Familles
A Bayonne, une maison basque repensée comme un cottage à l’anglaise par la créatrice de contenu Elisa Gallois
Chez
Elisa et Denis Gallois
Elle a le rire facile et semble tout droit sortie d’un air de Neil Young. Elisa Gallois, que beaucoup connaissent sous le pseudonyme inspiré d’« Et Dieu Créa », ne semble rien d’autre qu’elle-même, se dit-on après seulement un quart d’heure à ses côtés. Et ça nous plaît. Avec son compagnon Denis et leur famille, ils ont fui la capitale après une pandémie passée à huis clos, dans un tout petit appartement – elle le narre en riant – et posé leurs bagages quelque part dans un joli quartier de Bayonne. Cette infatigable voyageuse, dont les débuts remontent à l’ère des blogs – qui paraît si lointaine, désormais – où elle partageait sa vie de famille, ses recettes et ses voyages, s’est depuis transférée sur les réseaux sociaux au goût du jour. Et ça marche : Plus de 320 000 âmes se délectent entre autres de ses billets d’humeur, comme elle les nomme, postés chaque jour ou presque sur Instagram. Et si nous n’avons qu’une connaissance limitée des influenceurs de ce monde, notre première surprise aura bien été de constater qu’Elisa Gallois, à la ville comme à la scène, est la même : généreuse, le sourire et le regard doux, littéraire et inspirée, la voix légère sautant d’un sujet à l’autre. Virevoltant au milieu de ses fleurs, de ses Vierges et de son décor à la Miss Marple, communicant sa bonne humeur et son optimisme qui semblent immuables à tout son entourage, le petit chien Neige sur ses talons. Pas de publicité mensongère ici. « On peut avoir 48 ans et une âme d’enfant » indique son mantra sur les réseaux. The Socialite Family confirme. Visite guidée.
Lieu
Biarritz
texte
Elsa Cau
Photographies et Vidéos
Jeanne Perrotte, Gautier Billotte
TSF
Quel est votre parcours, à chacun ?
Denis
J'ai suivi des études qui n'ont rien à voir avec ce que je fais aujourd'hui : la biologie à Caen puis à Bordeaux. Ensuite, j'ai vécu à Marseille et pour finir, à Paris. J'ai bossé un peu dans l'environnement, surtout le recyclage de déchets. A côté, j'avais toujours des activités de passion : un peu DJ, un peu de communication. J'ai travaillé dans un magazine bénévolement, mais ç’a pris pas mal de place dans ma vie. Et puis, j'ai eu une opportunité dans une boîte où je travaillais de passer sur les sujets de communication. Après quoi je suis parti dans une agence de communication dans laquelle je m'occupais de la partie numérique, pour des secteurs allant de l'immobilier à l'automobile en passant par la beauté... En parallèle, je faisais un peu de technique : caméras, micros, pour aider ! J'ai beaucoup vadrouillé et fonctionné à l'opportunité. Aujourd'hui, je suis indépendant et je travaille avec Elisa, dont la communauté a grandi progressivement, à tel point que c'est devenu un plein temps pour elle.
Elisa
Pour ma part, j'ai fait des études de lettres à Nice que j'ai financées seule en étant vendeuse. Comme j'étais douée pour la vente, on m'a, très jeune, proposé un gros poste. Entre continuer à être étudiante, galérer et commencer une carrière, je n'ai pas hésité. Puis, je suis partie vivre trois ans à San Francisco, où j'ai bossé dans le retail. J'ai passé du temps dans de grosses entreprises qui m'ont formée. Je suis devenue bilingue et j'ai fait du visual merchandising, enfin, je ne vais pas détailler l'ensemble : disons différents types de postes. Je suis rentrée après le 11 septembre. Je suis allée à Paris parce qu'il y avait du boulot là-bas. J'y suis restée vingt ans, dans la mode et le luxe. Je suis passée des points de vente à la communication, j'ai été directrice de flagship. Et pendant pratiquement dix ans, j'ai mené en parallèle mon blog, puis mon compte Instagram. A ce titre, j'ai beaucoup travaillé pour des marques. C'étaient les débuts du web pour tout un tas de maisons : j'ai tenu la newsletter familiale Monoprix pendant plusieurs années, par exemple. J'ai eu plein de missions comme ça. Et puis un jour, j'ai bénéficié d'un licenciement. Ça devenait impossible pour moi de tout mener de front : ç'a été le coup de pied nécessaire pour que je réussisse psychologiquement à me lancer seule, en tant qu'indépendante. C'était un gros frein pour moi. J'avais très peur parce que mon salaire était important dans notre budget familial.
