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Monoprix frappe fort une nouvelle fois avec sa toute dernière collaboration et confirme ainsi son statut de prescripteur en allant chercher la jeune marque de créateur Maison Château Rouge. Au total, une trentaine de pièces correspondant à un univers lifestyle global aux influences africaines joyeuses et colorées. Derrière ce nom évoquant un quartier bien connu du 18ème arrondissement parisien, Youssouf Fofana. Pas encore 30 ans et des idées plein la tête pour mettre en avant le dynamisme et la richesse de cette petite Afrique parisienne.
Au 40 bis de la rue Myrha, sa boutique à l’esthétique graphique façon Malick Sidibé attire l’oeil. Des couleurs mélangées aux murs graphiques rayés de noir de jaune ou de vert. On pense alors instantanément à la wax, tissu star dont Maison Château Rouge a fait sa signature. Achetée par rouleau entier aux artisans du quartier, la matière vient rencontrer les coupes basiques, un rien streetwear, dont Youssouf Fofana dit s’inspirer dans la rue au contact des parisiens. Cette mode, fruit de la rencontre entre deux cultures, nous la retrouvons dans le “petit marché” que Monoprix et Maison Château Rouge ont imaginé pour nous. Et pas seulement pour la femme mais pour toute la famille et – c’est une première – pour la maison !
Boulimique de travail, Youssouf Fofana s’est en effet employé à nous faire découvrir tous les trésors de la vannerie et de l’art naïf à travers quelques objets – coussins, paniers ou vaisselle – de décoration. The Socialite Family confesse déjà un coup de cœur pour le tabouret tressé et son piétement en métal, un indispensable pour son balcon ou sa terrasse quand on rêve de soleil avant l’heure. Comble du jusqu’au boutisme nous retrouverons même Bana-Bana, le “véritable jus de bissap“, produit avec lequel tout a commencé. La boucle est bouclée.
Collaboration Monoprix x Maison Château Rouge, disponible à partir du lundi 30 avril dans une centaine de magasins Monoprix.
Youssouf, qui êtes-vous ? Quel est votre parcours ?
Je suis né à Villepinte en Seine-Saint-Denis et suis le 4ème fils d’une famille de sept enfants. Mes parents sont originaires du Sénégal. Après un BTS Banque et deux années passées dans le secteur bancaire, j’ai intégré une école de commerce puis j’ai travaillé pendant deux ans dans une start-up web avant de retrouver le chemin de la banque et d’intégrer le service informatique du Crédit Coopératif.
Présentez-nous Maison Château Rouge, votre marque ?
C’est une marque lifestyle pop inspirée d’un héritage africain qui s’appuie sur des valeurs fortes, axées sur la responsabilité sociale et économique. Maison Château Rouge est née d’une volonté de partager la culture africaine, de l’ouvrir et la rendre accessible. Nous avons imaginé un univers symbolisant la rencontre entre la culture africaine et européenne. Pour promouvoir et découvrir un pays, un continent, il faut voyager et à Paris l’Afrique, c’est Château-Rouge ! Nous avons donc voulu rendre hommage à ce célèbre quartier du 18ème arrondissement qui illustre le mieux la rencontre entre ces deux cultures. C’est une marque parisienne avec une âme africaine fortement ancrée. Une marque à mon image. Elle découle d’un désir de montrer l’évolution de notre culture grâce à une nouvelle génération, qui, comme nous, se réapproprie la culture africaine pour mieux la réinventer, en la confrontant à d’autres cultures pour la partager au reste du monde. Puis nous avions aussi envie de rendre hommage aux commerçants de tissus traditionnels africains qui ont depuis toujours commercialisé les tissus africains, avant que cela ne devienne tendance. C’est pourquoi nous nous fournissons directement chez eux avec la volonté de participer à notre niveau au développement de l’activité locale mais surtout à la revalorisation du quartier.
Quel est son lien avec votre association Les Oiseaux Migrateurs ?
La marque s’inscrit dans le cadre de ce projet social. Lancé en septembre 2014 avec mon frère Mamadou, il vise à participer de manière collaborative au développement de petites entreprises africaines grâce à l’amélioration et l’export de leurs produits. Nous souhaitons leur permettre de bénéficier de l’effervescence et de l’intérêt croissant qu’il y a pour le continent. Au sens plus large, il s’agit de montrer une image nouvelle de l’Afrique, tout en restant authentique. La plupart des enfants issus de l’immigration africaine cotisent pour le développement de leur village d’origine. Mais malheureusement cette solidarité répond uniquement à des besoins primaires et ne permet pas un développement économique et social durable. Il y a de vrais défis à résoudre tel que le chômage des jeunes, la transformation des matières premières mais aussi l’exportation de produits finis. L’une des problématiques majeures des entreprises locales est qu’elles exportent les matières premières sans les transformer, donc sans valeur ajoutée. Pour favoriser cette exportation, il est nécessaire de sensibiliser les populations étrangères au lifestyle, à la culture africaine. La mode est un excellent vecteur. C’est dans ce sens que Maison Château Rouge prend sa place dans le projet et c’est la mission que nous nous sommes donnés.
