Familles
Une maison lilloise moderne où l'on retrouve le romantisme et l'optimisme chers à la fondatrice de Balzac
Chez
Chrysoline et Victorien de Gastines, Garance, 11 ans, Colombe, 9 ans, Lazare, 4 ans, et Georges, 1 an
Tout commence ici ! « Une histoire de famille. ». Ce sont les premiers mots de Chrysoline de Gastines, à propos de sa marque de vêtements féminins devenue un succès incontournable depuis sa création. Il y a plus de dix ans, Chrysoline et Victorien de Gastines, avec leur ami et beau-frère Charles Fourmaux, se lançaient ainsi dans l’aventure d’une mode féminine responsable. Depuis, d’autres enfants sont nés et un déménagement, qui titillait déjà le couple lors de notre dernière rencontre, s’est concrétisé : Chrysoline, Victorien et leur tribu sont revenus aux origines, à Lille. Dans cette grande maison moderne, on retrouve les codes chers à la cofondatrice de Balzac Paris, un poil romantiques, très clairs, nets, toujours joyeux. Avec peut-être plus d’aplomb qu’il y a quelques années. Ici, les murs sont blancs mais les meubles, les objets et les œuvres vibrent de couleur et d’énergie. Exactement comme la vie de cette famille nombreuse. Visite guidée.
Lieu
Lille
texte
Elsa Cau
Photographies et Vidéos
Jeanne Perrotte
Assiette signée Agathe Prouvost et bougeoirs La Romaine Éditions.
TSF
Qui êtes-vous, Chrysoline ?
Chrysoline
Je suis Lilloise d'origine. Je travaille à Paris. J'ai créé une marque de vêtements pour femmes qui s'appelle Balzac Paris, avec Charles et Victorien, mes deux associés. Victorien, c'est mon mari et Charles, c'est mon beau-frère, il a épousé ma sœur. C'est une histoire de famille. Déjà, moi, j'ai quatre enfants : Garance, Colombe, Lazare et Georges.
TSF
Quel est votre parcours ?
Chrysoline
J'ai fait un master en communication à Lille et passé six mois au Mexique, en Erasmus. Quand je suis rentrée en France, j'ai travaillé six mois comme journaliste à Version Femina, à la rubrique beauté. Puis on m'a expliqué quand même que c'était un secteur assez bouché, où c’était compliqué de trouver du travail. Mais j'adorais écrire. Donc, j'ai geeké ; c'était le début du community management. Nous étions vraiment dans les toutes premières années de ce métier un peu inconnu au bataillon, mais qui me semblait intéressant parce que justement, on pouvait écrire et, en même temps, faire éclore les marques sur les réseaux sociaux. Donc, j'ai candidaté en spontané auprès de marques qui me plaisaient et dans des bureaux de presse, des médias. J'ai finalement été engagée par Marie-Claire Maison pendant trois ans et demi, environ. J'ai orchestré la mise en lumière des supports sur les réseaux sociaux – à l'époque, essentiellement Facebook. En parallèle, avec Charles et Victorien, nous avons créé Balzac en 2011. C’était au cours d’une soirée, on regardait ensemble une émission de télé présentant une jeune femme qui faisait des nœuds papillons. Elle habitait dans une chambre de bonne à Paris, au faîte d'une ribambelle d'escaliers en colimaçon. Je ne sais pas si je l'ai rêvé ou si c'était vraiment le cas, mais il me semble qu'il y avait beaucoup de gens dans son escalier, qui attendaient pour se faire confectionner des nœuds pap. On s'est dit : « Tiens, est-ce qu'on ne ferait pas nous aussi des nœuds papillons ? » L'offre était quand même hyperdésuète, avec le pré-noué en satin noir. Et finalement, le nœud papillon un peu sympa et sur mesure n'existait pas. On a lancé le concept à côté de nos jobs respectifs. Tous les trois, on a nos domaines d'expertise qui sont assez précis : moi, je suis la communicante, fan de mode. Charles était dans le conseil à l'époque. Il a plus la casquette finance-opération. Quant à Victorien, il est toujours dans un fonds d'investissement. Donc, il a vraiment cette compétence de stratégie et de finance. On forme un bon trio, hypercomplémentaire. Bref, tout de suite, c'est le carton. C'est ainsi qu’est né Balzac Paris. En 2014, je me suis lancée à plein temps dans l'aventure Balzac.
TSF
Pourquoi ce nom, Balzac Paris ?
Chrysoline
Parce qu'Honoré de Balzac, en 1830, a écrit un Traité de la vie élégante. Il y explique comment se vêtir quand on est un homme. Il y a un micropassage sur les nœuds papillons. Balzac, c'est un écrivain international qui sonne aussi très français, avec des œuvres connues de tous. Idéal pour représenter cette marque qu'on voulait fabriquer en France. D'ailleurs, après les nœuds papillons, dont la mode commençait à s'essouffler, on est passés au sweatshirts littéraires : de nouveau, un succès immédiat ! C'est ainsi qu'on s'est intéressés au vestiaire féminin avec aussi cette notion de communauté hyperengagée et présente, qu'on interroge souvent et, bien entendu, l'aspect responsable de la mode qu'on prône depuis le départ.
