Clémence Dru et Antoine de Tavernost, Noa...
La famille, c’est le soleil de Clémence Dru. Celui autour duquel elle tourne, personnellement mais aussi professionnellement....
chez
Sylvie de Chirée et Philippe Rapin aiment à raconter que leur intérieur s’apparente à un petit théâtre dont les objets seraient les acteurs. Mais ce que ces deux curieux nés oublient de préciser, c’est leurs rôles (principaux) de metteurs en scène. Et pas n’importe lesquels ! Figure incontournable des magazines ELLE et ELLE Décoration pour lesquels elle aura été successivement rédactrice en chef et directrice de la rédaction, la Parisienne d’adoption est une référence incontournable du milieu du journalisme. Une profession dont elle s’est désormais affranchie pour accompagner toujours plus Maison Rapin – le label réunissant les trois casquettes d’antiquaire-galeriste-designer de son conjoint et de son fils Virgile Dumont – dont les réalisations ponctuent leur décoration. Autant de créativité sous le même toit, en l’occurrence celui d’un immeuble à la vue imprenable sur la tour Eiffel, ne pouvait être qu’explosive ! Dès l’entrée, le scénario imaginé par les deux joyeux réalisateurs s’esquisse. Dans un décor néoclassique conservé à l’identique, le petit salon et ses illustrations mordorées donnent le ton. Celui des curiosités qui jalonneront notre visite. Puis, très vite, se laisse deviner la salle à manger. Son impressionnant canapé Safari en velours panthère créé par le collectif italien Archizoom, pièce maîtresse de l’appartement, ses colonnes ornementales réalisées – comme la quasi-intégralité des lieux – en 1950 par l’illustre Maison Jansen… Un héritage précieux que l’on retrouvera plus loin, figé dans la mosaïque en marbre noir et blanc de la salle de bains. Ici, seuls les murs restent inchangés. Comme préservés du ballet incessant des trésors dénichés aux quatre coins du monde par leurs propriétaires. Passionnés par les rencontres incongrues entre styles, époques et techniques, Sylvie de Chirée et Philippe Rapin ne reculent devant aucune excentricité. En ce sens, leur espace est un véritable laboratoire où, semblables à des savants fous (créatifs), ils explorent, assemblent, déplacent voire personnalisent certaines de leurs acquisitions… Un rythme réjouissant où la folie du baroque côtoie l’éclectisme d’un cabinet de curiosités et la richesse d’une bibliothèque d’exception que l’on ne souhaite plus quitter.
Sylvie, pouvez-vous vous présenter ?
Du plus loin que je remonte, j’ai toujours aimé les maisons. C’est une caractéristique, non ? Je suis née en Ardèche, j’ai grandi en Provence, à la campagne dans des lieux reculés. J’ai toujours eu des bandes d’amies, depuis la pension jusqu’à aujourd’hui. J’ai retrouvé dans l’univers des magazines cette complicité. Le monde des femmes m’a toujours fascinée, même si je trouvais beaucoup plus d’avantages à la vie des garçons. Mais ça, c’était avant, avant de découvrir le journal ELLE !
Quel a été votre parcours dans la presse ?
Je suis arrivée à ELLE en tant que stagiaire en mai 1981 et n’en suis jamais vraiment repartie… malgré mes collaborations dans différents titres de presse. J’ai été nommée rédactrice en chef en 2000 et 7 ans plus tard, j’ai réalisé un vœu, prendre la direction de la rédaction d’ELLE Décoration. Bref, je peux dire que la « maison ELLE » a toujours été mon port d’attache. J’y ai rencontré mes meilleures amies.
Est-ce que le journalisme vous manque aujourd’hui ?
Non, car je n’ai pas encore l’impression d’avoir arrêté !
Quel a été le plus bel appartement que vous ayez vu, celui qui vous a le plus marquée ?
J’en ai beaucoup vu, et de très beaux. Mais aucun appartement ne se mesure à une maison. Celle qui m’a le plus marquée raconte la vie d’un collectionneur fou d’histoire italienne.
Comment avez-vous décoré votre intérieur ? Avec Philippe, comment arrivez-vous à mélanger vos styles et vos passions ?
