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Un concept-store où les métiers d’art sont à l’honneur, ça a quelque chose d’une caverne d’Ali Baba des temps modernes, avec quelque chose de plus épuré ! Chez Empreintes, il faut s’imaginer 600m2 et quatre étages baignés de lumière tel un parcours initiatique, entre espace d’exposition/vente, salle de projection, cabinet de curiosités, bibliothèque et même un coin café. Ensuite, on peut observer que la créativité des artisans d’art n’a pas de limite. Bijoux, art de la table, luminaires et sculpture, en petite série ou pièce unique : chaque objet a rencontré la main de l’homme. Et pour l’ouverture, c’est le bois qui est à l’honneur. Une matière explorée dans le travail de six créateurs, découpée à la tronçonneuse ou ciselée telle une dentelle. Rencontre avec les deux instigateurs du projet, le président du syndicat des Ateliers d’Art de France, Serge Nicole, et la scénographe Elizabeth Leriche.
Pour découvrir l’histoire du concept-store des métiers d’art Empreintes, le rendez-vous est pris ici.
Pourriez-vous vous présenter ?
Je suis céramiste et actuellement président d’Ateliers d’Art de France. Elizabeth Leriche est scénographe et cela fait déjà six ans que nous travaillons ensemble. Je vais surtout vous présenter Ateliers d’Art de France. C’est un groupe de professionnels ou plutôt une communauté qui existe depuis très longtemps. Car ce lieu est vraiment l’acte d’un groupe, c’est un bien collectif, qui, outre son but économique, manifeste l’image de la réalité de ce que nous sommes pour le bénéfice de tous. C’est donc une organisation collective qui a la mission du développement économique de l’ensemble des professionnels de métiers d’art et également de la représentation institutionnelle. Nous menons ces deux actions de diverses façons, avec le salon Maison et Objet que nous avons fondé en 1949. Nous organisons le salon du patrimoine culturel au Carrousel du Louvre et sommes les fondateurs et organisateurs du salon Révélations au Grand Palais, qui est dédié à la création. Donc, à travers un ensemble d’évènements mais aussi grâce à une maison d’édition avec deux magazines et un festival international de films des métiers d’art à Montreuil, nous nous efforçons de promouvoir et d’accompagner les professionnels et surtout de créer la rencontre avec le public.
Comment est née l’idée de ce projet ?
La vitalité et les valeurs de cette communauté des créateurs de métiers d’art trouvent, aujourd’hui, une résonance dans le public. Nous voulions donc montrer et partager cette force dans un lieu dédié et accessible qui nous ressemble. Le fait de regrouper autant d’artistes est tout à fait nouveau. En ce moment, plus de 260 d’entre eux sont représentés à travers plus de 1000 pièces.
Cet endroit véhicule un courant intéressant, prenant le contre-pied d’une époque paradoxale où nous sommes dans l’hyper consommation, prisonniers de l’urgence et du temps qui passe. Ici chaque pièce est unique. Les objets sont façonnés à la main. Ils sont porteurs de sens et, je pense, entrainent le visiteur vers une reconnexion avec la matière. Au-delà de ceux-ci, on voit bien d’où ils viennent. L’importance de la personne, la trace de l’humain dans le travail : c’est cela qui nous paraissait primordial.
Quels sont ces métiers d’arts ?
C’est très varié. Il y a plus de 200 métiers différents. Pour n’en citer que quelques uns : céramiste, souffleur de verre, ébéniste, graveur sur pierre passementier ou encore plumassier. Il y a aussi un ensemble de métiers patrimoniaux et anciens comportant toutes sortent de spécialités. Par exemple, ceux qui travaillent pour les restaurations du patrimoine, avec des savoir-faire élaborés il y a plusieurs siècles.
Comment choisissez-vous les artisans d’art ?
