L’Oeil Vintage, déjà en passe de devenir une institution lyonnaise, fait partie de ces lieux hybrides, à mi chemin entre la galerie...
L’histoire parcourt les veines verrées du Cravan, laissé dans son jus depuis que la bonne fée Hector Guimard y a exceptionnellement déposé ses illustres traits Art nouveau. Empruntant son nom au poète-boxeur Arthur Cravan, figure controversée du mouvement dada et neveu d’Oscar Wilde, cet endroit hors cadres bouscule les lignes du 16ème arrondissement où il est installé depuis juin dernier. À sa tête, Franck Audoux épaulé de Youssef Louanjli. Deux personnalités, deux spécialités. Le premier aux cocktails, passion découverte sur le tard après un passage au Châteaubriand et au restaurant Le Dauphin. Le second au bar, à côté des machines à café qui ont fait sa renommée chez Fragments. Un duo détonnant qui jongle dès l’ouverture entre breuvages cinématographiques et fin mets de brasserie – carte courte mais parfaitement exécutée. Anachronisme délicieux à l’opposé des branchés 11ème et 10ème arrondissements qui voient fleurir chaque semaine de nouvelles enseignes dans leurs rues, le Cravan est cette adresse que l’on garde précieusement dans un coin de sa tête. Pour boire un petit noir au comptoir en lisant son journal à l’ouverture ou tout simplement pour partager une assiette d’asperges blanches des Landes – les reines du moment – entre deux rendez-vous. À moins que vous ne soyez plutôt oiseau de nuit. Dans ce cas, le Cravan saura vous accueillir pour vous délecter de quelques prémices liquides du livre “French Moderne Cocktails from the 1920’s &1930’s” écrit par Franck Audoux pour les éditions Rizzoli.
Cravan, 17 rue Jean de La Fontaine – 75016 Paris. Ouverture : 7/7j, 8h-23h. Téléphone : 01 40 50 14 30.
Franck, qui êtes-vous ? Que faisiez-vous avant le Cravan ?
Après des études d’histoire j’ai travaillé au sein d’une galerie d’art contemporain durant dix ans. J’ai ensuite rejoint l’équipe du restaurant Chateaubriand dont j’ai été l’un des associés.
Racontez-nous son histoire. Pourquoi avoir choisi cet emplacement, dans le 16ème arrondissement ?
Cravan ouvert en juin a pour but de redéfinir les standards du bar à cocktails en dépassant les limites du modèle existant. Nous sommes ouverts en continu dès 8 heures. On y sert du café, des cocktails et à manger. Le point commun étant le souci de la qualité apportée aussi bien à l’exécution qu’au sourcing.
Comment vous êtes-vous ré-approprié l’espace ?
Cravan est un café bar comme l’atteste l’enseigne depuis 1911. Il fût construit par Hector Guimard, Pape de l’Art nouveau. Il est aujourd’hui classé.
Ici on sert du café, des cocktails et à manger. Le point commun étant le souci de la qualité apporté aussi bien à l‘exécution qu’au sourcing.
Qui vous épaule dans cette nouvelle aventure ?
Mon associé Youssef Louanjli, barista (fondateur de Fragments).
Pourquoi avoir fait la part belle aux cocktails ?
J’ai organisé les premiers cocktails-pairings dès 2012 lors d’évènements nommés In Good Company à l’occasion desquels j’invitais à notre restaurant Le Dauphin des bartenders de renommée internationnale à venir dialoguer avec notre cuisine. Je viens de finir d’écrire un livre qui sort en février prochain aux USA dont le titre est “French Moderne Cocktails from the 1920’s &1930’s“. Il est à paraître en anglais aux éditions Rizzoli. Il s’agit d’une sorte de “cultural snapshot” du Paris de l’entre deux guerres – âge d’or du cocktail – à travers lequel est montré l’importance du cocktail dans la société française, partie intégrante de cette euphorie d’après-guerre.
Des suggestions d’accords entre mets et liquides ?
Dans la carte du barfood, l’asperge blanche des Landes avec Bresaola de Thon de Sicile s’accorde parfaitement avec le Yellow Cocktail (Gin, Suze, Chartreuse jaune et citron) à l’instar du Mad Collins (Gin, Gingembre) aux palourdes de Bretagne et beurre d’ail.
Photographies : Valerio Geraci – Texte : Caroline Balvay – Traduction : TextMaster @thesocialitefamily
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