Céline Faraud et Chouquettes, c’est une histoire riche en rebondissements. Il est presque impossible de retranscrire les immenses...
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Quand on arrive chez Amélie les sons fusent. Jack, l’épagneul breton de la famille, se dandine à la vue du fondant au chocolat et marron que notre hôte du jour dépose sur la table du salon. Les réjouissances peuvent commencer. Auguste nous assaille de questions. Ses pépiements, les pas du chien sur le parquet, le rire cristallin d’Amélie : ça y est. Le cadre est posé. L’ambiance est à la fête, les vacances viennent de commencer. On s’y croirait presque. Le panorama dans la pièce principale est là pour nous le rappeler. Architecte, Amélie aime raconter des histoires. S’approprier l’architecture d’un lieu. Lui donner un supplément d’âme. Ici, le bois craque sous nous pied. Les meubles sont chinés, accumulés. Un tout chaleureux qui s’aligne sur des associations colorées. Sombres pour les espaces de passage, lumineuses pour les pièces de vie. Des teintes osées – noir profond, vert kaki – qu’elle mixe avec une infinité de matière, une habitude héritée de sa mère. Élevée dans une famille d’esthètes, très portée sur l’art et l’artisanat, Amélie s’est éduquée tôt aux belles pièces, à la manufacture. Une sensibilité quelle souhaite à son tour transmettre à son fils. Tout est là pour le stimuler. Et quand il ne s’agit pas des collections de céramiques ou de verres anciens – habilement dissimulées par sa mère – le petit dernier peut compter sur sa chambre. Entièrement pensée par ses parents, jusqu’à la réalisation sur-mesure du lit cabane. Là encore, la volonté première d’Amélie était de le faire rêver. À croire que le pari est largement relevé ?
Amélie, qui êtes-vous ?
Je suis architecte d’intérieur à Paris, passionnée de décoration, de photos, de fleurs et maman d’Auguste.
Quelle éducation avez-vous reçu par rapport à l’architecture et la décoration d’intérieur ?
J’ai grandi dans une famille très portée sur l’art et l’artisanat, qui mélange ancien et contemporain sans complexe. Mes grands-parents sont assez avant-gardistes et j’ai pu voir chez eux de très belles pièces. Ma mère a joué un grand rôle également, elle sait tout faire de ses dix doigts et fabriquait sous mes yeux toutes sortes d’objets avec des matières et des matériaux très divers. Elle m’a aussi donné le virus des tissus. J’ai étudié le dessin pendant toute ma scolarité. Mon choix d’études était donc comme tracé, ce qui ne m’a pas empêché d’aller me perdre quelques temps dans des amphis de droit !
Qui sont les architectes ou designers qui vous inspirent le plus ?
Je suis très intéressée par les réalisations d’architectes qui sont à la lisière de la scénographie, ou, en tous cas, je les perçois comme cela ! Attilalou par exemple est une source d’inspiration, Joseph Dirand également. Parmi les designers, évidemment, et navrée pour le manque d’originalité, Charlotte Perriand et Le Corbusier m’ont fascinée très jeune, mais je voue presque un culte à Patricia Urquiola qui se renouvelle sans cesse et m’étonne toujours. Ses Credenza et son tapis Visioni me font les yeux doux…
Trois mots pour définir votre style ?
Chaleureux, audacieux et mixé.
Avez-vous une touche qui fait que l’on reconnaît votre patte ?
Probablement la palette de teintes que j’utilise, le type d’objet que je déniche, souvent artisanal plus que design, et mon souhait de créer des espaces chics mais pas prétentieux, faciles à vivre. Je raconte une histoire avec mes clients, en veillant que chaque projet leur ressemble. Le style du récit est bien entendu en fonction de ma propre sensibilité et j’aime assez bousculer les personnes avec qui je travaille pour leur permettre, par exemple, d’oser des associations qu’ils n’auraient pas imaginées mais qu’ils découvrent leur correspondre. Au final, ma patte c’est sans doute l’âme de l’histoire que nous avons raconté ensemble et, plus concrètement, une foule de petits détails qui contribuent à lui donner son authenticité. Cela demande du temps et beaucoup d’échanges et de discussions.
De quelle manière concevez-vous les espaces ? Quelle serait, pour vous, la chose la plus importante dans un intérieur ?
