Chez
Pierre Painchaud, la grâce des imparfaits
Il nous reçoit en Fendi de la tête aux pieds, sa gueule d’ange légèrement penchée vers l’épaule, toujours l’air d’être en lévitation. De Pierre Painchaud, on ne connaissait que ses plus-de-cinquante-mille followers sur Instagram, plus d’un million sur TikTok. Au risque de nous saborder, on vous le dit : rien ne remplace une rencontre en chair et en os. Pierre Painchaud est moins frêle qu’à ses débuts dans le mannequinat, incarne une certaine idée de la grâce et vient d’emménager dans son appartement de l’est parisien. The Socialite Family l’a rencontré, chez lui, par un frisquet matin d’automne.
Lieu
Paris
texte
Elsa Cau
Photographies et Vidéos
Jeanne Perrotte
TSF
Pierre, présentez-vous.
Pierre
Je suis mannequin depuis sept ans et influenceur. Je pose toujours pour des campagnes et des magazines, mais j’ai progressivement arrêté les défilés et la Fashion Week. Physiquement, j’ai beaucoup changé. J’ai commencé à 15 ans, depuis, j’ai grandi, j’ai grossi… Je me suis fait, tout simplement ! Mais je sais que je suis toujours déformé par cette vision. Le milieu de la mode peut être par ailleurs très pervers, avec des situations anormales, auxquelles on a du mal à faire face, jeune. Il se trouve, de toute façon, que l’influence a pris le pas sur le mannequinat dans ma carrière, pendant la pandémie de 2020. Je m’ennuyais, confiné en Bretagne, je me suis lancé sur TikTok en montrant mon quotidien et mes galères en tant que mannequin plutôt que les paillettes. La machine s’est emballée comme ça ! J’ai une communauté très forte sur les réseaux. Les marques se sont intéressées à moi, autrement, de cette manière. Quand Prada m’appelle, par exemple, c’est en tant que talent, on imagine une collaboration, je ne suis plus simplement un « cintre ».
TSF
Quel est le goût de votre enfance ?
Pierre
Il n’a rien à voir avec mon goût actuel ! J’ai grandi en Bretagne, dans une maison avec une décoration désuète : des fauteuils Voltaire, en veux-tu en voilà ! Mes parents ne s’intéressaient pas particulièrement au design, qui correspond davantage à mon goût.
TSF
Ce lieu vous ressemble-t-il ? Quel est votre style ?
Pierre
Dès que j’ai eu mon premier appartement, un studio dans le 19e arrondissement, j’ai voulu m’intéresser à des pièces de qualité, originales. Je préfère investir dans une belle pièce que d’acheter une copie ou du tout-venant. Je ne fais quasiment que dans la seconde main, exception faite des designers actuels qui peuvent m’intéresser, que ce soit dans la mode ou la déco. Je n’affectionne pas les choses neuves, je préfère le vintage, ce qui a du caractère, du cachet. J’aime les années 1960/1970 dans le mobilier, mais j’apprécie surtout le mélange, notamment des matières. Je dirais que j’aime quand le décor n’est pas trop réfléchi, que c’est vivant et surtout pas minimaliste. Et que de petites choses traînent un peu partout. Alors oui, ce lieu me ressemble, avec le charme de sa cheminée ancienne en marbre, les moulures, la lumière et l’accumulation de ces petits objets que je chine et qui complètent quelques belles pièces de designers.
J'aime les objets qui ont vécu. J’aime la charge affective dont ils sont parés.
TSF
Il y a ici des pièces anciennes, réutilisées, parfois un peu fissurées… C’est important, pour vous, la récupération, le cycle des objets ?
Pierre
De manière générale, j’aime les objets qui ont vécu. J’aime la charge affective dont ils sont parés. J’aime continuer à faire vivre les pièces après qu’elles ont eu une autre vie. Ce canapé, par exemple, je l’ai racheté à une amie qui vit avec un chien. Le cuir est chaleureux, griffé, la patine est belle, il porte toute la joie d’une vie quotidienne, ça me plaît. Je viens aussi de chiner un lampadaire signé Le Corbusier, en plus du fauteuil que vous voyez ici, un grand classique de Marcel Breuer.
TSF
Que représente The Socialite Family pour vous ?
Pierre
J’aime le travail fait par la marque pour créer de beaux classiques. C’est, pour moi, comme acheter une pièce de designer en plus accessible. Le choix de matières, de motifs et de coloris est assez vaste pour chaque meuble, chaque objet, ce qui me plaît beaucoup !
TSF
Quelles pièces préférez-vous dans les collections The Socialite Family ?
Pierre
J’ai adoré le mélange cuir et aluminium de la chauffeuse Rotondo qui m’a suivi dans mon déménagement. J’ai un coup de cœur pour les petites dimensions, un peu intimes, de la lampe Gioia, que j’ai choisie d’un vert joyeux. Ses beaux matériaux, la laque, le plissé de l’abat-jour en tissu, m’ont aussi vraiment séduit. La table basse en marbre, Carlotta, répond au marbre brun-rouge de ma cheminée. Je raffole de ses pieds aux belles proportions en laque noire. Son arrondi casse un peu les angles des autres pièces que je possède ici. Je ne suis pas encore certain de son emplacement, peut-être qu’elle ira ailleurs… Dernièrement, j’ai décidé de craquer pour la Marta, je l’attends ! J’ai choisi le pied en céramique blanche et je n’ai pas encore tranché pour la couleur de l’abat-jour : en velours jaune ou cognac…
TSF
Quelles sont vos bonnes adresses parisiennes ?
Pierre
CANDLEKIDSCOFEE (107 rue des couronnes, Paris 20e). C’est un de mes amis qui a ouvert ce petit café il y a seulement trois mois, ambiance chill super et déco. Et évidemment, le café y est délicieux ! J’adore les librairies dans lesquelles on trouve des archives de mode et des magazines actuels introuvables. Mes préférées : OFR LIBRAIRIE (20 rue Dupetti-Thouars, Paris 3e) et SMITH & SON (248 rue de Rivoli, Paris 1er). J’ajouterais Buck, chicken & more (25 rue de la Forge Royale, Paris 11e), encore un de mes amis : c’est simple, c’est bon.