TSF
Quand vous êtes-vous lancée, alors, Elisa ?
Elisa
C'était il y a huit ans. Deux ans avant qu'on ne quitte Paris. Je ne me suis pas lancée tout de suite dans l'influence. Au début, j'ai commencé à bosser pour d'autres, à gérer la communication digitale de plusieurs boîtes. J'ai eu la chance d'avoir très rapidement des contrats. Quand nous avons quitté Paris pour nous installer ici, c'était ça, ma première occupation financière. De gérer la communication digitale pour différentes marques. C'est ce qui me faisait vivre. En parallèle de ça, j'ai monté une entreprise avec deux associés qui s'appelaient Maison Sauge. On l'a revendue. Et puis, au fil du temps, peu à peu, j'ai abandonné les clients dont je m'occupais en communication digitale pour me consacrer uniquement à mon compte, parce qu'à un moment donné, ce n'était plus possible de tout gérer, une fois de plus. La création de contenu a beaucoup évolué. On est passé de la production de simples photos et de petits textes à des vidéos plus complexes. Il fallait du temps. Et puis moi, ça m'allait très bien parce que je fais un métier de passion. J'ai eu plusieurs casquettes professionnelles et aujourd'hui, je fais exactement ce que j'adore. Je me réveille tous les matins en me disant que j'ai énormément de chance de faire ce job.
TSF
Pouvez-vous nous le décrire, ce métier d'influence, de créateur de contenu ?
Elisa
On parle beaucoup des influenceurs, mais je crois que c'est un gros sac dans lequel on met tant de profils différents. Pour ma part, je pense ma page comme un magazine, comme une récréation que j'offre avec un côté personnel en plus. J'y propose de la cuisine, de la déco, des questionnements que je nomme billets d'humeur. L'idée, c'est que le champ de discussion soit très large. Je m'adresse à des femmes qui ont peu de divertissement dans leurs vies parce qu'elles les mènent de façon ultra-intenses, ultra-chargées. Mon contenu est volontairement léger tout en étant sérieux, mais je me dis que si je peux déjà créer un sourire, un moment de détente dans la journée, c'est énorme. J'adore ce que je fais parce que j'ai beaucoup d'échanges avec les femmes qui me suivent. C'est très riche. C'est un métier grâce auquel je peux laisser pleinement s'exprimer ma créativité. Et c'est un aussi un métier qui crée beaucoup de fantasmes. Bien des gens pensent que c'est facile, léger, que ça ne prend pas beaucoup de temps, alors que je travaille dix fois plus que lorsque j'étais salariée. Mais j'adore et j'espère que ça va durer encore très longtemps.
TSF
Justement, quel est votre rôle à chacun dans cette entité que représente votre page Instagram ?
Elisa
À un moment donné, j'ai eu besoin de compétences que je n'avais pas et que Denis a su développer, qui sont techniques, notamment de montage. En fait, toute la partie création, tout ce qui est réfléchi en amont du contenu, c'est moi. Parce que ça ne pourrait pas être quelqu'un d'autre, cette page. C'est très incarné. En revanche, Denis, il a déjà travaillé pour un magazine. Il a aussi toujours été à l'aise avec les outils numériques. Et il continue de les développer parce qu'en fait, ce qu'on faisait au début et ce qu'on fait maintenant, ça n'est plus comparable. C'est un métier qui évolue non-stop.
Denis
Oui, on a appris ensemble, parce qu'on a démarré à l'époque des blogs. On en avait tous les deux un, qui nous occupait bien. Celui d'Elisa, c'était déjà l'esprit de son compte Insta. Le mien portait plus sur la culture, concerts, expositions.
Elisa
Beaucoup de street art, aussi ! Oui, on apprend. Il faut se remettre en question, complètement, tous les six mois. Il n'y a pas d'autre option. Et ça, c'est quelque chose que j'aime beaucoup. Sans oublier que tout est très rapide. Lorsqu'on crée du contenu pour des marques, les gens veulent tout en trois jours. On fait parfois six corrections en un seul après-midi. Sous une apparente facilité, il y a un professionnalisme réel. Lorsque c'est du contenu pour moi, c'est plus léger, plus spontané. En revanche, pour les marques - et puis c'est aussi ma patte - j'ai décidé de proposer des collaborations commerciales qui sont vraiment léchées. Ça nécessite beaucoup de travail en amont.
