Pavillon Southway, <br>Maison d’art marseillaise

Pavillon Southway,
Maison d’art marseillaise

Pavillon Southway : un nom qui met à l’honneur le Sud pour un projet artistique à l’identité forte. Une maison de collectionneur au style esthétique et à la production créative inclassable pensée par Emmanuelle Luciani, commissaire d’exposition mais aussi artiste originaire de la cité phocéenne. Un pari culturel réussi porté par cette passionnée de l’arte povera et de l’art médiéval au parcours impressionnant, qui a su rallier à sa cause Élie Chich, un de ses anciens élèves désormais devenu son bras droit. Deux âmes liées à travers une passion commune : celle de l’histoire de l’art et plus particulièrement celle des Arts & Crafts. Désireux de faire vivre l’art « hors des capitales et du Nord industriel », le duo interroge dans cette maison du quartier de Mazargues la relation intime entre décoration et art. Un lieu singulier dont les volumes généreux accueillent les réalisations d’artistes ayant une « sensibilité au savoir-faire et à l’histoire » au gré des expositions. La réconciliation de « l’art et de l’artisanat, de la pratique artistique et de la décoration » dans un endroit où la créatrice dispose d’une liberté totale. Une vision de la création transversale, mêlant le high and low, partagée par les deux collaborateurs ayant à cœur de développer cet espace hybride, aux frontières de la galerie d’art, de l’atelier, mais aussi de la chambre d’hôte, dans lequel se pressent experts et néophytes de tous âges. Des collectionneurs avertis ou de simples curieux, avides de découvrir œuvres totales et réalisations domestiques. Des créations qui embrassent l’atmosphère singulière de cette construction du XIXesiècle aux détails décoratifs enchanteurs. Autant de souvenirs gardés précieusement pour une rencontre détonnante entre « le sud de la France et la suburb américaine ».

Pavillon Southway. 433 boulevard Michelet, Marseille – 13009. Réservation par e-mail à hello@southwaystudio.com. Visite des expositions sur rendez-vous du lundi au vendredi, de 14h à 17h. Entrée à 5€.

Salle d'exposition avec tomettes au sol, lustre et miroir au Pavillon Southway à Marseille
Oeuvres d'art dans le salon de Pavillon Southway à Marseille
Emmanuelle Luciani dans le couloir du Pavillon Southway à Marseille
Miroir et dorure dans la salle d'exposition du Pavillon Southway à Marseille
Couloir avec porte vitrée et marbre au Pavillon Southway à Marseille

Emmanuelle, Élie : pouvez-vous vous présenter ?

Emmanuelle

Je suis Emmanuelle Luciani, commissaire d’exposition indépendante depuis neuf ans et fondatrice de Southway Studio.

Élie

Je suis Élie Chich, le bras droit d’Emmanuelle, que j’assiste sur tous ses projets depuis deux ans.

Quel est votre parcours ?

Emmanuelle

J’ai une triple formation (histoire de l’art ‒ notamment l’art médiéval et l’arte povera à Rome ‒ beaux-arts et droit) qui me permet beaucoup de fluidité dans mon travail, je vois les choses sous des prismes différents. J’allie la pratique et la théorie. Après plusieurs expériences dans le marché de l’art, et en galerie, je suis devenue commissaire d’exposition indépendante vers 2012-2013 et, depuis, je multiplie les projets.

Élie

Je suis spécialisé dans les arts décoratifs des années 1900-1950. J’ai rencontré Emmanuelle à Sciences Po durant l’un de ses cours, et son travail m’a immédiatement intéressé ! Elle entretient un lien fascinant avec l’Histoire, qui est une source infinie d’inspiration. Nous partageons une vraie passion pour les Arts & Crafts, le rapport art et décoration, et la place de l’art dans le milieu domestique.

Parlez-nous de votre éducation à l’art, à son histoire.

Emmanuelle

C’est l’art médiéval qui m’a poussée à étudier l’histoire de l’art et l’arte povera. J’ai une vision globale de l’art, qui ne se limite pas à l’art contemporain, elle rejoint aussi l’artisanat par exemple. Les cabanons dans lesquels j’ai passé tant de temps m’inspirent autant que les palais ou les châteaux forts. C’est cette rencontre du high and low qui m’intéresse.

Élie

J’ai toujours admiré les « beaux objets » et j’ai eu très vite cette envie de les « toucher ». La chose la plus importante est de comprendre qu’ils ont une vie hors des vitrines ou des musées !

Le Pavillon Southway est un lieu hybride dédié aux arts et à l’artisanat. Racontez-nous la genèse de ce projet.

