Familles
Un Noël parisien, en famille avec Audrey Poux, dans le 7e arrondissement
Chez
Audrey et Maximilien Poux, Attilio, 16 ans, Romy, 14 ans, et Cosimo, 4 ans
Qu’il semble tranquille et cossu, ce grand boulevard Raspail… Mais derrière ses façades sérieuses, à deux pas du Bon Marché, se cache un appartement vivant, où les rires débordent et où la joie s’invente à chaque instant. Audrey Poux y a aménagé un grand espace familial, lumineux et chaleureux, dans lequel chaque objet raconte une histoire. Formée auprès de grandes maisons horlogères et dans la presse mode entre Paris, New York et Londres, elle a fait du storytelling son métier : mettre des mots sur des univers, transmettre des émotions et des détails. Avec Max et leurs trois enfants, elle suit des rituels précis et heureux, comme ces petits Noël célébrés à cinq, avec feu de cheminée, saumon, œufs de poisson, parfois une raclette, avant de se réunir avec la famille élargie autour d’élégantes tablées. L’an dernier, autour de cette table basse Charlotte Perriand qu’ils affectionnent tant pour ses lignes imparfaites, c’est avec un pique-nique qu’ils ont célébré les Fêtes. Chez les Poux, le Père Noël passe le vendredi, pendant que Cosimo est à l’école, afin que l’enfant profite de ses jouets par milliers avant que toute la famille rejoigne Ramatuelle, leur refuge du Sud, l’heure des vacances sonnée. Entre Paris et la Méditerranée, Audrey Poux a créé un art de vivre très personnel, coloré et libre. Rencontre.
Lieu
Paris
texte
Anne-Laure Griveau
Photographies et Vidéos
Valerio Geraci
TSF
Alors, qui vit dans cet appartement ?
Audrey
Je vis ici avec mon mari, Max, et nos trois enfants : Attilio, 16 ans, Romy, 14 ans, et Cosimo, 4 ans, notre petit cadeau-surprise ! Nous sommes ensemble depuis vingt-cinq ans et mariés depuis 2005 ; déjà un vieux couple. Max travaille dans la finance et pour le suivre, nous avons déménagé 13 fois. New York d’abord, puis Londres, avant de revenir à Paris et avoir notre premier enfant. De mon côté, j’ai grandi dans l’Oise, vraiment en pleine forêt. J’ai toujours voulu écrire, être journaliste. Malheureusement, même si je parlais bien anglais, ce n’était pas possible pour moi de rédiger dans des pays anglo-saxons. J’ai alors trouvé un poste dans l’horlogerie, au sein du groupe Richemont, où j’ai été directrice marketing pendant des années.
TSF
Treize déménagements… comment investit-on les lieux ?
Audrey
À New York, nous avions 20 ans, nous avons tout repeint : fenêtres, placards, murs. Nous avons toujours adoré les couleurs. Et quand nous déménageons… le soir même, les quatre murs sont repeints et les rideaux posés ! J’ai eu une chambre kaki, des portes noires, une entrée bordeaux, c’était la période Farrow & Ball ! On accrochait toujours des choses aux murs, un mélange de photos personnelles et d’images chinées. C’est ce que nous avons fait ici, notamment dans le couloir. Je n’ai jamais supporté les lieux de passage, un endroit doit vivre. Même quand on pensait rester peu de temps quelque part, on se comportait toujours comme si on s’y installait pour vingt ans.
TSF
Puis est venu le retour à Paris…
Audrey
Quand Max a été muté à Paris, j’ai quitté mon travail pour le suivre. Je me suis retrouvée à devoir tout reconstruire et je me suis dit : « C’est le moment de tenter. Je n’ai rien à perdre. » Comme je connaissais bien l’horlogerie, j’ai commencé à écrire pour Montres Magazine. Puis j’ai élargi : joaillerie, mode masculine, enfant, mariage, femme… Je suis devenue pigiste et désormais, je rédige du contenu pour les marques. Cela fait maintenant seize ans que je suis freelance. C’est aussi cette année-là, en 2009, qu’Attilio est né.