TSF
Pourquoi ce nom, @EtDieuCrea ?
Elisa
C’est une référence à Roger Vadim avec Et Dieu… créa la femme, qui est mon film préféré. Quand j’ai lancé mon blog, je partageais des coups de cœur culturels, notamment cinématographiques. C'est resté.
TSF
Quel est le modèle économique, concrètement ?
Elisa
J'ai commencé à l'époque où il n'y avait même pas Instagram, donc j'ai assisté un peu à toute cette évolution. J'ai senti que ça se professionnalisait vraiment il y a sept ans et j'ai tout de suite adhéré à ce format. Aujourd'hui, on est contraint, en tant que créateur de contenu, de faire des des collaborations commerciales parce qu'il n'y a pas de schéma économique qui permette, comme dans d'autres schémas audiovisuels, d'être rémunéré en fonction de l'audimat, comme ça peut l'être sur YouTube par exemple. Ces collaborations commerciales permettent de proposer du contenu gratuit à côté. On a toujours gardé la volonté de faire 80% de contenu totalement gratuit. On appelle ça "organique" dans le jargon du métier. J'estime que c'est fair-play pour ceux qui me suivent.
TSF
Dans quel environnement avez-vous grandi, et comment a-t-il influencé vos goûts ?
Denis
On a des parcours qui sont complètement différents. Moi, j'ai grandi à la campagne, dans le Maine-et-Loire près d'Angers, mais vraiment paumée ! Très vite, j'ai voulu partir. A 11, 12 ans, l'objectif, c'était quitter les champs et gagner la ville. J'avais une grand-mère qui habitait dans la ville d'à côté, où je suis allé vivre la moitié du temps pour être plus près de l'école. Et puis, quand il a fallu faire des études, là, j'ai voulu partir encore plus loin. Mon enfance était assez solitaire : on était plutôt isolés à la campagne. Et j'ai trouvé ça génial jusqu'à mes 10 ans. Les cabanes dans les arbres, pouvoir crier sans gêner personne, faire du motocross dans les champs avec les grands... Mes parents, ils nous ont transmis le fait d'aller à fond dans tout ce qu'on fait, de ne pas se poser de barrière. Que, lorsqu'on veut quelque chose, il faut aller le chercher. Mais d'un point de vue culturel, on partage assez peu de chose à part notre histoire familiale.
Elisa
Mon grand-père était musicien, ma grand-mère avait fait du théâtre, tout le monde était féru de littérature, très intellectuel et fier de l'être, peut-être même un peu trop. J'ai grandi au Cameroun jusqu'à mes quinze ans, environ. Puis beaucoup en pensionnat en France, sur la Côte d'Azur. Cette période en Afrique m'a profondément marquée : avec mes yeux d'enfant, j'ai assisté au racisme et au post-colonialisme. Je me suis sans doute aussi construite en opposition à ça. Pour mes parents, c'était hyper important qu'on fasse des longues études, qu'on soit premiers de la classe. Et du coup, moi, j'ai vraiment fait ce qu'ils voulaient. Donc, il y a des côtés très positifs en ce sens que j'ai des bases qui m'ont quand même toujours servi. Mais à côté de ça, j'ai grandi dans un cadre très strict, rigide. Et j'étais l'originale de la famille. On était très nombreux, proches de nos cousins, avec de grandes réunions, et j'ai toujours préféré être seule. J'ai toujours eu du mal avec l'autorité aussi et très rapidement, je me suis débrouillée toute seule. Après, j'ai ce schéma familial très stable a fini par exploser, en revanche. Et du coup, la séparation de mes parents, ça a fait que moi, je me suis très vite retrouvée en électron libre. Donc, j'ai financé mes études seule. Mais j'ai ce socle qui, culturellement parlant, est très fort et dont je les remercie.
TSF
Les créateurs de contenu se rencontrent-ils en ligne ?
Elisa
On s'est rencontrés sur Facebook (rires). Moi, j'étais mère célibataire, je ne sortais pas beaucoup. J'étais seule avec mon fils. On est allés boire un verre. Et après, c'est allé très rapidement. Ça a marché très vite, très fort.
