Famille

À Montmartre, la maison à la scénographie dépouillée de la créatrice de l’atelier Hiromi

Chez

Johanna de Clisson, Michèle 6 ans

C’est à la langue japonaise que Johanna de Clisson emprunte sa poésie pour baptiser Hiromi, son atelier dédié au travail de la céramique. Mais c’est à l’architecture, « véritable colonne vertébrale de ses recherches », et à son approche plurielle, que la diplômée des Arts décoratifs voue une profonde admiration et puise pour nourrir son œuvre. Exploratrice passionnée par la forme et les volumes, enrichie de mille et une vies traversées avec panache dans divers secteurs créatifs, la Parisienne partage dorénavant son travail de la matière aux côtés de nouveaux corps de métiers artisanaux. Co-construisant de concert une gamme de créations immaculées et numérotées « où chacun puisse projeter ses propres références », notre hôte y applique un principe fondamental : « Essayer en permanence de fuir l’ornemental pour une approche plus ascétique et universelle. » Une quête du dépouillement que l’on retrouve jusque dans son intérieur montmartrois, jalonné par ses propres réalisations. Dans ce « petit coin de nature au calme », la créative aime à décorer instinctivement ses espaces de vie. Sans pour autant s’adonner au minimalisme ! Même si le blanc s’y impose comme la couleur maîtresse, comme dans son atelier. Une toile immaculée où bon nombre de pièces de design viennent dialoguer, ensemble, à l’instar de pièces signées Tobia Scarpa, Warren Platner ou encore Mario Botta. Faisant ici primer l’intemporalité, cette touche-à-tout donne à voir son bouillonnement créatif. Une sensibilité prolifique.

Lieu

Paris

texte

Juliette Bruneau

Photographies

Constance Gennari

TSF

Johanna, pouvez-vous vous présenter ?

Johanna

Johanna de Clisson, artiste, céramiste, photographe parfois, et directrice artistique. Inconditionnelle de la butte Montmartre.

TSF

Quel est votre parcours ?

Johanna

Après deux ans de prépa à Penninghen et cinq ans aux Arts décoratifs de Paris, j’ai obtenu un diplôme en photographie. J’ai commencé ma carrière au studio du magazine Elle en tant qu’assistante de plateau pour ensuite faire un court passage dans l’agence de publicité des Ouvriers du Paradis. Forte de ces expériences – et par goût de la liberté –, j’ai monté mon agence de direction artistique et stratégie de marque avec deux amis. Puis, en décembre 2020, j’ai créé Hiromi.

TSF

Parlez-nous de votre éducation. Dans quel cadre avez-vous grandi et par conséquent développé votre goût ?

Johanna

Issue d’une famille recomposée de cinq enfants, nous étions toujours nombreux à la maison et nous avons très rapidement développé le goût de la fête et des rencontres. Ma mère et mon beau-père évoluant dans l’univers de la décoration, ils nous ont vite sensibilisés à l’architecture, aux arts décoratifs, au design… C’était très chargé chez nous. Du mix & match, de la toile de Jouy, des antiquités. Nous avons beaucoup voyagé durant toute notre adolescence pour découvrir d’autres cultures et arts de vivre. Tout cela a clairement marqué mes recherches et mon travail. C’était hyperfoisonnant !

Ma mère et mon beau-père évoluant dans l’univers de la décoration, ils nous ont vite sensibilisés à l’architecture, aux arts décoratifs, au design…C'était très chargé chez nous (...)

TSF

Hiromi, c’est votre nouveau projet dédié au travail de la forme. Dites-nous-en plus.

Johanna

Hiromi est le prénom d’une pianiste virtuose japonaise et il veut dire beauté libre d’esprit. Rien que ça ! Je voulais un nom qui n’évoque rien à personne pour que chacun puisse y projeter ses propres références, tout comme mes créations qui ne portent pas de noms mais des numéros. Hiromi est un atelier dédié à l’exploration, à la recherche autour de la forme. Aujourd’hui, je travaille principalement de la terre (de la faïence chamottée blanche) mais cela pourrait évoluer. Je crée des pièces avec d’autres artisans. Des ébénistes, des métalliers, etc. Plus que le matériau lui-même, c’est l’exploration des volumes qui m’intéresse. Essayer en permanence de fuir l’ornemental pour une approche plus ascétique et universelle.

TSF

Pourquoi avoir eu ce besoin de revenir à une création manuelle, après des années passées en tant que directrice artistique ?

Johanna

Je suis revenue à mes premières amours. Je peignais et je dessinais, beaucoup plus jeune. J’étais très manuelle ! J’ai ressenti un cruel besoin de ralentir, de passer moins de temps derrière les écrans et, surtout, d’être plus libre dans ma création, plus loin des contraintes marketing et des tendances. Aujourd’hui, j’allie les deux et ces synergies m’enrichissent.

TSF

Vos céramiques sont aussi fonctionnelles que décoratives. Pourquoi teniez-vous à concilier les deux ?

Johanna

Je parlerais davantage d’art et de design. La frontière est assez poreuse et je trouve cette ambiguïté très intéressante.

TSF

Quelles inspirations nourrissent l’esthétique de vos créations, des faïences reconnaissables à leurs volumes et à leurs lignes pures ?

Johanna

L’architecture est la colonne vertébrale de mes recherches. J’apprécie le travail de Tadao Andō pour sa rigueur et sa simplicité, mais aussi celui de Carlo Scarpa, ou d’Oscar Niemeyer. Leurs lignes sont simples et d’une puissance extrême. Je suis également très sensible au design italien des années 1970. La rondeur du travail de Gae Aulenti, Guzzini, Vico Magistretti, l’humour d’Ettore Sottsass, l’esthétisme de Stanley Kubrick. C’est infini.

L’architecture est la colonne vertébrale de mes recherches. J’apprécie le travail de Tadao Andō pour sa rigueur et sa simplicité, mais aussi celui de Carlo Scarpa, ou d’Oscar Niemeyer.

TSF

Cette sensibilité, la retrouvons-nous dans votre appartement ?

Johanna

Oui, totalement ! C’est blanc, assez dépouillé, mais pas non plus minimaliste.

TSF

Racontez-nous l’histoire de votre rencontre avec celui-ci.

Johanna

Il faudrait trois pages ! C’est un coup de foudre mutuel. Nous avons mis du temps à trouver cet endroit dans lequel nous avons fait énormément de travaux. Il était hors de question de quitter Montmartre ou nous vivions déjà depuis cinq ans, mais difficile de trouver des espaces sympas pour des familles nombreuses. Axel voulait à tout prix un petit coin de nature au calme.

TSF

Comment l’avez-vous décoré, meublé ?

Johanna

Notre approche est assez instinctive. Nous avons déménagé quatre fois en dix ans et nous trimballons des meubles et des tableaux que nous aimons sans penser à la cohérence globale ! J’accumule depuis des années au gré de mes chines des pièces de designers que j’affectionne comme Tobia Scarpa, Warren Platner, Mario Botta ou, encore récemment, une vieille photographie de montagne de Pierre Tairraz (achetée à la Galerie Objets Inanimés), des collages de Lia Rochas-Pàris ou encore des gouaches colorées de Géraldine Roussel.

TSF

Que dit-il de vous ?

Johanna

Il parle d’intemporalité, peut-être, que je cherche aussi dans mes créations.

Je suis également très sensible au design italien des années 1970. La rondeur du travail de Gae Aulenti, Guzzini, Vico Magistretti (...)

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