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Partir à la recherche de notre cabane intérieure, c’est ce que propose Alexandra Loewe à travers son exposition si justement nommée « Refuge de la pensée ». Débutée ce samedi 23 avril, l’introspection continuera jusqu’au 21 mai à la galerie Pierre-Alain Challier (8 rue Debelleyme dans le 3ème arrondissement de Paris) ponctuée par des performances les samedis 7 et 14 mai. L’occasion rêvée pour s’offrir un voyage interprétatif au tréfonds de soi. En attendant, c’est l’artiste qui se prête au jeu de la découverte en nous recevant dans son atelier où elle vit désormais. Une véritable ode aux matériaux organiques qu’ils soient bois, raphia, ou végétal. Des éléments nobles, souvent bruts, qui viennent agrémenter des tableaux regorgeant de couleurs et de jeux graphiques, autel de son inspiration. S’apparentant à une sorte melting-pot ‘’néo-barocco-minimal” (comme elle le nomme elle-même), celle-ci semble être le fruit de ses multiples expériences. Tantôt directrice de création dans une agence de communication visuelle à Chicago, tantôt organisatrice d’exposition à New York, Alexandra à de la ressource et ça se sent. Multitâche, à la recherche de l’action permanente, son appartement-atelier et à son image : dynamique, ouvert au partage et la création.
Alexandra, quel est le sens de ton exposition, refuge de la pensée ?
“Refuge de la Pensée” est une allégorie de notre toute petite cabane intérieure. Là où réside les histoires inventées du temps de notre enfance, et de l’espace de notre voix intérieure avec laquelle nous entrons en communication permanente. Notre corps, notre premier habitat. L’exposition se construit autour d’une série d’oeuvres ouvrant le champ de l’incarnation de la pensée. Pour l’occasion, sont invités : des portraits de philosophes, une bibliothèque personnifiée, des arbres en évocation au papier qu’ils permettent aux hommes de produire, des livres en tissu, des pages d’écriture libres d’interprétation, des espaces scéniques abstraits… Même si le titre des oeuvres donnent des indications, le travail reste ouvert aux interprétations. Et comme aimait à dire Marcel Duchamp “C’est le regardeur qui fait le tableau”. Libre au regardeur d’y greffer sa pensée propre et de possiblement y trouver refuge.
Que présentes-tu ?
Des dessins sur papier et textile, des céramiques, des installations…
Quel est ton parcours artistique ?
Depuis l’enfance, initiée par ma mère au geste artistique, elle-même artiste, j’ai toujours su que l’expression artistique était ma voie. Après avoir fait Met de Penninghen, j’ai été directrice de création dans une agence de communication visuelle à Chicago. En parallèle, j’ai mené une vie artistique active en participant à des expositions et en co-organisant avec un groupe d’artistes des événements à Chicago et New York. A mon retour en France il y a un peu plus de dix ans, je me suis essentiellement consacrée à ma pratique artistique et j’ai eu la chance que les expositions se soient naturellement enchainées. En ce moment j’inaugure la nouvelle résidence de La Source au Musée Rodin à Meudon. Il s’agit d’une association qui a été créé par le peintre Gérard Garouste il y a vingt pour soutenir des enfants en difficulté. Les artistes sont invités à réaliser une oeuvre avec un groupe d’enfants. Ici le contexte muséal est privilège, sans compter que nous sommes sur les terres de la villa du maître.
Tu travailles et prépares tes expos de chez toi, racontes nous ta journée type ?
La journée type se veut atypique. Elle ressemble au processus créatif, à savoir sans règle, ce qui n’empêche pas la rigueur. L’atelier faisant parti de mon espace de vie, il n’y a donc ni horaire, ni frontière. Je peux aussi bien travailler jusqu’au coeur de la nuit pour finir une série de dessins, que donner forme à la terre un week-end entier. Les journées, toujours très actives, se construisent en fonction des besoins immédiats.
