Edwina de Charette, maroquinerie d’une vie

J’ai évolué entre l’exubérance joyeuse d’un milieu aristo-artistes et la rigueur d’une éducation stricte chez les religieuses puis ai commencé par travailler dans des labels musicaux avant de bifurquer chez Nova, pour ensuite être rédactrice en chef-programmatrice de Paris Dernière. C’est presque par hasard que je me suis formée au métier de maroquinier, dans un de ces moments de creux de ma vie professionnelle, juste après être devenue maman.

Les notions de transmission et de durabilité se sont imposées. Je me suis mise en quête d’un sac. Le modèle ultime, celui d’une vie. Les it-bags étaient à la mode, mais je cherchais l’essentiel. Un sac qui ne porte aucune autre marque que celle de la patine du temps et que je pourrai un jour transmettre à ma fille. Je suis perfectionniste et je ne peux pas faire les choses à moitié. Pour atteindre cet idéal esthétique à un prix qui ne soit pas délirant, j’ai décidé de faire faire mon sac chez un artisan maroquinier. Je suis tombé amoureuse du processus de création. Du sourcing des peaux à la technique : j’ai tout appris. Je façonnais à l’instinct, sans gabarit, ni symétrie. Les volumes de mes sacs plaisaient. Ce qui me passionne par-dessus tout c’est la matière, le cuir, le transformer le moins possible pour conserver sa simplicité dans tout ce que ce terme offre de plus noble. Coudre à la main me rend heureuse, ça se rapproche de l’hypnose pour la détente que cela procure. 

Je dirai que notre spécificité est une façon de travailler à l’ancienne, dans le respect de la matière et de l’humain. C’est aussi une manière de façonner tous nos modèles de A à Z à la main de la découpe à la finition à la cire d’abeille. Cette dernière vient de ma maison de famille en Touraine. Le luxe est devenu aussi ça ; prendre le temps pour bien faire.

Un beau canapé en cuir modulable qui se patinera, totalement cousu main avec une grosse couture contrastée.

J’ai beaucoup d’objets, de sculptures et de tableaux en effet. J’ai des pièces héritées, achetées et chinées. Je suis assez contemplative, j’aime poser mes yeux sur de jolies choses et laisser mon regard voguer parmi mes objets. Mes choix sont faits au fur et à mesure des trouvailles et des coups de cœur.

Le café Verlet, totalement intemporel et parisien qui propose du café moulu et des fruits confits où l’on peut boire un café, déjeuner ou prendre un thé. Le restaurant Le Georges en haut de Pompidou en terrasse l’été, un lieu et une vue extraordinaires. J’aime aussi me promener dans la cour carrée du Louvre, surtout le soir pour voir le sublime éclairage et traverser le Palais Royal. J’aime également beaucoup le MAD ( le Musée des Arts Décoratifs).

Je suis en train de travailler sur un nouveau sac de jour. J’aimerais développer la ligne homme et faire de nouvelles collaborations. J’aime les rencontres et être challengée comme lorsque j’ai collaboré avec Holiday, Cire Trudon, ou Off White. Je souhaite aussi faire davantage des objets comme notre poids gainé ou la maison gainée façonnée pour À La Mère de Famille.