Necchi Architecture n’en est qu’à ses prémices. Pourtant, force est de constater que le projet de Charlotte Albert et d’Alexis Lamesta...
L’oeil perpétuellement taquin, Gérard Puvis est de ces artistes aux talents multiples qui joue du médium utilisé pour explorer chaque fois une esthétique différente. De l’étain de vieilles capsules de vin, il sculpte des séries de personnages dansants et facétieux. Peintre évidemment, il dessine aussi des objets du quotidien, crée des sculptures de bronze et plus récemment, réinterprète des photographies. Diplômé dans les années 1970 de l’École supérieure des Beaux Arts de Paris, Gérard Puvis poursuit inlassablement ses explorations avec un humour rafraîchissant. Son travail fut récompensé par de nombreuses institutions prestigieuses et exposé en Europe, au Japon ou encore État-Unis. Mais c’est depuis son atelier lyonnais, univers épuré baigné de lumière, qu’il fait raconter à chaque objet une anecdote bien particulière. Voyages, expériences artistiques ou cadeaux d’amis, autant d’histoires qui évoquent le long chemin parcouru. Rencontre avec un artiste curieux et surprenant qui ne semble pas prêt de s’arrêter là.
Le travail de l’inarrêtable Gérard Puvis se dévoile aussi sur son site.
Gérard, pouvez-vous vous présenter ?
Après avoir suivi les Beaux-Arts de Paris et de Lyon, je crée à 21 ans deux agences de graphisme/conception spécialisées pour l’industrie pharmaceutique. Huit ans plus tard, “ras le bol”, je vends ces structures et propose ma candidature au concours de la Casa de Velázquez à Madrid avec des tableaux réalisés 10 années auparavant. Je fais parti des huit artistes sélectionné parmi plus de 1000 prétendants et m’envole pour la capitale ibérique pour deux années où un magnifique atelier est mis à ma disposition. Dans celui-ci, beaucoup de visites de galeristes et de gens liés au domaine de l’art. Je rencontre alors Alain Blondel, galeriste à Paris et Fred Lanzenberg à Bruxelles. Disons que je suis fidèle, je travaille avec la galerie Blondel pendant plus de 25 ans, jusqu’à la fermeture de la galerie en 2014 .
Vous avez une carrière riche en projets différents, quels sont-ils ?
J’ai participé à de nombreuses FIAC ou foires internationales et exposé au Japon, États Unis ou encore Europe. J’ai effectué une fresque mural à Paris, rue de Reuilly. J’ai aussi côtoyé le monde du spectacle et travaillé pour l’opéra de Lyon et le théâtre Pierre de Roubaix. Puis viennent les sculptures “plomb/étain” réalisées à partir de collerettes des bouteilles de “grands crus”.
Comment vous est venue l’idée d’utiliser ces capsules de bouteilles pour en faire des sculptures ?
La première sculpture a été faite lors d’un dîner mondain parisien “à mourir d’ennui” où je fabrique un mini paquebot d’environ 4 cm à partir des reliquats de capsules traînant sur la table, ma voisine (probablement subjuguée) me passe commande d’une œuvre plus conséquente pour le restaurant Ledoyen. L’effet boule de neige a été aussi rapide qu’inattendu.
Vous travaillez régulièrement avec de grands chefs, pouvez vous nous en dire plus ?
Ami de nombreux cuisiniers – Bocuse, Ledoyen, Léon de Lyon, Pierre Orsi – ils me passent commande et me mettent de côté les collerettes des bouteilles de grands crus ouvertes pour leur clients. De nombreux viticulteurs de renom me passent aussi commande de sculptures réalisées avec leur propres collerettes. Je décide avec l’aide d’un ami imprimeur d’éditer sur papier la reproduction de ces sculptures. Il met alors au point une technique adaptée à ce travail. Kelham Vineyards aux États Unis dans la Napa Valley s’intéresse à ces pantins et ouvre un lieu qui m’est dédié où elle revend sculptures et éditions depuis plus de 20 ans. Ces images ont donnée naissance aux États Unis à des produits dérivés comme des plateaux, assiettes, carreaux, serviettes, packaging…et autres balivernes.
Vous commencez une nouvelle exploration avec comme base des photographies, pouvez vous raconter ce projet ?
J’ai commencé récemment un travail de recherche sur des portraits travaillés au crayon (mine de plomb). Ce sont des autoportraits dessinés à partir de photos qui ont été froissées, maltraitées, passée sous l’eau afin d’en faire surgir la personnalité et l’intériorité de la personne choisie.
Depuis combien de temps êtes-vous installé ici ?
Cet atelier est opérationnel depuis 5, 6 ans environ. Le mobilier a été déniché dans des brocantes, ventes aux enchères et marchés aux puces. À Bruxelles, Lyon où ailleurs.
Quels sont les objets ou oeuvres que vous préférez ici ?
Tous les objets ont été achetés par coup de cœur “éphémère”. Ils ont une histoire mais je peux m’en dessaisir et les remplacer sans aucun états d’âme. Seuls les tableaux ont une grande importance, j’y suis attaché et y découvre quotidiennement une possibilité d’évasion. Mes préférés d’aujourd’hui : Jean Raine du groupe Cobra, Armand Avril, Antonio Seguí, Bram Van Veld…
Qu’est-ce qui vous inspire ?
Le Bauhaus, l’art primitif Flamand, Bacon, Ensor, Morales, Balthus ou encore Goya me procurent évasion et admiration. Le Corbusier, Andrée Putman, Rudy Ricciotti et quelques autres m’entrainent dans la ville future et…idéale (?)
Vous avez une longue carrière d’artiste, quels conseils donneriez-vous aux jeunes générations d’entrepreneurs et de créateurs pour ne jamais cesser de s’émerveiller et de se surprendre ?
Je leur dirais de montrer ce qu’ils font sans hésitations, de ne pas avoir peur des critiques, de les lire et parfois, de les écouter. Ne pas se plier aux modes, être sincère dans sa démarche et ne pas vouloir surprendre à tout prix.
Ne pas se plier aux modes, être sincère dans sa démarche et ne pas vouloir surprendre à tout prix.
Crédits : Eve Campestrini @thesocialitefamily
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