Fanny et David Millet préfèrent être à contre-courant des tendances décoratives. Leur nouveau projet ? Un appartement à la fois...
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Elle a l’exigence conférée par des années passées aux côtés des plus grandes maisons de luxe. Emilio Pucci, Louis Vuitton ou encore Fendi : des marques à l’univers fort, avec lesquelles Laure Marie a collaboré en dessinant le mobilier boutique jusqu’à l’environnement global. Des épaules larges malgré une élégante silhouette d’oiseau. Avec une prédilection pour le décoratif, l’architecte d’intérieur – à la tête de son propre studio, Stiletta, depuis 2012 – nous transporte dans un monde de parti pris. Les siens. De références à l’art décoratif, entre ornements et détails stylistiques, en passant par les créations éditées par ses soins, Laure s’amuse, décline, confronte. Un terrain d’expression immense, fait de bois, de motifs graphiques et de peaux qu’elle associe à de petits morceaux de décoration ostentatoire, propres aux 70’s. Comme un hommage à cette nostalgie enfantine qu’elle entretient et modernise. Celle-là même dans laquelle elle a choisi d’élever ses deux filles Louise et Jeanne, pour qui grandir dans un décor si soigné fait partie de la “normalité”. Une vie de famille au visuel étonnant, mi-boutique, mi-pièce de théâtre, comme scénarisé. Partons à la découverte d’un jusqu’au-boutisme orchestré.
Laure, pouvez vous nous parler de votre parcours ?
Je suis architecte d’intérieur, diplômée des Arts Décoratifs. L’adjectif “décoratif” fait d’ailleurs preuve d’un certain déterminisme, l’ornement et le style sont assez présents dans mon univers. Durant une quinzaine d’années, j’ai travaillé sur l’image de marque architecturale de grandes maisons du luxe, c’est-à-dire du dessin de mobilier jusqu’à l’environnement global d’un magasin ou d’un pop-up store. Des maisons comme Fendi, Emilio Pucci ou Louis Vuitton ont des identités si différentes que retranscrire avec pertinence leurs ADN respectifs a été une expérience précieuse. Le luxe perpétue cette inestimable école de l’exigence.
Comment vous est venue l’envie de monter votre propre marque ?
J’avais déjà eu du mobilier édité et une marque il y a quelques années, cela me permettait de cultiver mon propre goût et de me détacher des enseignes pour lesquelles j’intervenais. Une balance salutaire ! Puis j’ai sauté le pas en 2012 en créant mon studio Stiletta en architecture intérieure. Depuis 2016, je propose également de l’édition, des coussins, accessoires et du mobilier à venir.
Qu’est-ce que Stiletta ?
Il y a la partie studio d’architecture intérieure qui propose ses services aux particuliers et aux professionnels. Je réalise des chantiers privés où j’interviens avec une équipe sur la réhabilitation d’un lieu, de l’avant-projet à la livraison finale, souvent avec un choix d’aménagement et de mobilier sur mesure. Pour les marques, j’imagine des univers évènementiels ou permanents en lien avec leurs ADN et leur direction artistique. Puis, depuis peu, la partie édition qui s’articule autour d’accessoires textiles, coussins dits tapissiers, pochettes, sacs et bientôt mobilier. L’idée est de décliner des motifs en fonction d’une thématique, la première collection s’appelle “Retropolitan” avec des graphismes modernistes ou retro, aux noms évocateurs : Gatsby, Navy et Carnaby. C’est un très bon terrain d’expression.
Comment définiriez-vous votre univers ?
Le parti pris est à mon sens ce qui guide en priorité mon travail mais j’essaie de sortir des postulats de départ sur l’originalité dans l’absolu ou la référence en matière de style. Il faut avant tout que ça sonne juste avec l’endroit, le style architectural, l’époque, le souhait du client. J’aime les choix affirmés mais avant tout cohérents.
Quels sont les courants déco qui vous inspirent ? Avez-vous une période de prédilection ?
L’univers Art Déco m’inspire beaucoup. Ses fondamentaux traversent les époques et les styles sans jamais se démoder. J’ai également un faible pour la déco ostentatoire des 70’s. C’est toute mon enfance. Les claustras au plafond, les placages de bois exotiques, les tentures murales. Autant de pièces décoratives qui se sont perdues avec le temps et les usages. J’essaie de les réintégrer avec parcimonie.
Y a-t-il une pièce emblématique que vous rêvez d’acquérir ?
Une paire de fauteuils “Capitole” de Pierre Guarriche. L’assise monolithique repose sur un empiètement en teck en forme de croisillon, beaucoup de parti pris. Une paire assez spectaculaire de fauteuils elliptiques en rotin, de Franco Albini.
Chez vous, quels sont les objets dont vous êtes la plus fière ?
Mon canapé “My Beautiful Backside”, un ovni dans l’univers de l’édition, designé par Doshi Levien. Il ne ressemble à aucun autre. Les graphismes à l’arrière reprennent des rythmes d’ondes Art Déco modernisés. C’est un élément très fort visuellement, il donne le ton.
Où passez-vous le plus de temps ici ?
Souvent à mon bureau qui est ouvert sur le cœur de l’appartement. Je peux détourner le regard et j’aperçois un peu de nature. J’aime également beaucoup la cuisine. Entièrement surmontée de verrières, c’est un véritable mirador. Je peux tout surveiller.
Est-ce facile de marier décoration soignée avec vie de famille ?
On reçoit souvent. C’est une maison vivante, avec un chat qui fait sa vie dehors et dedans. Alors oui, c’est jouable, mais avec quelques précautions, comme poser des grandes peaux en cuir sur le canapé le plus fragile et faire le choix des peintures lessivables. Pour le reste, les enfants s’habituent plus vite qu’on ne le pense aux contraintes de la maison.
D’ailleurs les filles sont-elles sensibles à leur environnement ? Se rendent-elles compte de l’endroit dans lequel elles vivent ?
Je pense qu’elles ont intégré les codes de notre décoration sans s’en rendre compte. Pour elles, c’est “normal”. Je crois qu’à 6 et 8 ans on n’a pas encore d’opinion définie sur le sujet. En revanche, elles ont compris que c’était primordial pour leur maman.
Prochains défis ou projets à venir ?
Je viens de livrer un chantier sur la côte normande, dans une bâtisse Art Déco, type hygiéniste avec des hauteurs sous plafond théâtrales, d’immenses fenêtres et des terrasses panoramiques. L’intérieur était sans cachet, j’ai tenté de réinsuffler le style moderniste mais à notre époque. Sinon, pas mal de chantiers privés en cours et plus de projets d’édition en préparation pour 2016/2017.
J’ai un faible pour la décoration ostentatoire des 70's. C’est toute mon enfance. Les claustras au plafond, les placages de bois exotiques, les tentures murales (...)
Photographies : Eve Campestrini – Textes : Caroline Balvay @thesocialitefamily
En collaboration avec Lacoste.
Merci pour vos mots !
Très belle journée,
L’équipe The Socialite Family
Bonjour,
Je voudrais savoir d’où vient la méridienne sur laquelle est assise Laure Marie. Quelle merveille!
Merci beaucoup!
Bonjour Églantine,
Il s’agit du canapé “My Beautiful Backside”, de Doshi Levien. Un OVNI dans l’univers de l’édition !
Très belle journée,
L’équipe de The Socialite Family
Bonjour, d’où viennent les rideaux noir et blanc dans la chambre s’il vous plaît? Merci!
Quelle jolie maison et quel style ! Merci !