Emmanuelle

Après plusieurs expositions temporaires (au MO.CO pour Nicolas Bourriaud, au Mrac avec Sandra Patron, ou au MAMO pour Ora-Ïto) mobilisant des artistes internationaux (Sterling Ruby, Urs Fischer, Korakrit Arunanondchai en partenariat avec la galerie Gagosian), il me fallait un endroit où ancrer de manière pérenne mes activités. J’ai donc conçu le Pavillon sur un format qui me permet plus de souplesse dans mes projets, qu’ils soient curatoriaux ou de production. Plus qu’ailleurs, mes expositions deviennent des œuvres totales, toujours précédées de mes recherches et des séminaires à Sciences Po ou aux Beaux-Arts. Une grande partie de notre travail est par ailleurs constituée de commandes pour des intérieurs privés ou des architectes. Le Pavillon est donc le meilleur moyen de montrer nos créations et notre savoir-faire ! Nous continuons en parallèle à organiser des expositions, en France et à l’étranger, comme à Everyday Gallery à Anvers (History of Fantasy), ou chez Alexandra Romy (Too fast too knight) à Zurich, cette année.

Élie

Nous voyons l’art différemment dans un milieu privé, domestique ou quotidien. Aménager Le Pavillon, y organiser des expositions, est aussi un moyen de réconcilier art et artisanat, pratique artistique et décoration.

Emmanuelle et Elie dans le couloir du Pavillon Southway à Marseille
Oeuvres d'arts accrochées avec plantes au Pavillon Southway à Marseille
Oeuvres d'art sur le sol en tomette au Pavillon Southway

Aménager Le Pavillon, y organiser des expositions, est aussi un moyen de réconcilier art et artisanat, pratique artistique et décoration.

Décoration murale dans le salon du Pavillon Southway
Salon avec ouvertures et plante au Pavillon Southway à Marseille

Pourquoi avoir choisi ce nom ?

Emmanuelle

Toute l’idée vient d’un show que j’ai fait à Londres From Transhuman to South Perspective, en 2016, et de l’exposition Les Chemins du Sud que j’avais organisée en 2019 au Mrac de Sérignan. À travers ce nom, je veux montrer qu’il y a un art hors des capitales et du Nord industriel. Il y a huit ans, quand j’ai commencé mon activité, c’était difficile d’agir hors de Paris. Depuis quelque temps, cela tend à changer.

Qu’ont en commun les artistes de votre collectif ayant la chance d’exposer chez vous ?

Emmanuelle

Les artistes qui gravitent autour du studio, ou avec qui nous collaborons, ont tous une sensibilité au savoir-faire et à l’histoire, ainsi qu’à la pop culture. Tous sont fantastiques, avec des qualités plastiques fortes. Nous avons mis longtemps à les dénicher. L’idée collective ne remet jamais en cause leur individualité. Elle est plutôt complémentaire, les projets solos se conjuguant aux projets collaboratifs et aux expositions.

Quelles disciplines est-il possible de retrouver entre vos murs ?

Emmanuelle

La maison évoluant au gré des expositions et des projets, les techniques que nous pouvons y voir changent. Mais la plupart du temps, nous y retrouverons des techniques assez anciennes comme le stuc-chaux, la céramique, le métal, la peinture à l’huile. Nous allons toujours au bout des techniques ! Nous avons aussi commencé à travailler avec des artistes digitaux et des musiciens. Nous allons prochainement faire de la peinture de carrosserie. C’est en perpétuel mouvement !

Votre maison est une ancienne bâtisse du XIX. Racontez-nous son histoire.

Emmanunelle

C’est un peu une rencontre entre le sud de la France et la suburb américaine. J’aime beaucoup le quartier de Mazargues – où se trouve le Pavillon – qui est un ancien village et qui conserve une identité forte. J’ai eu l’opportunité de récupérer et de rénover cette maison, c’était une grande chance, et nous nous sommes beaucoup investis pour qu’elle soit ouverte à temps.

Escalier en bois et mosaïque au Pavillon Southway à Marseille
Verrière avec table en marbre au Pavillon Southway à Marseille
Coupelle avec pommes dans la cuisine dans le Pavillon Southway à Paris
Cuisine avec étagères blanches dans le Pavillon Southway à Marseille

Vous inspire-t-elle pour créer ?

Emmanuelle

Ce qui nous intéresse, c’est de nous confronter à des défis différents. Nous nous inspirons du contexte, du lieu… la maison est un exercice parmi d’autres projets. Nous avons renoué avec l’idée de « commande », donc elle est idéale pour créer en vue d’œuvres domestiques. En tant que telle, la maison ne nous limite pas. Nous ne nous circonscrivons pas à Marseille.

