Rencontre exclusive chez le fondateur d'American Vintage.

40 ans, marié, trois enfants, fondateur d’American Vintage en 2005.

American Vintage est officiellement née 4 ans après avoir créé la société. Cette naissance est due à un virage que j’ai pris au bout de ces années passées à la direction artistique des collections. Il fallait alors changer le nom de la marque et ce dernier peut être interprété comme un remerciement, une dédicace aux USA où je me rendais énormément à cette période-là. La tendance américaine était alors au vintage.

Je pense que Marseille, de manière naturelle, est une ville cosmopolite où règne un pluralisme en termes de personnes, de cultures, de religions, etc. C’est une ville portuaire, méditerranéenne. Je ne pense pas qu’il y ait de style marseillais. Marseille est un lien social, un moyen de développer. C’est une ville qui n’a pas vraiment de clans. Elle est fédératrice, essaie de rassembler. American Vintage a su s’exporter et y avoir du succès très tôt car elle sait s’adapter aux différences des gens. Et puis il y a, en Provence, une lumière exceptionnelle qui, je pense, est palpable et que l’on peut retrouver dans nos collections. Grâce à elle, nous avons envie tout le temps de plus de couleurs et de matières.

Je suis assez observateur, donc ce qui m’inspire, c’est de voir comment les gens se comportent et évoluent. Aujourd’hui, l’omni-canalité et le contexte international que l’on a développés me nourrissent sur les résultats de l’entreprise. En fonction des marchés et des canaux de distribution (outlet, stands, boutiques France, export, web, etc.), cela m’aide à mieux analyser, à mieux comprendre le comportement des clients. Rien que ces chiffres – que je regarde et interroge – alimentent énormément ma réflexion. Par rapport à eux, je me projette et j’essaie de comprendre les envies différentes à chaque moment de la vie d’une personne. Les collections doivent donc s’adapter au long terme et non pas à la fast fashion. De ce fait, nous tentons de travailler des produits durables et un style intemporel, mode avant tout, fidèle aux valeurs de la marque. Mais n’oublions pas qu’en tant que commerçants aimant l’entrepreneuriat, nous nous devons d’innover et de nous réinventer chaque semaine, chaque saison.

Quand je me suis lancé à mon époque, je n’ai pas eu de mentor. Mais j’ai eu une personne qui m’a poussé à avancer en me faisant prendre conscience que j’étais capable de créer ma boîte par rapport à ce que j’apportais au quotidien chez mon employeur. C’est une personne de ma famille qui m’a appris à ne pas avoir peur, à essayer. Le modèle que j’aime beaucoup, c’est monsieur Ortega, d’Inditex. Je pense que c’est un exemple à tous les niveaux, en termes de personne d’abord, puis de développement, de business et pour tout ce qu’il a apporté à la société dans le monde à travers les magasins, avec un produit qui a donné à tout un chacun la possibilité de s’embellir. C’est hyper social, fort comme message. Car avant cela, la mode était adressée à des personnes aisées. Lui a réussi à la démocratiser en la rendant accessible. Son business model est un exemple car il n’y a pas de limites. Ni en termes de développement géographique, ni en termes de segmentation d’univers de marque car il touche tout le monde. Cela donne la foi de se dire que c’est possible. Qu’il y a des entreprises qui arrivent à créer une valeur ajoutée, une richesse. Amancio Ortega a permis à une personne qui travaille et qui a une vie normale de pouvoir rentrer dans de beaux magasins avec des produits inspirés de grands créateurs. Ce qui veut dire que nous ne sommes pas obligés d’aller dans le luxe pour se sentir exister et ça, c’est énorme. Cela tire tout le monde vers le haut. Ce Monsieur doit avoir de vraies valeurs, une envie de challenge, d’évolution permanente. Et ça, ça me parle.

Il y a le campus universitaire qui va nous permettre de travailler sur la marque employeur afin d’être capable de mieux recruter et de mieux fidéliser nos équipes en point de vente demain. C’est un sujet d’importance, car l’idée est d’avoir de vrais programmes de formation pour faire grandir tout le monde. J’aimerais que l’on se dise que l’on peut arriver chez American Vintage avec un certain background et que l’on puisse changer, évoluer durant son expérience chez nous. C’est notre devoir. On sait que les étudiants ne resteront pas chez American Vintage toute leur vie, mais si on peut avoir une étiquette de marque qui a réussi à participer au développement de jeunes pour qu’ils puissent être libres de travailler n’importe où, n’importe quand, ce sera une réussite pour moi car on aura contribué à un monde meilleur.