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« Construire en partant de rien et de partout. » C’est la très belle philosophie de vie transmise par Charlotte Huguet et Emiliano Schmidt-Fiori à leurs deux garçons. Si Leonardo et Solal étaient, au moment de leur emménagement à Barbizon, beaucoup plus petits et qu’ils n’en gardent pas un grand souvenir, l’évolution permanente de leur maison, elle, devrait laisser dans leur esprit une empreinte indélébile. Celle d’un père ébéniste façonnant pour sa famille un projet de vie sur mesure. Une sculpture boisée aux essences rares, évoluant selon sa perception de l’espace. Acquise en ruine en 2013, la bâtisse ne cesse de se perfectionner. Après l’avoir désossée à leur arrivée, les nouveaux propriétaires l’ont – au fur et à mesure – entièrement remodelée en reconstruisant l’intégralité de son intérieur avant d’accueillir l’extension. La leur ! Pas celle des anciens habitants, cassée, au début des travaux, elle aussi. Une période intense, aujourd’hui terminée, qui les amène désormais aux finitions. Rien ne sera jamais fini. Ou peut-être ! Charlotte et Emiliano évoluent à leur rythme, appréhendent le temps comme une matière qui peut s’étirer à l’infini. Quitter la frénésie citadine leur a permis de réapprendre à s’émerveiller en observant les choses vraiment importantes. La nature environnante, généreuse et paisible, dans laquelle les enfants s’amusent et développent leur imagination. Mais aussi l’« être ensemble » et l’artisanat. Une simplicité qui a toujours séduit Charlotte, journaliste spécialisée dans l’art de vivre et la décoration mais aussi styliste et directrice artistique indépendante, qui a à cœur de s’entourer d’objets qui font du sens. Pour elle, pour les siens. Pour la planète ! Une démarche de déconsommation qui, chez eux, se ressent pleinement et apaise le regard… Tout en nous inspirant inconditionnellement.
Charlotte, Emiliano : pouvez-vous vous présenter ?
Je suis une journaliste spécialisée dans l’art de vivre et la décoration pour le magazine féminin Elle, ainsi que styliste et directrice artistique indépendante pour diverses marques et campagnes publicitaires. Emiliano Schmidt-Fiori, mon mari, est ébéniste d’art sous le nom de Sycomore Tree et fondateur d’Hibou House, société spécialisée dans la conception de Tiny Houses en bois.
Pourquoi avoir troqué votre vie parisienne pour le village de Barbizon il y a 7 ans maintenant ?
C’est la naissance de nos deux fils qui nous a donné l’impulsion et l’envie de quitter Paris pour la campagne. Nous avons au départ cherché entre les forêts de Rambouillet et de Fontainebleau. Emiliano avait très envie de vivre au vert et d’y monter son atelier, moi j’avais besoin de ne pas être trop loin de Paris pour mon métier. Très vite, nous sommes tombés sur cette maison à Barbizon. Le village nous plaisait, la forêt autour était incroyable, il y avait de nombreux commerces. C’était parfait. Elle était en ruine et nous permettait de tout refaire à notre envie. Nous avons mis du temps à désosser puis à reconstruire la partie existante et, à la suite, nous avons monté une extension en pierre et bois.
Que pensent Leonardo et Solal, vos deux enfants, de ce changement de vie ?
Ils avaient 3 et 5 ans quand nous avons déménagé. Ils ne se souviennent pas vraiment de la vie en ville et adorent vivre ici ! Ils peuvent déambuler dans le village avec leurs amis sans aucun danger. Nous passons nos week-ends en forêt : ils fabriquent des cabanes, jouent avec tout ce qui leur tombe sous la main, nous y restons souvent pique-niquer. C’est très réconfortant, ce temps latent, qui semble s’étirer à l’infini. Ça nous permet de consommer moins, aussi, contrairement à Paris où il fallait trouver des activités pour les occuper. Ici, ils ont un espace de jeu illimité, tout est plus simple et plus doux.
Comment avez-vous fait l’acquisition de ce lieu ? De quand date la maison ?
Nous avons acheté notre maison en 2013. Au départ, nous ne trouvions rien qui nous ressemble. C’était souvent cher et pas tout à fait à notre goût. Quand nous sommes tombés sur elle, elle était en ruine, elle nous a touchés. Nous avons vu son potentiel malgré les travaux. Elle a été longue à restaurer mais ça valait vraiment la peine ! Nous y sommes vraiment bien tous les quatre. Le confinement nous l’a confirmé. C’était comme un rempart face à l’adversité.