TSF
Nous sommes ici chez vous. Racontez-nous l’histoire de ce lieu.
Elisa
Cette maison est pour nous une grande aventure. Ça faisait un moment qu'on cherchait à partir d'Anglet parce que notre maison était trop petite. On était un peu les uns sur les autres, en famille ! On a commencé à chercher, on est venus visiter ici une première fois et elle nous est littéralement passée sous le nez parce que dans ce coin, il y a très peu de locations, plutôt des ventes. On n'avait pas le dossier qu'il fallait. Bref, d'autres gens ont eu cette maison. Et je ne sais pas pourquoi, quelques semaines après, il manquait une pièce à notre dossier, je l'ai obtenue et je me suis dit: "allez, je l'envoie". L'agence m'a rappelée trois jours plus tard. Les personnes qui avaient donné leur accord pour la maison, à la dernière minute, ont changé d'avis et nous, on l'a eue. Et la raison pour laquelle ils n'ont pas voulu venir ici, c'est parce qu'il y avait eu un énorme dégât des eaux, puis que la maison avait été inhabitée pendant quelques mois. Elle était dans un état qui pouvait décourager pas mal de monde (rires). Nous-mêmes, on a eu un peu peur !
Denis
On a tout d'abord vu les volumes des lieux, qui n'étaient pas du tout ce qu'on connaissait et qui datent de la construction de la maison, en 1939. On était dans une maison neuve avant. Ça nous a tout donc tout de suite plu. Et à la deuxième visite, quand même, on a vu qu'il y avait du volume mais qu'il y avait aussi beaucoup de boulot. (Rires)
Elisa
Et beaucoup de défauts qui pouvaient être très contraignants. Le jour où on a signé, je me suis cassé le pied. Le soir, Denis m'a dit : "je crois qu'on a vraiment fait une connerie avec cette maison". Il avait passé deux heures et demie à faire l'état des lieux, seul, avec un agent extérieur qui n'arrêtait pas de lui dire "mais c'est une catastrophe." En fait, tout était cassé, abîmé et sale, sans oublier ce dégât des eaux qui s'est invité.
Denis
C'est à peu près ce qu'il y a d'écrit partout sur l'état des lieux. Surtout, entre la dernière visite et jusqu'à quelque temps après l'emménagement, il y a eu à peu près deux ou trois semaines avec des échafaudages extérieurs partout autour de la maison, et quatre ou cinq ouvriers. Donc, c'était un peu l'auberge espagnole quand on est arrivés, et on a vécu avec eux !
Elisa
On a passé trois mois à récurer avant de pouvoir être vraiment bien dans cette maison. ça, c'était la première étape, bien avant de la faire à notre goût, de faire en sorte qu'elle nous ressemble, même si nous ne sommes qu'en location. Il fallait tout reprendre depuis le début. D'ailleurs, dans cette maison, c'est drôle : il y a des portes partout, parfois qui ne mène nulle part. Les habitants successifs ont modulé la maison et j'ai l'impression qu'ils ne sont jamais allés au bout des travaux.
TSF
Vous êtes en location. Vous avez donc décidé de bricoler et de décorer votre maison vous-mêmes.
Elisa
Oui. Nous avons repeint chaque pièce, dans certaines d'entre elles les murs étaient particulièrement sales et nous avons dû longuement les nettoyer, parfois refaire un enduit et une peinture pour qu'ils soient sains.
Denis
Il fallait aussi frotter la crasse des parquets, qui étaient beaux en-dessous de leur saleté. Brosser la rampe d'escalier à la main.
Elisa
On a aussi posé le carrelage de la cuisine sous forme de dalles à coller par-dessus le sol existant, de façon à ce qu'on puisse facilement le retirer si besoin le jour de notre départ. Parfois, je faisais le ménage tous les soirs de six heures à minuit, ç'a duré des mois ! Mais ça valait le coup. Ici, on ne peut pas louer des maisons comme ça, ce sont plutôt des appartements. Celle-ci possède les codes architecturaux si chers au Pays Basque : la peinture rouge, couleur traditionnelle locale avec le vert et le bleu, les petits carreaux carrés des fenêtres...
TSF
Quel a été le principal défi de ces travaux ?