Tapisserie de paille tressée Bineau
Masque sud-africain
Miniature indienne
TSF
Êtes-vous arrivés tout de suite dans cet appartement ?
Audrey
Non. On a fait plusieurs allers-retours entre Paris et Londres et on logeait avenue Marceau. On a loué ici il y a huit ans, en pensant n’y rester qu’un an, le temps de finir les travaux d’un appartement qu’on venait d’acheter. Puis le confinement est arrivé. On s’est retrouvés à Ramatuelle, on y a trouvé une maison que nous adorons… et pour financer ce nouveau projet, on a revendu l’appartement en travaux. On l’a terminé à la hâte, vendu, et finalement on n’y a jamais emménagé. On est restés ici. Ce qui ne devait pas excéder une année dure depuis huit ans !
TSF
Comment avez-vous apporté votre touche à cette location ?
Audrey
J’ai repeint le couloir en vert, posé une moquette, ajouté de la paille tressée – de chez Bineau, je crois – dans la salle à manger. Cela donne un côté rétro, un peu Mad Men, très années 1950, tout en apportant de la chaleur. C’est un appartement familial, avec une chambre pour chacun. On a ensuite fermé le double salon pour créer celle de Cosimo. J’avais peur qu’elle soit trop exposée, juste dans l’entrée, mais au contraire, c’est formidable : Cosimo est devenu un enfant qui dort bien, et partout ! Enfin, on a mis notre patte : pièces chinées, photos, objets au mur.
TSF
Au mur, il y a des souvenirs, des voyages…
Audrey
Nous rentrons d’Inde, que nous avons visitée lors de nos dernières vacances. Nous y avons déniché de petites peintures miniatures et des boîtes que l’on retrouve dans notre salon. Il y a aussi un masque d’Afrique du Sud, des fauteuils chinés, de petites lampes… À Ramatuelle, nous chinons énormément – notamment au Jas des Robert, une brocante géniale. Je pense que si on cherche trop précisément, on ne trouve rien : il faut juste y aller, voir ce qui se présente. On est dans une chasse au trésor permanente. Ces objets créent des atmosphères, ils contribuent à l’impression d’habiter un lieu depuis longtemps. Les mélanges apportent une âme. J’ai des tableaux de mon grand-père, qui était postmoderniste dans les années 1970 et 1980.
TSF
Vous venez donc d’une famille d’artistes ?
Audrey
Pas vraiment, mon père était négociant en vin, passionné par la gastronomie et très attentif aux détails, et ma mère femme au foyer. Après le divorce de mes parents, mon père est parti vivre dans une autre maison – héritée de mon grand-père – décorée dans un esprit très années 1970, avec des canapés léopard. Il avait énormément de goût : un style plutôt british, fait de carreaux, de beaux tissus, de coussins partout. C’était un chineur invétéré : il passait sa vie en salle des ventes, à Drouot notamment. Il y avait toujours une commode, un bronze ou un bibelot qui débarquait à la maison. Sur le moment, je détestais le suivre là-bas, mais je me rends compte aujourd’hui que j’ai complètement hérité de ce goût-là. Très jeune, quand je venais à Paris pour voir mes frères et sœurs, j’allais déjà aux puces chercher des jeans ou des blousons vintage. Bien avant que ce soit tendance. Quant à mon grand-père, il savait tout faire : construire, sculpter, peindre. Il avait même un four à céramique. Il est mort quand j’étais petite, mais j’ai toujours senti un lien fort avec lui, une forme d’admiration instinctive. Je ne sais pas faire « aussi bien », mais je suis créative, et j’aime penser que j’ai récupéré une petite part de lui. Avec ma marque et mes vidéos, j’ai l’impression de laisser cette fibre s’exprimer.