C’est Emiliano qui a entièrement remodelé cette maison. Comment s’y est-il pris ?
La maison était en ruine. C’est Emiliano qui a fait tous les travaux. Au départ, nous avons restauré la partie existante qui représente la salle à manger, la cuisine, l’entrée et notre chambre ainsi que sa salle de bains. Nous l’avons désossée, nous avons déplacé des murs, refait le sol et le plafond. Nous l’avons complètement remodelée. Nous avons vécu là pendant un moment. Ensuite, nous avons monté une extension en bois, qu’Emiliano a dessinée, conçue et fabriquée. Ça a été une période très intense, mais qui nous a soudés et qui a permis à nos enfants de se rendre compte que l’on peut construire en partant de rien et de partout. Ce qui finalement est très rassurant ! Nous n’avons pas encore tout terminé mais nous en sommes enfin aux finitions. C’est beaucoup plus agréable pour Emiliano.
Quelles étaient vos envies à tous les deux en termes d’architecture, de style et d’ambiance ?
Emiliano est ébéniste, nous aimons tous les deux le bois. Je suis très en accord avec ses envies et ses goûts. Je me suis complètement laissée porter par son instinct. En restaurant petit à petit la maison, il a pu la façonner comme un sculpteur, vivre l’espace et le définir de l’intérieur. Nous ne nous sommes attachés à aucun style a priori. De temps en temps, je lui soumettais des idées.
Pour cela, quelles essences de bois avez-vous choisi de travailler ? En avez-vous une favorite ?
Pour la maison, Emiliano a utilisé de nombreuses chutes de bois à partir de ses projets professionnels. Il y en a donc de toutes sortes. Il travaille les bois rares : le peuplier, le noyer, l’orme, le sycomore. Il y a chez nous un mélange de tout.
Et pour le reste de la décoration, Charlotte, de quoi avez-vous choisi de vous entourer ?
J’aime m’entourer d’objets qui font sens pour moi. Je suis très friande d’artisanat. J’ai de la vaisselle de mon amie Marion Graux et de mes amis d’Astier de Villatte. J’aime les objets qui ont une âme, incarnés. La valeur financière n’est pas importante, ce qui compte c’est la valeur sentimentale. Je garde par exemple la vaisselle cassée. Ces morceaux prennent une nouvelle saveur.
De manière générale, quelle philosophie guide votre projet de vie ?
En déménageant à la campagne, la notion de temps a réellement changé. Nous avons appris à prendre notre temps. À nous laisser porter, à nous arrêter et à regarder le monde autrement, à nous émerveiller aussi de détails comme le bruissement des feuilles, un souffle. Ça paraît léger mais je ne m’en étais jamais rendu compte dans la frénésie citadine qui nous animait avant. Nous nous sommes créé des rituels. Faire un feu dans le poêle à bois, tourner le compost. Nous avons donné un nouveau sens au monde. C’est comme une métamorphose.
Vous œuvrez tous les deux dans des domaines liés au beau. Avez-vous changé votre façon de consommer la décoration ?
Nous sommes dans une réelle démarche de déconsommation. Plus le temps passe et plus j’ai envie de moins, d’avoir le regard apaisé dans l’espace, que les objets ne prennent pas trop de place. Nous n’achetons presque plus d’objets. Nous n’en avons plus besoin.
Charlotte, quels sont vos derniers coups de cœur – découvertes – dans ces deux domaines et plus globalement l’art de vivre ?
J’aime beaucoup l’artisanat. J’ai découvert le travail de la céramiste Manon Clouzeau par une amie japonaise.
Où vous retrouverons-nous dans les prochains mois tous les deux ?
Emi developpe son travail autour des maisons en bois et ses meubles vont être exposés dans une galerie à la rentrée. Pour ma part, j’ai très envie de me remettre à créer. Le confinement a été un bon sas de réflexion !
Photographies : Valerio Geraci – Texte : Caroline Balvay @thesocialitefamily
Très beau !
Est ce possible d’avoir les références du carrelage de la cuisine et de la salle de bain?
Merci
Très beau, très inspirant ! J’aimerais connaître l’essence du bois qui est en panneau du sol au plafond dans le salon (?) ou sur la photo où les deux enfants sont assis sur des canapés et leurs parents se tiennent debout derrière ? est-ce possible s’il vous plaît ?
un grand merci par avance xx
Emma