Élie

Au Pavillon, hormis dans la salle d’exposition qui est vraiment centrée sur des problématiques propres à chaque show, nous allons pouvoir montrer ce que nous pouvons faire pour des pièces domestiques, comme des hottes de cheminée, du mobilier, etc.

Recevoir clients et curieux entre vos murs, qu’est-ce que cela permet ?

Élie

Recevoir du monde crée une véritable émulation, qui s’inscrit complètement dans notre volonté de transversalité. Le Pavillon Southway est un écosystème qui permet la rencontre de gens très différents, entre curieux, artistes contemporains et décorateurs.

Le Pavillon Southway fait également chambre d’hôte et résidence d’artistes. Comment avez-vous investi ces pièces de vie ?

Emmanuelle

La maison est en perpétuel mouvement. L’accrochage change souvent en fonction des ventes et des productions. La chambre est remplie d’œuvres d’art, avec une fresque au plafond. Elle se devait d’être un voyage accompagné par nos œuvres. Il y a une coexistence qui fonctionne entre les artistes résidents et les gens de passage, qui viennent louer la chambre ou visiter le Pavillon.

Élie

L’idée est aussi de proposer une variation contemporaine sur l’archétype de la maison de collectionneur du XIXᵉ ou du XXᵉ siècle.

Comment Marseille influence-t-elle votre travail ?

Emmanuelle

C’est une ville du high and low, où se rencontrent le passé antique, le modernisme et le football. Quand on fait un vase, c’est autant une œuvre inspirée d’un vase étrusque que de la coupe d’Europe de 1993, celle aux grandes oreilles. C’est pour ça que nous avons des collectionneurs d’art contemporain très avertis et d’autres plus néophytes !

Élie

Marseille est une ville qui absorbe et synthétise les influences. Cela se voit aussi dans l’architecture, comme les maisons fantaisistes des années 1930-1950, que l’on peut notamment trouver dans les quartiers sud, et qui sont des variations uniques à la ville.

Emmanuelle

Le studio se nourrit aussi bien de la grande histoire, de l’art antique ou médiéval que des calandres des voitures de sport, des motifs propres au football ou de l’esthétique de la littérature fantasy. Nous venons par exemple de faire un salon de vampire pour notre dernière exposition.

Pouvez-vous nous conseiller des lieux, des projets culturels à découvrir ?

Emmanuelle

J’aime énormément le musée des Beaux-Arts. Par-dessus tout, je suis très attachée au musée Granet à Aix-en-Provence. Granet est un des premiers à avoir compris les particularités du paysage du sud de la France, et je me reconnais dans son parcours, entre Aix et Rome. Je recommande aussi le Tuba Club où nous avons réalisé une peinture murale pour son architecte Marion Mailaender, qui a tout de suite compris notre travail. Tuba Club est un endroit idyllique où loger, boire un verre, en bord de mer, vers les Goudes. En lieu insolite, Jogging est une boutique de mode complètement folle, très belle à voir. L’univers d’Olivier Amsellem est très intéressant et nous allons prochainement y intervenir.

Élie

Je recommanderais le musée des Arts décoratifs, au château Borély. Mais je pense qu’explorer la ville est primordial. Marseille est très intéressante sur le plan architectural. Des édifices du XIXᵉ siècle sont côte à côte avec des constructions des années 1930 ou des immeubles plus modernes, c’est un millefeuille architectural improbable, le tout entrecoupé par des passerelles routières qui sortent de n’importe où ! J’aime aussi beaucoup le Café Luciani, évidemment, qui est la torréfaction la plus ancienne encore en activité à Marseille, et qui a été décoré par le studio.

De quelle manière souhaitez-vous développer Le Pavillon Southway ?

Emmanuelle

Je veux continuer à réaliser des projets de plus en plus grandioses et intéressants pour nos expositions à travers le monde, nos collectionneurs et commanditaires privés. Nous allons développer cet espace hybride, entre lieu d’exposition et de production et lieu de vie, avec la chambre à louer.

Hotte blanche et crédence en mosaïque dans la cuisine du Pavillon Southway à Marseille
Chambre blanche avec décoration au plafond au Pavillon Southway à Marseille
Fauteuil crapaud en velours, table basse et oeuvres d'art au Pavillon Southway à Marseille

Les artistes qui gravitent autour du studio, ou avec qui nous collaborons, ont tous une sensibilité au savoir-faire et à l’histoire, ainsi qu’à la pop culture.

Poterie avec dorure au Pavillon Southway à Marseille
Atelier d'artiste au Pavillon Southway à Marseille
Oeuvres d'arts dans l'atelier d'artiste du Pavillon Southway à Marseille
Fresque et banc dans le Pavillon Southway à Marseille Oeuvres d'arts et console dans le Pavillon Southway à Marseille

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