Denis
Il y a un côté inconscient, notamment quand on ne sait pas faire les choses, qu'on les travaille pour la première fois. C'est le cas pour le lambris dans l'entrée, on ne s'est pas posé de question et on a essayé, en coupant et recoupant puis peignant des plinthes en bois pour les poser... Bon, et puis on s'est beaucoup disputé (rires). Et puis, refaire tout la moulure qui monte dans l'escalier de façon parfaitement perpendiculaire pour que, d'où que l'on se tienne, chaque baguette soit toujours perpendiculaire à l'escalier. Et, sur les murs, positionner tous les oiseaux de façon régulière, pointant vers le haut des marches...
Elisa
J'ai passé des nuits blanches à réfléchir à ce détail qui n'en est pas un ! Reproduire la pente exacte par la trajectoire des oiseaux dans la cage d'escalier pour que, visuellement, le bas du mur correspondent parfaitement à la rampe de l'escalier, eh bien c'est super dur.
"ici, on se sent plus dans une maison de campagne, quelque part. Elle a un côté “vieille maison avec une âme”. C’est aussi ce qui m’a encouragée à chiner beaucoup de chosesé
TSF
Quelle ambiance avez-vous voulu créer chez vous ?
Elisa
Comme l'expliquait Denis, notre précédente maison, c'était vraiment une maison contemporaine, qu'on comparait souvent à une maison de vacances. L'idée, ce n'est pas de coller une décoration-type dans chaque endroit, mais de repérer ce que la maison insuffle elle-même. On n'a pas du tout décoré cette maison comme on a décoré la précédente - même s'il y a évidemment des éléments qui sont les mêmes - ici, on se sent plus dans une maison de campagne, quelque part. Elle a un côté "vieille maison avec une âme". C'est aussi ce qui m'a encouragée à chiner beaucoup de choses : pour moi, c'est la maison de famille où il y a plein de souvenirs. C'est vrai qu'elle faisait peur au début, mais je me souviens avoir dit à Denis lors de notre toute première visite : "je m'en fiche, c'est la maison où on n'aura jamais peur que nos enfants courent, sautent ou abîment quelque chose." Là, c'est la maison qui ne craint rien.
Denis
Pour la déco, soyons honnêtes, c'est Elisa qui fait tout. Mes affaires trouvent leur place naturellement. Je fais toujours confiance à son goût ! En général, elle a réfléchi jusqu'aux moindres détails et je n'ai donc pas franchement besoin d'y penser (rires). Il n'y a plus qu'à exécuter. Je suis plutôt un facilitateur.
Elisa
Après, ça fait 18 ans qu'on vit ensemble, il a quand même l'habitude de ma déco ! On a déjà déménagé six fois. Et on a toujours pris le pli de tout faire nous-mêmes en cas de besoin.
Denis
A Paris, on vivait dans un petit appartement. Quand on l'a quitté, l'un de nos murs avait doublé d'épaisseur : tous les ans, on changeait de papier peint sur celui-là.
Elisa
C'est aussi la première fois que l'on a vraiment une maison assez spacieuse pour y mettre toutes nos affaires. On a surtout vécu dans de tout petits endroits. On privilégiait le voyage à l'habitation, pendant longtemps. Précisons que l'on fait un métier grâce auquel il est plus évident de décorer facilement : je suis créatrice de contenu, j'ai aussi des partenariats avec des marques. Lorsque je me suis installée ici, de jolies maisons m'ont contactée et il est évident que c'est plus facile pour moi de refaire mon intérieur parce qu'il y a plein de choses dans lesquelles je n'ai pas besoin d'investir. Ça fonctionne en échanges et en collaborations. Donc, ça facilite grandement les choses. La conclusion, c'est que j'ai pu investir dans une location alors que ce n'est pas mon bien. C'est peut-être quelque chose que je n'aurais pas fait si j'avais eu un autre métier parce que je n'aurais pas eu cette facilité-là.
TSF
Ces couleurs pastel, ce côté très féminin, léger, amusant parfois même, c'est vraiment un fil conducteur de votre décoration.
Elisa
Ce sont mes goûts, oui, exactement !
TSF
Je vois beaucoup de Vierges, chez vous !