Chez toi où passes-tu le plus de temps ?
In fine, probablement la cuisine. Elle réunit toutes les pièces, elle est avant tout lieu de passage. Elle fait aussi bien office d’entrée, de couloir, de salle à manger, de salon, de deuxième atelier, sans oublier son rôle principal. Avec sa grande table d’hôte, j’ai la possibilité de la transformer en bureau, table de réunion, table d’atelier, et bien sûr table accueillant les repas du quotidien. Et puis il y a ma grande bibliothèque réunissant mes livres d’art, d’architecture, de photographie, de danse, de design, d’histoires pour enfants… Espace temps de perdition visuelle et de la pensée. Aussi, je peux cuisiner tout en continuant de travailler. Je suis plutôt multitâche et j’aime à vivre l’action en permanence dans une dynamique de produire pour partager.
Dans ton travail quelle serait ta matière de prédilection ?
Difficile de faire un choix tant tout est lié. J’affectionne le contact avec le papier, la magie de la troisième dimension avec la terre, la captation du vivant avec la vidéo, le témoignage de l’éphémère dans les performances…
Quelle personnalité t’inspire ?
Les entités engagées aussi bien sur le plan plastique, des idées que dans l’action.
J’affectionne le contact avec le papier, la magie de la troisième dimension avec la terre, la captation du vivant avec la vidéo, le témoignage de l’éphémère dans les performances...
La pièce ou l’œuvre qui te ressemble le plus ?
“L’antropologue” est un autoportrait métaphorique de mes mains réalisé pour 50:52, un livre réunissant 50 artistes. C’est une sculpture réalisée en céramique et fil de fer faisant deux fois et demi la taille réelle de mes mains. Elles sont ouvertes vers le ciel pour donner et recevoir. Nos mains sont notre premier outil. Même si je réalise parfois des pièces plus conceptuelles, ce sont les actions de mes mains qui permettent la matérialisation de mes pensées.
En termes de déco, comment définirais tu ton style ?
Il va me falloir en inventer un… Disons “Néo-barocco-minimal”.
Toi qui sort beaucoup au théâtre, quelle pièce tu nous recommanderais à Paris ou ailleurs ?
En ce moment “Phèdre(s)” ré-inventée par trois auteurs sous l’ochestration de Krzysztof Warlikowski est donné à voir au Théâtre de l’Odéon. Ce metteur en scène a le talent de bouger les frontières de l’espace scénique et de ne pas faire “jouer” ses comédiens, ils sont véritablement leur personnage. Warlikowski met souvent le spectateur dans une position inconfortable, et c’est ce que je recherche au théâtre. Et il ne faut surtout pas oublier la série de trois mises en scène de Tiago Rodrigues au théâtre de la Bastille : “Bovary”, “Ce soir ne se répètra jamais”, et “Je t’ai vu pour la première fois au Théâtre de la Bastille”. Rodrigues, amoureux des mots, a le don de porter la réflexion d’un texte dans des formulations nouvelles tout usant de moyens très simples et efficaces.
Et un restaurant ?
J’ai été conquise il y a peu par Abri. Katsuaki Okiyama a fait ses classes chez les grands et dévoile toute la subtilité de la culture gastronomique française avec un accent typiquement nipon. Le lieu a le mérite d’être simple pour laisser place à l’essentiel, l’assiette. Et puis il y a “Neige d’été” pour les célébrations symboliques type anniversaire ou moment en amoureux. Hideki Nishi, humble et discret, compose des tableaux gustatifs parfaitement équilibrés. De la haute joaillerie culinaire.
Abri, 92 Rue du Faubourg Poissonnière, 75010 Paris
Neige d’été 12, rue de l’Amiral Roussin, 75015 Paris
Alexandra Loewe expose “Refuge de la pensée” du 23 avril au 21 mai à la Galerie Pierre-Alain Challier.
Crédits : Constance Gennari – constance@thesocialitefamily.com
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