparations issues de produits locaux et bio, ils mettent à l’honneur les couleurs de saison dans des jeux de contrastes qui pourraient les faire passer pour des tableaux. On en rêverait pour notre table de fête ! C’est d’ailleurs dans ce contexte que Jennifer Hart-Smith nous reçoit aujourd’hui. Pour The Socialite Family, la chef a donné vie à sa vision easy-going des réceptions de fin d’année. Compotier de Limoges hérité de son arrière-grand-mère, couteaux Opinel, éléments floraux… C’est une plongée dans son univers qu’elle nous propose dans son nouvel appartement.
Jennifer, pouvez-vous vous présenter ?
Je suis franco-australienne. Après des études de design à l’école Boulle et de typographie à San Francisco, j’ai travaillé quelques années en France pour des start-up, dont Deezer. En parallèle, j’ai régulièrement œuvré en restauration en salle et en cuisine. Le déclic s’est fait à la naissance de ma fille. J’avais besoin de retrouver le contact avec la matière ainsi qu’une créativité plus personnelle. J’ai donc passé un CAP de pâtisserie mais dès les premiers jours, je me suis mise à vouloir remplacer une farine par une autre, intégrer des ingrédients plus sains. Après quelques stages formateurs en palaces, boutiques et bistrots, j’ai créé en 2014 Tookies, des petits sablés personnalisés décorés. Très vite, de belles marques m’ont fait confiance et continuent depuis de passer régulièrement des commandes. Je viens également d’être diplômée en naturopathie, discipline que j’ai pris beaucoup de plaisir à étudier ces trois dernières années sur mon temps libre.
Expliquez-nous votre aventure de « pâtisserie consciente », Tookies Gambetta ?
Mon constat est que si la pâtisserie n’a pas vocation à être saine, elle peut au moins ne pas être délétère pour la santé. Elle peut être naturelle, dénuée d’artifices et de produits raffinés. C’est-à-dire que l’on réintègre les sucres et les farines complètes, que l’on mise sur le plaisir, qui fait du bien aux sens, au corps et à la planète avec des ingrédients bio, locaux et de saison.
D’où vous vient cette passion pour les plantes ?
Je pense que ça a toujours été latent. Ma grand-mère a un jardin exceptionnel sur plusieurs hectares à deux heures de Sydney. Dans celui-ci, il n’y a que des « native plants » du bush. Elle me parlait de leurs noms, de leurs propriétés. Plus jeune, je ne l’écoutais qu’à moitié. J’étais plus intéressée par les copains et les copines de l’école. Mais je pense que c’est à ce moment-là que la graine fut plantée. Quand j’ai été enceinte de mon deuxième enfant, Milo, j’ai suivi les sorties d’un cueilleur dans les parcs parisiens, puis d’autres dans la Drôme et je me suis formée de manière compulsive et obsessionnelle sur le terrain. J’avais les guides de François Couplan ainsi que le Delachaux sur ma table de nuit. Je trouvais ça reposant, enivrant. J’avais l’impression qu’on m’avait caché ça toute ma vie. Et dans une ville comme Paris où l’on manque de poumons verts, s’intéresser aux plantes fait un bien fou. Les études de naturopathie m’ont apporté aussi des connaissances en phytothérapie et en aromathérapie. Toujours en lien avec le végétal et le vivant.
Avec des influences françaises et australiennes, comment prépare-t-on les fêtes de fin d’année chez vous ?
Il faut que ce soit easy going à l’australienne pour la préparation. J’adore l’idée que des invités se rajoutent à la dernière minute. Chaque année, nous mélangeons famille et amis. Nous buvons beaucoup de vins naturels. Chacun se bat pour mettre sa chanson préférée. C’est joyeux et foutoir comme une urgence de vie !
Avez-vous des accessoires de déco, de la vaisselle, que vous ressortez systématiquement avec plaisir à ce moment de l’année pour mettre en avant vos créations ?
Un beau compotier de Limoges bleu et or, qui appartenait à mon arrière-grand-mère sur lequel je présente mon dessert. Chaque année, je suis responsable de celui de Noël. J’ai la pression ! Quand mon père est avec nous en France, il me dit toujours en amont : « Try not to make something too healthy for us ! »
Comment faites-vous participer vos enfants aux préparatifs de Noël ? Cuisinent-ils avec vous ?
La décoration du sapin forcément, la préparation du gingerbread et d’autres petits gâteaux. Mais ils sont comme moi, les sablés ils en ont trop vu le reste de l’année !
Quelle est l’histoire de votre appartement ? Comment l’avez-vous meublé ?
Nous avons emménagé il y a peu, 4 mois seulement. Nous habitions vers Gambetta et nous cherchions à tout prix à rester dans le quartier. Nous l’avons trouvé par le bouche-à-oreille. Un couple d’architectes l’avait retapé avec amour mais ils cherchaient à partir vers Bordeaux. Nous avons juste eu à poser les valises. Je trouve qu’il manque encore de notre touche, par exemple quelques grigris de voyages. Mais l’essentiel est déjà là. Le canapé cosy, la grande table du salon… Finalement, nous avons pu mettre les pièces qui nous tenaient à cœur !
Quelles sont vos futures actualités, collaborations ?
Je viens d’acheter un local pour faire mon propre laboratoire dans le XXᵉ arrondissement. Jusqu’alors, j’étais en laboratoire partagé ou dans les cuisines de mon compagnon qui est restaurateur. Et puis sinon, un projet de livre et un autre un peu plus gros de restaurant / potager ou je serai la chef pâtissière !
J’adore l’idée que des invités se rajoutent à la dernière minute. Chacun se bat pour mettre sa chanson préférée. C’est joyeux et foutoir comme une urgence de vie !
Besoin d’inspiration pour donner vie à vos tablées ? Découvrez notre série Nos plus belles tables de fêtes, en collaboration avec Opinel. Premier épisode en famille chez Héloïse Brion, plus connue sous le nom de Miss Maggie’s Kitchen.
Photographies : Valerio Geraci – Texte : Caroline Balvay @thesocialitefamily
En collaboration avec Opinel
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