Amélie Gillier, Manon Milla 18, Andrea 9 et...
Amélie Gillier c’est cette idée que l’on se fait de la parisienne. Une femme libre, bien loin de toutes conventions. En style – sa...
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Dans le quartier en pleine mutation du Xᵉ arrondissement parisien que nous aimons tant, la boutique Datcha se remarque facilement. Installés depuis le mois de juillet rue de Paradis –anciennement dédiée à la porcelaine et au cristal français –, Mériadek Caraës et son associée Amandine Furhmann souhaitaient à leur tour s’inscrire dans l’histoire de l’artisanat. Celui qu’ils défendent corps et âme depuis trois années déjà à travers leurs deux collections annuelles. Car Datcha, avant d’être un lieu où se pressent les amoureux de décoration, est un studio de création d’objets pour la maison. Forts d’une histoire commune dans l’art et d’un amour sans mesure pour le savoir-faire, les deux acolytes mettent toute leur énergie à imaginer des pièces d’une qualité sans pareille. Partant le plus souvent d’une destination ou d’une gamme colorée, leur esprit s’en va à la recherche de souvenirs tant visuels que sensoriels. Un coup de cœur déniché en brocante, la découverte d’une technique tombée en désuétude peuvent ainsi être le point de départ d’une véritable chasse aux trésors pouvant parfois aboutir à des collaborations toujours plus surprenantes. Dans leur quête effrénée qui les mène de souks en villages, Mériadek et Amandine s’aperçoivent que certains ateliers familiaux subsistent encore. Envers et contre tout. Des histoires d’hommes et de femmes qui les touchent et pour lesquelles ils se battent, participant ainsi à la sauvegarde d’un secteur précieux, mais en déclin. Pour mieux saisir l’importance de cette mise en lumière, Mériadek nous reçoit dans sa datcha à lui. Aménagé dans une ancienne boulangerie située à Montrouge, l’espace se révèle être un miroir de la personnalité de son hôte et de son compagnon, Olivier. Une association sensible de deux univers qui se côtoient sans jamais se nuire. Des livres par centaines. Et des détails. Au détour d’un bureau, brodés en couvre-lit, peints à la main dans le creux d’une assiette. Beaucoup de détails.
Notre appartement a été aménagé dans une ancienne boulangerie. La pièce que nous occupons le plus est tout en longueur car elle correspond à l’espace où était situé le fournil.
Mériadek, qui êtes-vous ? Racontez-nous votre histoire.
J’ai 36 ans, j’ai grandi à Nantes et j’ai un master d’histoire de l’art contemporain. Mon père est historien, ma mère est artiste et pratique la tapisserie. Cela a indéniablement façonné mes goûts et ma culture. J’ai travaillé pendant longtemps dans une des plus grandes galeries d’art de Paris. C’est là que j’ai rencontré Amandine Furhmann avec qui j’ai travaillé pendant une dizaine d’années avant de créer notre projet commun : Datcha.
Parlez-nous de Datcha, votre boutique. Quel est votre concept ?
Créé en 2016 avec Amandine, Datcha est un studio de création d’objets de décoration pour la maison. Nous imaginons dans nos bureaux parisiens deux collections par an. En parallèle, nous partons à travers le monde à la recherche d’artisans aux savoir-faire atypiques afin de réaliser nos créations à la main. Nous sommes passionnés d’artisanat et ne nous lassons jamais de regarder un objet être façonné comme cela. Datcha a été créé afin de proposer des pièces uniques et de qualité ainsi qu’une nouvelle manière éthique et durable de consommer. Nous travaillons avec plus d’une vingtaine d’artisans et de coopératives (situés en France, en Espagne, au Maroc, en Inde) et participons de cette manière à la sauvegarde de savoir-faire et au maintien d’emplois dans un secteur en déclin.
Pourquoi ce nom ?
En russe, la datcha est une résidence secondaire située à la campagne. Ce nom évoque pour nous à la fois l’univers de la maison, mais aussi celui du voyage, d’un ailleurs, et un côté authentique. Toutes les choses qui font l’essence de notre marque.
Comment imaginez-vous les thèmes de vos collections ? Quels sont vos points de départ ?