TSF
Vous avez déménagé à Lille plutôt récemment.
Chrysoline
Fin juillet 2024. J'étais enceinte de Georges. On vivait à Paris depuis très longtemps, je ne sais même plus vous dire combien de temps, mais on savait qu'un jour, on rentrerait à Lille, chez nous. L'appel du pays, en quelque sorte. On habitait près de l'avenue Trudaine, donc au cœur du réacteur. Dans notre recherche, nous avions une condition clé, qui était de continuer de travailler tous les deux à Paris. Nous devions donc avoir la gare à proximité. On ne voulait pas être dans le centre parce qu'on souhaitait avoir un jardin, un espace plus grand avec nos quatre enfants. J'ai visité cette maison avec mon beau-frère et un pote. Ce n'était pas du tout comme ça, on a tout refait. Néanmoins, je m’y suis sentie très bien, tout de suite. J'ai vite perçu ce qu'on pourrait en faire, comment on pourrait casser les murs, aménager un espace qui nous ressemble, le jardin aussi. À la seconde visite, ç'a été un coup de cœur pour Victorien aussi.
Table basse chinée sur Le Bon Coin.
« J'aime le blanc, je trouve que c'est un terrain de jeu immense notamment pour les accrochages et le mobilier. »
Oeuvre sélectionnée par la galerie Amélie du Chalard.
Suspension Tom Dixon.
Le banc Panchina The Socialite Family -
TSF
Dans quel environnement avez-vous grandi ?
Chrysoline
On vient de Lille, mais les parents de Victorien possédaient une superbe maison d'hôtes à Sorrus, près du Touquet. Chaque pièce de mobilier y était choisie avec soin : sa mère porte vraiment une grande attention à son intérieur. Lui a aussi beaucoup voyagé et il est très soucieux des autres, tout cela le nourrit énormément. Pour ma part, on est cinq filles à la maison, et on a évolué dans un univers hyperféminin avec une maman vraiment très fan de mode qui nous a vite transmis ce goût. Notre père, lui, aime beaucoup l'art. Ici, j'ai une affiche de Peter Klasen qui est signée : elle date du jour où mon père m'avait emmenée à Drouot pour la première fois, quand j'étais étudiante. C'est son cadeau !
TSF
Quelle ambiance avez-vous voulu créer ici ?
Chrysoline
J'ai toujours bossé avec la même architecte d'intérieur, une amie, qui s'appelle Cyrielle Wattinne. Elle nous a accompagnés sur tous nos projets : nos deux appartements à Paris, puis cette maison. Elle nous a vus évoluer et, moi aussi, je l'ai vue évoluer dans son style. J'ai un avis très précis sur ce que j'aime et elle, elle a un accompagnement hyperintéressant, surtout concernant l'aspect vraiment technique d'un chantier. J'aime le blanc, je trouve que c'est un terrain de jeu immense notamment pour les accrochages et le mobilier. Mais il peut aussi avoir un côté un peu froid, alors on aime le réchauffer avec des matériaux comme le bois, qu'on retrouve ici dans les embrasures de porte ou dans la niche de la cuisine. Été comme hiver, le bois se vit différemment. Nous sommes ici dans une maison très lumineuse. Il y a des fenêtres absolument partout. On a beaucoup joué avec ça, notamment dans l'entrée avec les miroirs, ou en choisissant des carreaux qui reflètent bien la lumière. Toujours grâce aux miroirs, on a planqué un gros poteau dans la cuisine qui était incassable. On a aussi des éléments en inox un peu partout, mais que je viens réchauffer avec des tapis de couleur, des livres et des tableaux colorés. Sinon, j'aime aussi que chaque chambre d'enfant ici ait une identité qui lui soit propre.
TSF
Avez-vous effectué beaucoup de travaux ?
Chrysoline
Les espaces étaient très cloisonnés. On a conservé le plan dans son ensemble mais on a beaucoup ouvert, repeint, retapissé, carrelé, aménagé.
TSF
Parlez-moi d'une pièce en particulier que vous aimez, ici.
Chrysoline
Je suis contente de ce canapé qui est fait sur mesure, dessiné par Cyrielle Wattinne. Ce ne sont que des modules à assembler. J'ai choisi ce tissu Pierre Frey que j'adore, entre autres, parce qu'il est rayé : la rayure, c'est un toc chez moi. Chez Balzac, je ne sais pas combien de produits à rayures on a et chez moi, il y en a aussi beaucoup. J'ai changé de table basse. Beaucoup de gens me disent que c'est particulièrement dangereux la matière miroir et les meubles à arêtes pour les enfants. Mais chez nous, un salon, c'est un espace qui, normalement, est plutôt réservé aux adultes. Et les enfants font attention. Ce que j'aime, c'est acheter du mobilier que je pourrai faire évoluer différemment, selon sa position dans une maison, un nouveau décor... C'est important, à mes yeux, de régulièrement déplacer les choses pour avoir le sentiment que ça bouge chez soi.