Philippe est un galeriste qui a gardé de ses années d’antiquaire la fièvre acheteuse. Pas un jour sans trésor ! Entre ses mains, les époques et les styles fusionnent naturellement. C’est dingue de voir le registre de ses goûts. Contemporain, XVIIᵉ, XVIIIᵉ, XIXᵉ mais surtout XXᵉ ! Pour moi qui aime les mélanges, l’appartement est un vrai terrain de jeu. Un petit théâtre où les objets entrent en scène. Avec eux, on se raconte des histoires. De toute façon, quand les objets sont beaux, il est rare qu’ils n’aillent pas ensemble.
Passez-vous beaucoup de temps dans le canapé léopard Archizoom ?
C’est le lieu idéal pour prendre un verre… et on en prend souvent !
Pouvez-vous nous parler de cette pièce maîtresse de l’appartement ?
On l’appelle l’Archizoom, mais son nom est en fait Safari et c’est une création de l’Archizoom Associati. Il s’agit de l’association de quatre architectes (Andrea Branzi, Gilberto Corretti, Paolo Deganello, Massimo Morozzi) en 1966 à Florence. Ce collectif incroyablement novateur a créé cette pièce en 1968.
Quelles sont les époques qui vous touchent ?
Notre « camp de base », c’est le XXᵉ siècle. Du style Liberty aux années 1970, en passant par l’œuvre phénoménale de Gio Ponti.
Comment participez-vous aux choix de Maison Rapin, la galerie de Philippe ?
Je me contente d’accompagner les choix et d’aider aux mises en scène pour la galerie et les différentes foires. Philippe est entouré de deux jeunes associés : Alice Kargar et mon fils Virgile Dumont. Ils forment ensemble un incroyable trio. Durant son prochain rendez-vous, la foire de la Brafa à Bruxelles (26 janvier–2 février 2020), Maison Rapin présentera de très intéressantes pièces design et de mobiliers des années 1960-1970, ainsi que de l’art cinétique (une autre passion de Philippe).
Quel serait le style des choix de Maison Rapin – s’il fallait le décrire ?
L’éclectisme d’un cabinet de curiosités et le baroque du XXᵉ.
En ce moment, quelle est votre obsession décorative à tous les deux ?
Nous sommes en plein XIXᵉ excentrique, les atmosphères idéalisées du Moyen Âge et de la Renaissance comme le style Troubadour, mais aussi celles inspirées des colonies anglaises : le style Brighton (vers 1830) ou encore l’univers des peintres préraphaélites. Mais tout cela dans un mix and match bien d’aujourd’hui. Nous avons la chance de pouvoir raconter nos histoires décoratives dans différents lieux. Alors, nous nous amusons !
Un personnage emblématique pour vous dans la décoration ?
Sans hésiter, Gio Ponti ! Cet architecte-designer-peintre-auteur d’origine italienne a réalisé un nombre considérable d’architectures, de mobiliers et d’objets. Fondateur de la revue Domus en 1928, il est le protagoniste du renouveau du design italien d’après-guerre. Le maestro a révolutionné le vocabulaire des formes.
Et une époque ?
L’après-guerre 1945-1965 : pendant ces vingt années, on passe de l’ameublement au design !
La pièce de vos rêves les plus fous à chacun ?
Le portrait de Sophie Gray par John Everett Millais, peintre de la confrérie préraphaélite.
Le fauteuil Zoomorphe de Carlo Mollino.
Une adresse à recommander à Paris ou ailleurs ?
Le restaurant Da Fabio à Bologne pour son risotto aux truffes.
Photographies : Constance Gennari – Texte : Caroline Balvay @thesocialitefamily
PS le tapis du salon est-il de da Silva Bruhns ? Si oui, veinards !
La vache , comme ça déchire . Fait oser des pièces aussi forte . Mention TB pour la salle de bains , on se croirait chez Proust , mais Proust gothique !!!!
L’intérieur de Sylvie de Chirée et Philippe Rapin est le plus merveilleux de vos reportages. Chacun des objets et leur assemblage forment un tout d’une harmonie absolue. Pas une faute de goût (même si – on le sait – “a chacun son sale goût”