Nous imaginons souvent une collection en commençant par la céramique – que nous avons d’ailleurs tous les deux pratiquée. Nous avons en tête, au départ, une destination et une gamme colorée. Parfois, cela part d’un coup de cœur, d’une découverte. Il nous est par exemple arrivé d’acheter en brocante des pièces de vaisselle vintage, de faire des recherches et de constater que l’atelier familial existait encore. Ce qui nous a conduits à entamer une collaboration sur de nouveaux modèles. Nous pouvons également décider de retravailler une technique tombée en désuétude. C’était le cas pour le spongeware (une façon d’appliquer l’émail à l’éponge sur la céramique, très en vogue au XVIIIᵉ siècle en Angleterre).
Où trouvez-vous les artisans avec lesquels vous collaborez ?
Que l’on voyage dans un cadre professionnel ou lors de nos vacances respectives, nous gardons toujours un œil ouvert et curieux à la recherche de productions locales, de petits ateliers, d’une technique ou d’une matière particulière. Pour chaque collection, nous cherchons de nouveaux artisans et utilisons de nouveaux matériaux. Nous aimons faire découvrir à nos clients des pratiques atypiques et des productions surprenantes. C’est un gros travail de prospection. Il faut souvent aller dans des villages ou se perdre dans les souks afin de trouver la perle rare capable de travailler selon nos envies.
Nous sommes ici chez vous, à Montrouge. De quelle manière s’articule votre intérieur ?
Notre appartement a été aménagé dans une ancienne boulangerie. La pièce que nous occupons le plus est tout en longueur car elle correspond à l’espace où était situé le fournil. Olivier, qui est un véritable cordon-bleu, passe beaucoup de temps dans la cuisine, c’est pourquoi nous l’avons laissée ouverte sur le salon. Il a également une pièce à lui, un peu à l’écart, où il compose et enregistre de la musique. J’aime passer du temps dans la chambre où je me suis installé un petit bureau. Au grenier, je stocke beaucoup d’objets chinés et rapportés de mes voyages. Notre chatte Chloé, selon les heures de la journée, passe de fauteuil en fauteuil.
La décoration, votre affaire à tous les deux ? Qui a fait quoi ?
Olivier a supervisé la rénovation de l’appartement. Je me suis occupé de l’ameublement et de la décoration. Aux murs, j’ai accroché des œuvres acquises lorsque je travaillais en galerie. C’est également moi qui m’occupe du jardinage, nous avons la chance d’avoir une terrasse bien verte.
Qu’est-ce qui vous a inspiré pour sa réalisation ?
J’aime les intérieurs chargés, baroques et foisonnants. Je suis fasciné par la datcha russe d’Yves Saint Laurent en Normandie et par la demeure de Virginia Woolf à Charleston. Olivier quant à lui aime les univers épurés. Ce sont donc deux opposés qui s’affrontent… Il a fallu trouver un compromis en faisant un écrin blanc et en bois naturel, avec des motifs et des touches colorées. Il y a quelques objets qui viennent du Maroc, dont est originaire Olivier. D’autres qui proviennent de chez mes parents et grands-parents. Énormément de livres, partout, dans toutes les pièces de la maison. J’ai bien sûr, çà et là, quelques pièces fortes signées Datcha. J’aime le mélange. Notre intérieur n’est pas figé, je change régulièrement la décoration au gré des envies et des trouvailles.
Un objet dont vous êtes particulièrement fier ?
Le vase Mercure en verre soufflé effet miroir que nous avons conçu avec Amandine. Il est réalisé par un jeune maître verrier français. J’aime son aspect design et contemporain alors qu’il s’agit d’une technique ancestrale. Une fois formé à la bouche, il est mis à ramollir à une forte température, ce qui le fait s’affaisser et lui donne cet effet cabossé. J’aime regarder les reflets déformés sur sa surface.
Quelles sont vos actualités pour ce début d’année ?
Nous souhaitons développer encore davantage le Made in France dans nos collections. Nous prévoyons donc des visites dans d’anciennes manufactures de céramique et des cristalleries françaises. Nous avons également des projets en cours avec des restaurants et des collaborations avec d’autres marques. Et nous faisons régulièrement des événements et des ventes spéciales à la boutique rue de Paradis.
Photographies : Valerio Geraci – Texte : Caroline Balvay @thesocialitefamily
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