Je démarre en général ma réflexion en assimilant la demande de mes clients, l’esprit du lieu et les contraintes techniques et budgétaires, et curieusement c’est cette démarche très concrète qui fait émaner petit à petit des idées esthétiques qui articulent l’ensemble de manière cohérente. Je pense qu’il est primordial de respecter l’architecture des lieux. Ce qui n’empêche pas de la rocker un peu en décoration et de jouer les contrastes de teintes, de matières et de styles.
Comment avez-vous pensé votre appartement ?
J’ai souhaité contraster les espaces de passage sombres et les pièces de vie lumineuses mais aussi utiliser des teintes fortes : le noir de l’entrée et le vert du couloir. J’avais très envie de mixer des matières mais j’ai du abandonner mes délires de textiles à cause de Jack, notre chien, qui saccage régulièrement l’appartement en notre absence, le canapé notamment. Je me suis donc tournée vers les papiers-peints qui apportent des motifs et de la matière. Dans le couloir, le papier-peint évoque justement un tissu, j’adore ! Dans le salon, la fresque me fascine… Dans la chambre d’Auguste, j’aime beaucoup le contraste entre le noir et le bois des barreaux et cet univers animalier enchanté. En ce qui concerne les meubles et les objets, ils vivent avec nous ! J’accumule ces derniers et je croise les doigts pour qu’il ne leur arrive rien. Je suis un peu tendue sur le sujet des céramiques mais Auguste l’a bien compris !
Quelle est la pièce que vous préférez dans celui-ci ?
Niveau objet il y en a plusieurs. Nos fauteuils de cinéma qui sont bien plus confortables qu’il n’y parait ! C’est notre premier achat, aux Puces, ils nous ont accompagné dans 4 appartements. Et mes céramiques, mes statues, mes pots… tout ce qui est fabriqué par les mains de quelqu’un. Ces talents me fascinent. Enfin, ma collection de verres anciens, ils sont cachés. Si je devais parler d’un espace, j’adore la chambre d’Auguste ! Nous y passons beaucoup de temps. Elle a une forme bizarre et peu de murs utilisables à cause des portes, de la fenêtres et du radiateur. Nous avons donc décidé de superposer pour gagner de la place. Classique. C’est John qui a construit le lit cabane d’après mes plans, évidemment notre fils en est très fier et nous passons de longs moments sur son lit à lire ou à inventer des histoires avec ses amis animaux du papier-peint.
Votre couleur du moment ?
Le vert, déjà très présent dans mes réalisations plutôt dans des versions douces, vert-bleu, vert de gris… Mais en ce moment, j’ai envie de vert jaune, et d’un vert foncé très profond. Vous le verrez bientôt dans un projet qui démarre ! J’ai eu une une phase couleur brique dernièrement, ma cliente Emi a subi cette lubie. L’escalier de son duplex est superbe.
Où trouvez-vous l’inspiration ?
Dans l’architecture du lieu. Dans la personnalité de mes clients. Parfois c’est un objet, un meuble ou un tableau qui est le point de départ parce qu’il m’évoque quelque chose… Je garde les yeux ouverts, puis les idées viennent, s’articulent et le projet se dessine. Les expositions et le sourcing participent aussi bien sûr à tout cela.
Le chantier que vous rêveriez de faire ?
Le rêve : un manoir ancien, dans son jus, un peu british et hanté, perdu au fin fond de l’Écosse ! J’accepte aussi en France bien entendu. Je rénove et décore principalement des appartements et maisons pour des particuliers. J’aime beaucoup la relation qui découle de ces projets très personnels. En parallèle, j’aimerais avoir l’occasion de travailler de manière plus conceptuelle et développer un style plus abouti en “total look”, peut-être pour une boutique, un restaurant…
Vos adresses préférées à Paris ou ailleurs ?
J’aime beaucoup la boutique déco French Touche dans le quartier des Batignolles, créée par une femme adorable qui déniche des petits créateurs. Je suis aussi tombée amoureuse des chapeaux de Ioanna Deschamps, oui ils peuvent participer à la déco ! La boutique de Aude, Joli Jour, est une belle découverte au détour d’un chantier dans le 15ème ! Et pour finir, je suis une inconditionnelle de Roco,qui fait des pizzas démentes et ils sont super sympas!
Photographies : Constance Gennari – Textes : Caroline Balvay @thesocialitefamily
Photographies : Constance Gennari – Texte : Caroline Balvay – Traduction : TextMaster @thesocialitefamily
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