Deux jeunes âmes pour une musique aux sonorités 80’s, des paroles pas vraiment innocentes, des synthés. The Pirouettes, aka Léo et...
Claire Castillon poursuit sa lancée – déjà bien commencée – dans la littérature française. Et rien ne semble l’arrêter. Pour preuve en début d’année, ses 21 nouvelles réunies au sein d’un recueil sobrement intitulé “Les Messieurs”. Un exutoire où elle a imaginé des histories d’amour entre de vraies jeunes filles et de vrais vieux hommes. Des variations amoureuses passées par son laboratoire d’écrivain. Décantées, mêlées : les expériences s’enchaînent pour une alchimie qu’elle seule maîtrise. Jusqu’à en contrôler l’explosion. Un quotidien d’écrivain à l’opposé de sa vie faite d’observations en tout genre et surtout, de beaucoup de silence. D’écriture aussi, immanquablement. Besoin viscéral et incontrôlable pour cette rêveuse qui selon ses propres mots “chasse perpétuellement ce qui l’entoure pour vivre à environ 20 cm du sol”. Entrer dans l’univers – intérieur, cette fois-ci – de Claire Castillon c’est se lover une bulle. Légère. Surannée. On en ressort apaisés. Et avec l’envie d’ouvrir un livre, forcément.
Claire, quelle est votre journée type ?
Il y a d’abord le lever de ma fille. Mais je ne devrais pas commencer ainsi ! Il y a souvent l’idée du lever de ma fille alors mon horloge interne sonne avant elle et je peux ainsi travailler une heure ou deux avant l’heure fatidique du “Mammmmmaaaaannnnn j’ai bien dormmmmmiiiiiii!” qui interrompt aussi sec l’écriture. Je recommence à m’y mettre quand elle part à l’école, à 8h20. Et puis j’écris, je rôde dans la maison, j’écris encore. L’envie est là, et parfois l’énergie s’absente alors je lutte contre une sorte d’abattement. J’ai une prof de gymnastique extraordinaire (Delphine Arras) qui vient à la maison. Alors le jour de sa venue, le livre avance mieux je crois. Il se repose dans ma tête pendant que je m’épuise en sport. Je vais chercher ma fille en fin d’après-midi. J’épluche des légumes dans la salle de bain pendant qu’elle joue dans l’eau. On dîne tôt, dès que son père rentre. Puis on se couche tôt, les uns après les autres. On ne sort pas. On se tait beaucoup, une fois que sa petite voix est endormie. Respecter infiniment le besoin de silence de l’autre est important alors, on se tait ensemble. Profondément et amoureusement.
À quel moment l’envie d’écrire un livre arrive ?
Elle est toujours là, non comme une envie mais comme une addiction : j’ai résolu récemment la définition de mon écriture avec ce mot. Je ne suis accroc à rien sauf à ça. J’écris naturellement, ça fait partie de ma constitution. Il faut en passer par là. C’est comme marcher, ou manger. C’est inévitable.
Qui vous inspire ?
Des thèmes m’inspirent parfois, et ensuite non. Ils prennent trop de place. Je crois que l’inspiration vient de ma légère absence au monde. Je chasse perpétuellement ce qui m’entoure pour vivre à environ 20 cm du sol. Et c’est cet état qui me parle je crois. Ce va-et-vient entre la réalité et la rêverie. Parler avec mon éditeur m’inspire. Regarder les gens m’inspire. Regarder ma mère m’inspire. Écouter les histoires des gens m’inspire. Mais ce qui m’inspire vraiment, c’est marcher dans la montagne. Disons que ça m’inspire à retardement.
Pourquoi parler des hommes dans votre dernier livre et surtout, de leurs caractères ?
Dans Les messieurs, je n’ai pas exactement voulu parler des hommes. J’ai imaginé des histoires d’amour entre de vraies jeunes filles et de vrais vieux hommes. Il fallait forcément les décrire. Ces variations amoureuses ont nécessité d’ouvrir l’œil : faire des expériences, dans mon laboratoire d’écrivain, c’était mêler deux profils au hasard et inventer l’explosion au moment de l’alchimie… Je me suis bien amusée.
Quel est l’homme qui vous a le plus marqué dans votre vie ?
Quand il sera mort, je dirai mon mari : à chaque fois qu’il parle, je constate que sa pensée est unique. Il ne répète jamais ce qu’il entend, il le traduit, il l’imagine, et tout ça sans blabla ou logorrhée. En fait, il pense seul, il pense vraiment, il raisonne, et ça me bluffe. En plus, il comprend ce qu’il y a dans la tête des autres. C’est un penseur solitaire-altruiste. Il m’a enseigné la montagne. La vraie haute montagne. Il est fort là-bas, et raisonnable. Ça me plaît. Mais tant qu’il est vivant, je dis mon père. Évidemment. Lui, il m’a appris la nuit, les étoiles, les déserts. J’aime bien qu’on me fasse connaître ces choses que j’aime par-dessus tout et que je n’aurais pas l’idée d’aller rencontrer toute seule. Ils sont tous les deux aussi peu matérialistes, c’est marrant.
Un restaurant à nous recommander avec votre homme ?
La Digue ! Un restaurant au bord de l’étang de Berre, à Saint-Chamas.
Crédits : Eve Campestrini@thesocialitefamily
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