Elisa
C'est ma collection de Vierges, oui ! Ça, ce n'est pas Denis, c'est moi toute seule. D'ailleurs, j'ai la chance que ça ne le dérange pas parce que ça peut être imposant quand même, comme passion, et surtout chargé de sens et de signification ! J'ai passé une grande partie de ma scolarité dans des écoles privées, catholiques et autres pensionnats de sœurs. Même si aujourd'hui, adulte, je suis athée, la Vierge Marie, pour moi, c'est un symbole très fort. Elle a toujours été là. J'ai toujours trouvé que c'était l'image féminine rassurante, la maternité par excellence. Et voilà, ça m'apaise beaucoup. C'est d'abord une artiste amie qui m'en a offert une à un moment qui était un peu difficile dans ma vie, en me disant qu'elle allait me protéger. Et c'est vrai, et je la trouve sublime. Je les trouve toutes très belles, elles ont toutes une histoire.
TSF
Parlez-nous de quelques pièces que vous aimez particulièrement dans cette maison.
Denis
Il y a ce meuble en pin des Landes dans le salon qu'on a fait fabriquer sur mesure pour ranger mes platines. On a trouvé ce système qui est un peu inspiré des cabines de DJ, dans lequel on peut faire en plus entrer tous les disques. J'ai fait quelques soirées, je ne suis pas DJ, mais c'est une vraie passion ! Avant, j'avais des platines techniques que j'ai conservé pendant quinze ans. Quand on a emménagé, j'ai décidé de me faire ce petit plaisir : elles sont rutilantes, vous voyez !
Elisa
Les chaises de notre salle à manger, par Bruno Rey, je les ai achetées sur la plateforme Made in Design. Mais une par une, avec le temps : elles étaient trop chères ! A chaque fois que j'étais payée, je m'en offrais une. On aime bien aussi notre petite salle de douche à l’étage, la deuxième, qui est la seule pièce à être restée dans son jus avec son carrelage rouge du sol au plafond. Et j'aime beaucoup cette suspension, dans la chambre d'amis, de Zuri. Elle fabrique tout à la main ici, dans le Pays Basque, en béton. Elle garde volontairement les aspérités du béton, donc tu as ce côté organique qui me plaît. J'aime beaucoup les lignes et les couleurs qu'elle fait, sachant qu'elle peut faire même du sur-mesure. Tous les objets peuvent se placer en intérieur comme en extérieur, c'est une matière qui ne craint pas grand-chose. C'est important pour nous, dès que possible, d'acheter quelque chose de local.
TSF
Et bien sûr, il y a votre pièce, Elisa...on peut la nommer votre boudoir ?
Elisa
Oui ! Vous êtes ici chez moi. Je me suis fabriqué la chambre que j'aurais voulu avoir quand j'étais ado. Je voulais une pièce qui ne soit pas un bureau, mais plutôt un endroit où m'inspirer, réfléchir, lire, écrire, préparer mes contenus aussi et puis m'isoler, parfois, tout simplement. Le nuage, je l'ai récupéré de la chambre de mes filles. Elles l'avaient quand elles étaient petites. Il y a la coiffeuse, mon meuble à moi, le miroir bien sûr, devant lequel je me filme pour faire mes billets d'humeur sur les réseaux, et puis tous mes livres - je dévore les livres, je suis une grande lectrice.
TSF
Vous chinez beaucoup, Elisa. Quelles sont vos canaux privilégiés : les brocantes, leboncoin ?
Elisa
Oui, ça dépend de nos déplacements ! Les Emmaüs quand on est dans les parages, mais aussi en ligne, sur leboncoin, sur Vinted, à qui on ne pense jamais quand il ne s'agit pas de vêtements, et pourtant... J'achète rarement cher, quand je chine. Je mélange avec des pièces de certains créateurs que je déniche sur instagram. C'est important pour moi de mélanger ancien et contemporain : je trouve qu'une maison trop chinée, ça fait un peu vieillot, mais qu'à contrario, quand il n'y a que des pièces de design, ça fait trop showroom, impersonnel.
TSF
Quelles sont les actualités d’@Etdieucrea ?
Elisa
Il n’y en a pas spécifiquement. Mais à terme, j'aimerais beaucoup évoluer vers des plateformes comme YouTube, etc, qui me permettrait d'être rémunérée en fonction du nombre de vues et donc, de faire moins de collaborations commerciales. De toute façon, il n'existe pas aujourd'hui de schéma économique où tu puisses proposer du gratuit uniquement puis vivre d'amour et d'eau fraîche.