Dominant la Méditerranée, une demeure familiale de la Belle Époque reprend des couleurs

Je viens d'une famille de l'immobilier. Je suis Marseillaise pur jus. Mon grand-père est né à Marseille. J'ai toujours vécu dans le 7^e arrondissement. Je suis née ici, regarde, dans la résidence des années 1970 qu'on voit de notre toit-terrasse, devant la mer. Elle a été construite par l'architecte Bernard Laville. J'ai toujours été attirée par les belles choses, les intérieurs, les objets. Jeune, je voulais faire les Beaux-Arts. Bon, je n'ai pas pu... mais j'ai rencontré mon mari qui, lui, vient d'une famille complètement artistique. À leur contact, tout en moi s'est réveillé ! Et puis, que ce soit pour les travaux, les maisons... On est vraiment une équipe.

On était très attachés à notre ancienne maison à Marseille. Il y a quelques années, on a décidé de construire un chalet, pour nos vacances en famille mais aussi dans l’optique de le louer. Il s'avère qu'il y a eu une augmentation importante du coût du bois. Il a fallu réfléchir : faire plus petit, ou faire comme on l'entendait. C'était vraiment le rêve de mon mari d'avoir un chalet à la montagne. Pile-poil à cette période, mon ami d'enfance, qui est notre voisin, appelle mon mari et lui dit : « J'ai un truc à te montrer. » On a eu un coup de cœur, on a réfléchi, on s’est demandé si on était prêts à vendre. Puis quelqu'un est venu chez nous et a tout de suite fait une proposition... tout était aligné, quoi. Ici, j'ai profondément aimé l'architecture ancienne, style 1900, de la maison. On m'a dit qu'elle avait appartenu à deux familles, pas plus. Qu'elles étaient très soudées, avec plein d'enfants. J'aime penser que c'était déjà une maison de réception. Nos deux demeures précédentes, on les avait fait construire. C'était donc une première pour nous.

On a emménagé ici le 1ᵉʳ décembre. Et je trouve que le résultat est l'aboutissement de toutes nos recherches, tant d'un point de vue esthétique que technique et qualitatif, pendant les 13 déménagements et ces dernières années de travaux ! Au fil des années, Antoine et moi avons beaucoup appris sur le détail, la fonction, le besoin. Et puis, à force, on finit par savoir ce qu’on veut, ce qu’on aime. Ici, c'est un peu notre maison manifeste du projet Maisons Dominos. Quand on est arrivés, l'endroit était divisé en deux appartements. Les enfants vivaient en haut, la grand-mère en bas. On n'a pas touché à la structure mais on a tout refait à l'intérieur. On a mis le budget dans les matériaux : de la vraie pierre, du travertin rouge, du beau bois, du métal souvent assemblé sur de larges surfaces en un seul tenant. On a bien nettoyé la façade, aussi ! Les gens du quartier étaient ravis. Dehors, on a imaginé quelque chose qui parle plutôt de la Riviera : le sol en terre cuite italienne – cela me fait penser aux toits marseillais avec toutes ces tuiles rouges qu’on observe, quand on prend l’avion, c’est magique. On a dessiné et créé la piscine, elle n'existait pas.

Mon mari est Corse et moi, Italienne. On a essayé de faire un mélange des deux. Ce qui nous tenait vraiment à cœur, c'était ce côté familial, cette ambiance de réception chaleureuse. Antoine a cinq frères et sœurs, nos enfants invitent tout le temps leurs amis, on reçoit beaucoup. On a vraiment conçu et réalisé la maison pour faire des fêtes, des repas. Ici, c'est la cuisine qui est le centre du monde. Mon goût, c'est celui des années 1970. Je trouve que cette époque-là représentait le chic, le luxe, c’était l'intemporel, Saint Laurent. Même pour les vêtements, j'aime ces années-là. Les matériaux aussi, la moquette, les laques brillantes, le métal et puis les formes arrondies mais structurées. Ce qui est de cette époque vieillit très bien, selon moi.

Le parquet à l’étage : il nous a valu quelques disputes avec mon mari. Ce n'est pas un parquet point de Hongrie classique, mais un motif dit « d'Arenberg », beaucoup plus original ! Sauf que... les dalles n'entraient pas. Il a fallu longuement réfléchir à la pose avec le menuisier, il y avait toujours un casse-tête sur la manière dont ça allait tomber. Rien que pour le couloir, ça a duré quinze jours ! C'est la seule grosse dispute du chantier, en un an. Pas mal, non ?

Il y a certains objets qu'on a mis presque une année entière à trouver. On marie le neuf et l'ancien. Et je trouve que le mélange des deux fait qu'une maison a vraiment une âme bien à elle. D'abord, dans le petit salon et dans la salle à manger, j'adore ces deux paires d'appliques de l'artiste Emmanuelle Luciani. J'ai mis du temps à les acheter, mais j'ai fini par craquer, c’était un coup de cœur absolu. Elles sont l’association des références passées mais réalisées au présent, selon moi. C'est aussi comme ça que je vois notre maison : une demeure ancienne mais qui vit au présent, complètement restaurée et même modifiée à plusieurs égards. La vie qui continue... J'ai l'impression que je ne vous montre que des luminaires... J'ai découvert cette autre paire d'appliques dans l'atelier d'Axel Chay à Marseille. Avec son accord et son aide, on les a détournées pour en faire une suspension, un plafonnier. Cette pièce n'est techniquement pas commercialisée, donc. On en a fait plusieurs pendants, que vous voyez au-dessus de l'îlot en inox et sur la table de salle à manger.

Je chine énormément sur leboncoin. Bizarrement, pas tant des objets : j'adore tout particulièrement acheter de vieux tableaux. C'est le cas de ces deux petites aquarelles dans la salle à manger, les vues de Marseille. Sinon, je fais beaucoup appel à des marchands locaux, Marseillais. Et je ne refuse jamais une petite brocante !

C’est difficile… La cuisine, bien sûr, mais j'aime aussi beaucoup notre salon d'hiver : on s'y love près de la cheminée, on y regarde des films en famille. On peut être nombreux, grâce à cette banquette dessinée par notre architecte Margaux Fritz et réalisée par L'Atelier des Frères. J'aime particulièrement le détail qui tient dans l'arrondi de l'inox répondant à la forme du coussin... Évidemment, l'influence des années 1970 est partout. Et la salle de bains, on l'a imaginée comme celle d'un petit palais italien. Tout est en travertin rouge. Et j'y ai placé cette sculpture héritée de mon arrière-grand-mère italienne, à laquelle je suis très attachée. Je l'ai mise en parallèle avec plein de petits médaillons aux profils à l'antique chinés chez Marie Veidig, à Marseille.