The Socialite Family confesse déjà un coup de cœur pour le tabouret tressé et son piétement en métal, un indispensable pour le balcon ou la terrasse quand on rêve de soleil avant l’été.
À qui pensez-vous quand vous créez votre collection ? Qui vous inspire ?
Pour les tissus, je pense à ma mère et à sa garde robe. Elle a toujours porté du wax. Pour les coupes, je pense plutôt à la parisienne que je croise dans la rue. Puis je suis originaire de banlieue alors j’ai forcément une grosse influence streetwear et lorsque je mixe tout cela, j’ai finalement plein d’idées pour créer. Puis aujourd’hui avec Instagram, j’ai un moodboard infini où je peux trouver de l’inspiration constamment aux quatre coins du monde.
Dites-nous en plus sur la collaboration Monoprix x Maison Château Rouge ?
Avec Monoprix, nous avons eu la chance de pouvoir décliner l’univers Maison Château Rouge au delà du vêtement. Imaginée comme un petit marché, cette collection réunit toute la richesse du quartier parisien et du continent africain. Nous nous sommes inspirés d’un grand nombre de références propres au continent telles que : le wax, l’indigo, la vannerie ou encore l’art naïf. Nous avons construit une ligne de mode et de décoration à notre image : graphique, urbaine, pop et colorée. Il y a des vêtements pour femmes, hommes mais – nouveauté chez nous – il y aura aussi des vêtements pour enfants, de la déco avec de très beaux tabourets, de la vaisselle, de la papeterie… C’est une belle opportunité pour nous. Cela nous permet de nous exprimer et de montrer tout l’étendu de notre univers.
Mode mais aussi décoration et même l’alimentaire avec le jus de bissap qui vous est si cher : qu’avez-vous préféré imaginer ? N’est-ce pas trop difficile de jongler avec autant d’univers ?
Tout ! Je suis un peu un boulimique du travail. J’aime créer, imaginer, réinventer alors j’ai pris beaucoup de plaisir à réaliser tout cela. C’est un vrai challenge que avons réussi à relever avec l’équipe. Ce qui m’anime le plus c’est le plaisir que je ressens lorsque j’ai une nouvelle idée et quand je la mets en place. Finalement ce n’est pas si difficile de jongler avec tous ces univers parce que c’est une partie de moi que je partage. Alors je le fais naturellement. Pour Bana-bana, le jus de bissap, c’est notre projet de départ avec Les Oiseaux Migrateurs. Nous nous sommes répartis les tâches, mon frère s’occupe de la partie alimentaire et du projet associatif dans sa globalité. Cela me permet d’avoir plus de temps pour créer.
De qui vous-êtes vous entouré pour créer l’intégralité de ces produits ?
Dans le cadre de cette collaboration, nous nous sommes rendus en Inde à Bombay pour confectionner une partie de la collection avec la coopérative créative Handicraft, partenaire de Monoprix depuis maintenant 10 ans. Pour le Bissap, nous travaillons avec des coopératives dans les régions de Thies et Kaolack au Sénégal. Elles sont spécialisées dans la culture et la cueillette de fleurs d’hibiscus. La transformation et l’embouteillage sont ensuite réalisés à Dakar par une PME de douze employés.
Cette expérience vous a-t-elle donné envie de diversifier votre offre, jusque là exclusivement mode avec Maison Château Rouge ?
Totalement ! La marque a été pensée comme une marque lifestyle dès le départ et cette collaboration nous a permis de passer à une autre étape. Et ceci, plus vite que prévu.
Avec l’explosion de votre marque, allez-vous vous engager encore plus dans le quartier de Château Rouge ?
C’est évident ! Nous avons toujours mis un point d’honneur à mettre en avant le quartier en proposant une image nouvelle. Nous sommes aussi très impliqués car travaillons depuis le début avec les commerçants du quartier et désormais avec des designers locaux pour réaliser des objets décos. Cela va nous permettre d’avoir un impact beaucoup plus fort en multipliant notre nombre de partenaires mais aussi, grâce à une plus grande résonance, nous espérons faire venir encore plus de monde dans le quartier afin que tous découvrent son dynamisme et sa richesse.
Quels sont vos projets pour 2018 ?
La collaboration avec Monoprix a été un très gros projet pour 2018. Nous avons pour projet d’organiser cet été un mini festival “Le Maquis” pour mettre en avant tous les projets que nous menons avec Les Oiseaux Migrateurs.
Avez-vous des adresses à nous confier pour découvrir au mieux l’Afrique à Paris ?
Les Délices du Sacré Coeur, pour un restaurant Sénégalais. La Table Ouverte, une bonne cantine familiale parfaite pour manger un couscous ou faire une pause pour boire un thé. La Régulière, pour acheter un livre, boire un jus de fruit frais ou un café. Sawa Shoes, pour acheter des chaussures Made in Africa. Connivences, pour faire du shopping chez les sapeurs. Calebasse d’Afrique, une épicerie africaine. Et enfin, Kumasi Market, pour acheter des tissus … wax !
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