Lorsque l'on chine, si on cherche trop précisément, on ne trouve rien. C'est une chasse au trésor permanente. Ces objets contribuent à l’impression d’habiter un lieu depuis longtemps.
TSF
Pouvez-vous m’en dire plus sur La Pampa, votre marque ?
Audrey
En vieillissant, je me suis demandé : « Pourquoi je ne le fais pas, moi aussi ? » On me demande tout le temps d’où viennent mes vêtements ou mes objets, et je fais beaucoup la promotion de ce que font les autres. Alors, je me suis lancée. La Pampa, c’est une marque de mode qui reflète exactement ce que je porte chez moi, à Ramatuelle, ce que j’aime : un esprit très années 1960, l’esthétique de cette époque – les formes, les couleurs, l’ambiance. Pas la condition féminine, bien sûr ! Dans ma chambre, à Paris, il y a Colette, mon mannequin cabine, que j’habille pour voir comment tombent les pièces. Elle porte notre robe best-seller et un pull en cachemire. À côté d’elle, il y a Liliane, ma plante. J’ai toujours adoré nommer les objets (ma balance s’appelle « Adélaïde »).
TSF
Quel est votre rapport à cette chambre ?
Audrey
Je vis vraiment dans cette chambre : c’est « la chambre de maman ». On dort ensemble avec mon mari, mais c’est mon antre. Lui est plus souvent au salon ; après vingt-cinq ans de vie commune, c’est important d’avoir chacun son espace. Je prends mon petit-déjeuner au lit avec mes enfants depuis toujours – maintenant, seulement avec Cosimo, le petit dernier ! Je lis des romans, je me fais les ongles dans mon lit… j’y passe beaucoup de temps. C’est aussi dans cette pièce que j’ai mon bureau et ma vue préférée. La fenêtre donne sur la croisée du boulevard Raspail et de la rue de Grenelle. Parfois, des amis passent en bas et me font coucou lorsque je travaille. Comme j’écris de chez moi, la lumière est essentielle. Si un appartement est sombre, je dépéris.
TSF
Quels objets vous tiennent particulièrement à cœur dans cette pièce ?
Audrey
Beaucoup de pièces transmises : une petite chaise de ma grand-mère, les chevets hérités de mon père – magnifiques, mais pas pratiques. Ils pourraient être des Christian Liaigre, mais ce sont des « Liogres » ! Les pieds des lampes de chevet sont de Jean Roger et j’ai faire refaire les abat-jours avec du tissu Casa Lopez, j’adore faire ça : chiner des pieds de lampe et faire recouvrir les abat-jours avec de beaux tissus. Idem pour notre tête de lit que j’ai fait recouvrir avec une étoffe Manuel Canovas.
J’ai toujours adoré nommer les objets; ma balance s’appelle « Adélaïde ».
TSF
Vous affectionnez particulièrement les tissus, n’est-ce pas ?
Audrey
On a toujours mis de beaux rideaux, même en location. Les gens me prenaient pour une folle : « Pourquoi dépenser pour un appart où tu ne resteras peut-être pas ? » Mais pour moi, les rideaux transforment un lieu. Ici, au salon, ce sont des India Mahdavi, très sixties. Les coussins viennent d’un peu partout : certains du marché de Saint-Tropez, fabriqués par un marchand qui réutilise des tissus vintage, eux aussi années 1960. J’adore cette période : les DS Citroën, la laque, les pieds tulipes, le formica. Enfant, je regardais beaucoup les films avec Louis de Funès, ils me fascinaient, je m’immergeais dans cet univers visuel. Aujourd’hui, beaucoup d’intérieurs sont très sobres, très The Row. Cela m’angoisse.
TSF
Chez The Socialite Family, c’est assez coloré, quelle est la pièce qui attire le plus votre attention ?
Audrey
La
, que j’adore. Elle ressemble à une soucoupe volante, très plate, mais le jeu de drapé lui donne du volume. Elle occupe l’espace d’une façon incroyable.
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