TSF
Votre goût pour le vêtement influence-t-il celui pour la décoration, et vice versa ?
Chrysoline
Bien sûr ! J'ai une passion pour les associations de couleurs qui paraissent parfois improbables mais fonctionnent finalement très bien. Un vert avec un vieux rose, du bleu et du rouge bordeaux, des imprimés côte à côte avec des tons unis – j'adore le Liberty, par exemple. J'ai sans doute ce côté anglosaxon, coloré et joyeux. Sans oublier la rayure dont on parlait tout à l'heure, et aussi le léopard.
Suspension Ferm Living.
« C'est important, à mes yeux, de régulièrement déplacer les choses pour avoir le sentiment que ça bouge chez soi. »
Fauteuil Axel Chay pour Monoprix.
TSF
Chinez-vous beaucoup ?
Chrysoline
Oui, notamment sur leboncoin, même si je place des alertes qui peuvent rester des années. Mais, parfois, je geeke et je tombe sur la paire de fauteuils idéale. Chiner est un vrai passe-temps pour moi. Dans les galeries aussi, comme la galerie Paradis à Paris que j'adore. Sinon, Emmaüs. Mais j'achète aussi du neuf et parfois je repère des artistes sur instagram.
TSF
Vous projetez-vous ici, dans les dix ans à venir ?
Chrysoline
C'est une question difficile pour moi, parce que je déteste me projeter. Je vis vraiment l'instant présent et je suis très bien ici. Sans oublier qu’on a emménagé en juillet 2024 ! Une chose est sûre, on y est pour quelques années. Et en même temps, je suis quand même assez citadine. C'est vrai que je trouvais grisant de sortir du boulot et de voir tous ces gens en terrasse, à Paris. Moi, Paris me donnait de l'énergie. Même si je rentrais chez moi m'occuper de mes enfants, je vivais le truc par procuration (rires). Je n'ai plus vraiment ça à Lille, mais je ne suis pas encore prête à partir pour la pleine campagne. Dans quelques années, oui, peut-être que je voudrai aller un peu plus loin, vers un peu plus de vert. C'est chouette d'avoir des projets, quand même.
TSF
Quelles sont vos actualités ?
Chrysoline
Cet été, on a ouvert deux nouvelles adresses, à Bordeaux et à Lyon. C’était important pour nous d’aller à la rencontre de notre communauté en région, et ces deux lieux sont de vrais petits bijoux : l’un imaginé par nos architectes de toujours, RMGB, et l’autre par Batiik Studio, avec qui on avait adoré collaborer. Je suis très émue de vous dire que c’est aussi Batiik qui signe notre prochaine ouverture à Lille, ma ville de cœur. La boutique ouvrira courant novembre, et nous l’attendons avec impatience ! Cet hiver, on a aussi lancé une très belle collab’ avec Barbour, la troisième déjà. On aime tellement marier nos deux univers pour créer des pièces qui durent et qui suivront longtemps nos clientes.
TSF
Que pensez-vous de The Socialite Family ?
Chrysoline
Je suis The Socialite Family depuis ses débuts. J’aime cette manière d’entrer dans l’intimité des intérieurs, de révéler les univers de celles et ceux qui les habitent, sans que ce soit figé ou trop parfait. Il y a une vraie chaleur, une élégance naturelle, un goût pour le mélange des styles et des époques qui me parle beaucoup. J’admire aussi la façon dont la marque a évolué : du média vers une marque d'objets qui prolongent cet art de vivre, entre caractère, fonctionnalité et intemporalité.
TSF
Quelle est votre pièce préférée dans notre collection ?
Chrysoline
J’ai un vrai coup de cœur pour
. Je trouve l’idée très maligne : c’est une pièce modulable, qui s’adapte à nos envies et à nos espaces. Elle peut aussi bien se glisser le long d’un mur que se poser en séparation derrière un canapé.
Et cette teinte de bois, à la fois chaude et profonde, apporte tout de suite du caractère à une pièce de vie. C’est exactement ce que j’aime dans un meuble : la justesse et la personnalité.
TSF
Et chez Balzac ?
Chrysoline
En ce moment, je ne me sépare plus du sac Gala. Il incarne parfaitement mon style : une pièce à l’allure simple, mais qui a ce petit twist qui fait toute la différence. Il se porte de plusieurs façons, et je trouve qu’il parle à plein de femmes — qu’on soit plutôt sophistiquée, classique ou plus cool.
J’ai un vrai faible pour les sacs en croûte de cuir. Sa matière est superbe, et son porté cross body est un vrai plus dans mon quotidien : que ce soit pour courir après mes enfants ou sauter sur mon vélo, il me suit partout.
Tête de lit sur-mesure, tissu Colours of Arley.
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
)
































































)