C’est un service d’Ateliers d’art de France. Sur nos 1600 adhérents, nous avons lancé un appel à candidature. Puis parmi le travail de tous ceux qui se sont présentés, nous avons choisi certaines pièces afin d’avoir une diversité d’offre. Mais le parti pris est qu’il n’y ait pas de sélection véritablement. Chaque artisan proposant ses pièces pourra accéder à Empreintes. Bien sûr, il y a un regard artistique pour la scénographie et l’identité visuelle générale, mais en tant que syndicat, notre devoir est d’offrir à tous la même visibilité. C’est aussi un lieu de stimulation de la création, chacun peut y accéder mais il doit tout de même donner le meilleur de lui même.
Quels sont leurs retours?
C’est le bonheur ! Ils sont enchantés et c’est l’unanimité absolue. Ils se sentent chez eux. Il y a une simplicité dans la présentation qui met en avant l’objet, mais aussi d’où ils viennent, leurs portraits, leurs noms, des images de leurs ateliers… On achète la pièce d’untel ou d’unetelle, on crée une forme d’intimité. C’est fantastique.
Oui, c’est exactement ce que nous avons recherché avec la scénographie. Quelque chose de simple qui permettait de créer la rencontre, avec une vente quasi directe du créateur au public. Le but était de trouver une scénographie qui valorise les objets et fasse en sorte que tout le monde se sente bien. Nous avons vraiment voulu faire en sorte que l’on retrouve les codes du magasin, avec des étiquettes sous les pièces, car nous ne sommes pas dans une galerie, ni dans un musée et nous ne voulions pas qu’il y ait de distance entre le visiteur et les pièces proposées. C’est important car aujourd’hui, les métiers d’art sont assez peu connus.
Elizabeth, comment avez vous conçu la scénographie du lieu ?
Nous avons pensé l’espace un peu comme un parcours qui s’articulait entre différentes thématiques, avec parallèlement un gros travail de la couleur, car ce lieu est très blanc. Au rez-de-chaussée, nous avons pris une direction coloristique se situant plutôt dans les tons froids, les céladons et les bleus. Il y a quelque chose dans ces tons de très serein. On a un peu l’impression d’arriver dans un oasis. Le visiteur découvre en premier cet espace, à la fois lieu de vente et d’exposition des artistes, avec notamment de nombreuses pièces à des prix accessibles pour tous. En plus de notre mission qui est d’aider les artisans à se commercialiser et à découvrir de nouveaux marchés. Il y avait dès le début une vraie volonté de partage de ces univers. Nous avons donc imaginé des “cellules créateurs”. À l’aide de photos, on entre dans l’intimité des ateliers en découvrant les processus de création, les techniques, l’inspiration. L’idée, c’est vraiment que l’on plonge au cœur du métier d’art avec ses savoir-faire, ses techniques et ses différentes matières. Toujours dans un esprit pédagogique, nous avons une salle de projection au sous-sol où nous diffusons des films sur les métiers d’art. Au premier étage, on retrouve la boutique des arts de la table et un café où nous sommes associés avec By Season. L’idée était là aussi de créer un lieu de rencontre et de conversation où l’on puisse déguster dans l’assiette ou la tasse du créateur puis pouvoir l’acheter tout de suite après. Dans la deuxième partie sont exposés des céramistes et des créations dont la thématique pour l’ouverture portait autour du bois, avec un panel de différentes techniques. Au deuxième étage, on découvre l’espace boutique du précieux, le boudoir, où les bijoux sont à l’honneur, et l’espace mobilier et luminaire, présenté un peu comme un stock. Enfin, au dernier étage, il y a le cabinet de curiosités et le coin bibliothèque, avec une centaine d’ouvrages sur les métiers d’arts, toujours dans cette envie de partage et de découverte.
Vous allez changer régulièrement les collections ?
Dans la réalité, cela prend du temps de faire les objets, donc l’idée c’est d’évoluer en fonction de ce que les adhérents vont pouvoir fournir. Orchestrer de nouvelles thématiques et essayer d’impulser à chaque fois de la nouveauté, sans toutefois être dans une course effrénée. Ensuite ce lieu est conçu pour pouvoir être transformé assez facilement, donc la scénographie évoluera en fonction des collections des créateurs.
D’autres projets à venir ?
Certainement des projets de collaboration, mais pour commencer, la création d’un site e-commerce pour que tous les artistes puissent vendre à l’international !
Crédits : Eve Campestrini @thesocialitefamily
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