À la Glasgow School of Art comme dans son agence éponyme, Franklin Azzi prône la transversalité. Architectes, designers,...
Lorsqu’elle parle de design, Ionna Vautrin évoque la sensibilité. Récompensée du Grand Prix de la Création de la Ville de Paris en 2011, elle ne cesse d’enchaîner les collaborations avec les maisons d’éditions les plus en vue : Lexon, Moustache ou encore Foscarini. À la fois simple, fonctionnel et surprenant, le design proposé par Ionna Vautrin est sans austérité, ludique et parsemé d’humour. Le large sourire et les yeux rieurs expliquent peut-être l’impression joyeuse qui se dégage de ses créations acidulées, toutes en courbes et en rondeurs. Spontanée et intuitive, Ionna Vautrin crée des objets comme autant de personnages peuplant un univers doux, féminin et poétique. Jamais à court d’idées, elle imagine des costumes pour enfants ou s’improvise illustratrice avec succès. Rencontre pétillante avec une personnalité passionnée, qui n’a pas hésité l’ombre d’un instant avant de nous guider de chez elle à son atelier.
Ionna, pouvez-vous vous présenter ?
Je suis designer industriel et parfois illustratrice. J’ai effectué ma formation à l’école de design Nantes Atlantique. Quand j’ai été diplômée, je suis allée une année en Espagne pour Camper où j’ai dessiné des chaussures. Je suis ensuite allée à Milan où j’ai créé pour George J. Sowden, puis je suis revenue à Paris. J’ai travaillé pour l’agence Cent degrés puis chez Bouroullec où je suis restée 5 ans. C’était passionnant, j’ai dessiné tellement de choses différentes. De la bouteille de parfum à l’électroménager en passant par le mobilier, les luminaires et les chaussures. Et enfin, j’ai lancé mon propre studio il y a 5 ans déjà.
Qu’est-ce qu’un designer industriel ?
C’est quelqu’un qui dessine des objets, de la petite à la grande série. Cela peut aller d’un projet pour une galerie édité en 8 exemplaires ou, par exemple, la lampe Binic que j’ai élaborée pour Foscarini et qui a été distribuée dans au moins 88 pays. C’est un métier complexe, il faut allier une sensibilité créative à toutes les contraintes matérielles, de fabrication, d’utilisation, etc. Parfois je réponds à des briefs très précis, dans d’autres cas j’ai presque carte blanche, comme pour le partenariat que j’ai fait avec Lexon design, pour la création de la Mezzo Radio.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire cela ?
Au départ, j’hésitais entre le design et la cuisine. Pour ne pas être trop frustrée, j’ai tout de même passé mon CAP en cours du soir. J’ai toujours été très manuelle, j’ai fait de la poterie pendant une dizaine d’années, le goût de faire des objets vient probablement de là.
Comment décrivez-vous votre style ?
Ah c’est compliqué ! Organique, géométrique, avec des formes assez généreuses et rondes mais aussi des lignes bien précises. Je fais parfois référence à d’autres objets. La lampe Binic, par exemple, rappelle les manches à air sur les bateaux.
Cette année j’ai fait une exposition de dessins érotiques. Ce qui est drôle, c’est que les personnages ont un peu un lien avec les objets que j’ai déjà réalisés.
Avez-vous des préférences en termes de matières pour vos objets ?
Pas en particulier mais j’aime bien celles qui permettent des formes assez libres, comme le plastique et la céramique.
Quelles sont les choses qui vous inspirent ?
Ce sont surtout les univers un peu sculpturaux, floraux. J’aime beaucoup l’Art Nouveau et l’Art Déco, ou encore les sculptures de Noguchi. Cela dépend. Il y a beaucoup de choses inspirantes. J’apprécie énormément le designer italien Ettore Sottsass, qui était quelqu’un de très complet. Un véritable théoricien, un designer, un architecte. Il travaillait beaucoup sur la couleur et pouvait faire de la céramique comme du bâtiment. Quelqu’un de passionnant et touche-à-tout.
Vous participez à beaucoup de projets, pouvez-vous nous en parler ?
Cette année j’ai fait une exposition de dessins érotiques, 100 esquisses réalisées au feutre fin. Ce qui est drôle, c’est que les personnages ont un peu un lien avec les objets que j’ai déjà réalisés. C’est-à-dire avec le corps tout frêle, une très grosse tête, tout en courbe et avec pas mal de notes d’humour aussi ! Dans un autre domaine, j’ai réalisé des déguisements pour enfants dans le cadre d’un atelier à la Fondation Cartier, pour l’exposition “Le Grand Orchestre des Animaux”. À Saint-Etienne, j’ai aussi fait des déguisements pour enfants, mais cette fois au sein de la biennale de design 2015, où on m’a proposé d’être le commissaire d’exposition de l’espace dédié aux bambins. Pour cette édition, nous avions créé un grand bestiaire en papier sérigraphié avec des créateurs de tous les domaines : comiques, illustrateurs, designers industriels ou graphistes. L’exposition a plutôt bien marché car elle est ensuite partie à New York, Singapour, Boston et Paris. Je ne m’interdis pas non plus de faire des objets non fonctionnels, comme les deux oiseaux qui sont dans mon bureau. J’ai l’impression d’avoir quelque chose avec les animaux en ce moment !
Chez vous, quelles sont les pièces design que vous préférez ?
Il y a pleins de choses en fait, c’est difficile de choisir. J’ai un vase d’Ettore Sottsass “Le Sifflet”, une lampe de Castiglioni, “La Parentesi”, et le tabouret “Yanagi” qui est dans mon bureau. J’ai pas mal de pièces de Bouroullec aussi.
Crédits : Eve Campestrini @thesocialitefamily
Et oui, c’est vrai que la création “Bec” de Ionna Vautrin a un certain charme !
Nous sommes ravis de vous l’avoir faite découvrir.
Très belle soirée à vous,
L’équipe The Socialite Family
Le toucan!!!!! Adorable!