Au 12 rue Saint-Fiacre (Paris – 2ᵉ arrondissement), c’est tout l’univers de notre marque qui prend vie, pour de vrai et pour de...
DA/DA. Un nom qui résonne joliment aux oreilles, tout comme le rire si communicatif de Diane Ducasse, l’âme de cette nouvelle marque française qui détonne. Car Diane s’amuse et joue des codes du vestiaire masculin pour mieux poser sur nos épaules ses manteaux de velours et gilets de laine. Si ce sont les hommes qui l’inspirent, c’est pour les femmes qu’elle crée, assemble formes, couleurs et bouscule avec humour les traditions. Le résultat est splendide, les finitions parfaites et les tissus de grande qualité. Un brin canaille, on aime ces silhouettes assumées, où originalité et qualité se côtoient. Quand se vêtir (re)devient un trait d’humour sur la logique et les convenances, mélange d’extravagance et de dérision. C’est peut-être ça le dadaïsme version DA/DA.
Diane, pouvez-vous vous présenter ?
Je suis styliste et travaille en free-lance pour différentes marques. Je donne également des cours de stylisme depuis trois ans au Studio Berçot où j’ai fait mes études. Parallèlement, j’ai monté ma collection de prêt-à-porter féminin haut de gamme, DA/DA. Des produits “Fabriqué à Paris”.
Comment vous est venue l’envie de faire du stylisme ?
Je ne sais pas trop, j’ai toujours aimé m’habiller, être un peu différente et surtout m’amuser avec les vêtements. J’aimais beaucoup dessiner aussi, mais je n’étais pas forcément férue de magazines : c’était plus instinctif. Étant très studieuse et ne sachant pas quoi faire après le lycée, j’ai fait une prépa HEC. Je suis ensuite partie à New York où j’ai fait beaucoup de rencontres qui m’ont donné envie de me remettre à dessiner. Puis, j’ai entendu parler du Studio Berçot et je me suis dit “pourquoi ne pas tenter cette voie-là ?” !
DA/DA c’est quoi ?
Je pars de vêtements d’hommes que j’adapte aux femmes. C’est venu d’un constat simple : on pique souvent les vêtements de nos hommes mais ils ne tombent pas toujours très bien. Et dans les collections femmes, dès qu’on veut des vêtements un peu plus masculins, soit les coupes sont un peu étranges, soit les matériaux sont de moins bonne qualité. Avec DA/DA, j’ai voulu combiner de belles matières et de belles coupes avec de la fantaisie. Un bel exemple est le manteau oversize en velours côtelé rose, où j’ai mis le velours dans l’autre sens. J’avais envie de jouer des codes et surtout de m’amuser, qu’il y ait un côté ludique.
Est-ce que cela est le fil rouge de votre marque ?
Un air de garçon, c’est vraiment ce qui conduit mes collections. Ensuite, cela ne m’empêche pas de faire des pièces féminines. Pour l’été, j’ai par exemple une jupe longue plissée portefeuille très japonisante. Toutes mes pièces ne sont pas masculines mais il y a une vision d’ensemble et une identité, avec toujours cette idée du vestiaire masculin en trame de fond.
Quelles sont vos matières fétiches ?
J’aime beaucoup le coton, brut et sous toutes ses formes, les velours, la flanelle et bien sûr les laines. Disons que j’aime les matières nobles et naturelles et j’applique ce principe à mes collections. Les lainages viennent d’Italie, les cotons d’Angleterre. Il y a beaucoup de couleurs, je n’ai pas de noir dans cette collection. Je m’en approche avec du gris anthracite. Pour moi, le côté dadaïste, c’est aussi la couleur. Ce qui me va bien car je ne porte jamais de noir. Je préfère les faux noirs, gris foncés, le bleu marine, etc.
Qui sont les femmes DA/DA ?
Elles sont multiples ! Je touche beaucoup les femmes qui sont à la recherche de quelque chose de chic mais qui veulent être à l’aise dans le vêtement. Elles ont souvent beaucoup de goût et savent exactement ce qu’elles veulent, ce qui est assez perturbant. J’ai aussi des plus jeunes, qui elles, détournent complètement mes pièces. Enfin, les hommes me réclament une collection qui leur est destinée ; c’est un projet qui me plairait.
Depuis combien de temps êtes-vous installée ici ?
Même pas trois semaines ! C’est encore un peu vide pour l’instant mais les idées sont là. Mon ami est un passionné de déco. Il est très sûr dans ses choix. On aime beaucoup chiner. Il y a plusieurs époques qui nous plaisent, notamment les années 50 et 70. On aime mixer des pièces design avec des choses inconnues, comme ce canapé qu’on a trouvé sur leboncoin.
Que manque-t-il chez vous ?
Il manque beaucoup de choses encore. On a envie d’une belle œuvre. Nous réfléchissions à un exemplaire du Saut dans le vide de Klein ou d’une œuvre de Roman Opalka. Nous voulons ajouter aussi les sublimes enceintes Quad de 1957 appelées “radiateurs chantants”, considérées par beaucoup comme un des plus grands produits hi-fi de l’histoire. Elles iront avec une platine vinyle très rare, notamment vue dans le film Orange mécanique et dans les musées d’art contemporains de New York et d’Amsterdam.
Quelles sont vos inspirations ?
Plein de choses. Je suis hyper curieuse, je passe mon temps à regarder les gens, observer la vie du quotidien. Je vais souvent faire des recherches à la bibliothèque, je consulte des archives… Les voyages m’influencent beaucoup. Je viens de la Réunion, cela joue. Et le cinéma, certaines époques au cinéma m’inspirent énormément. Pour la première collection, l’époque des années 20 en Angleterre avec tous ces brigands si bien habillés, les couleurs, les marrons chauds. J’adore aussi les films sur la mafia. Pour l’été, c’était plus l’époque du jazz aux États-Unis, avec des couleurs un peu passées, jaunes, beiges, bleu ciel. Oui décidemment beaucoup beaucoup le cinéma !
Une adresse à nous recommander ?
Dans la rue du Cherche-Midi, on a découvert un minuscule resto italien, L’Altrove. C’est typique : il y a trois plats de pâtes, quelques entrées et c’est délicieux. Notre cantine de proximité
Photographies & Texte : Eve Campestrini – Traduction : TextMaster @thesocialitefamily
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