C’est un plaisir et un immense privilège que de rencontrer le designer Alexis Mabille chez lui. « Designer » : tout en étant suffisamment précis pour nous évoquer à tous l’univers de la création, ce nom n’englobe pas un domaine en particulier ; il désigne avant tout l’acte de concevoir. Et concevoir, c’est précisément ce que le chevalier des Arts et des Lettres fait. Si le nom de ce Lyonnais d’origine vous évoque quelque chose, c’est sûrement pour sa renommée dans le cercle très fermé de la mode. Celle de la Haute Couture, dont il est membre officiel de la Fédération. Car Alexis Mabille a collaboré avec les plus grands – John Galliano et Hedi Slimane chez Dior, mais aussi Stefano Pilati chez Yves Saint Laurent – avant d’en faire partie à son tour. Mais ne refaisons pas l’histoire et parlons de sa propension extraordinaire à se réinventer. Si lui-même se qualifie de designer, ce n’est pas pour rien. Depuis toujours, le directeur artistique nourrit une passion viscérale pour la décoration, découverte auprès des architectes et décorateurs de sa famille. Elle est pour lui l’outil permettant de soigner l’environnement d’une personne. Une nécessité pour « amener à chacun du bien-être et participer à son développement personnel et émotionnel ». Créateur de silhouettes, mais aussi d’intérieurs. Après le restaurant Froufrou, dont il a imaginé le décor, Alexis Mabille nous étonne encore. Pour son appartement, c’est sous l’intrigant Beaubow – sa signature décorative – qu’il officie. Entièrement rénové, pensé et décoré par ses soins, cet espace à l’abandon du quartier de la Nouvelle Athènes renaît de ses cendres grâce à une « architecture Directoire, inspirée du néoclassique avec un twist d’aujourd’hui grâce aux sols, au mobilier ». Méticuleux, le créatif s’est appliqué à en refaire tous les plafonds, toutes les moulures, toutes les boiseries. Comme si elles avaient toujours été là. Un travail titanesque où la symétrie, comme la lumière, règne en maîtresse absolue. Aimant recevoir et mettre en scène, Alexis Mabille a donné vie à son théâtre à lui. Un lieu enjoignant à la réception, à la célébration. Un lieu où l’on s’imagine vivre comme avant, à la lueur des bougies.
Photographies : Valerio Geraci – Texte : Caroline Balvay
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