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Chez
Jean-Christophe Aumas, le singulier
Il n’y a pas que la personnalité de Jean-Christophe Aumas qui soit singulière. Son parcours, son style, son intérieur, mais aussi son agence, Singular. Tous font écho à ce trait de caractère dont la définition semble avoir été inventée pour lui. En témoigne un univers fourmillant de détails, de teintes, de textures. Un tout vivant, évoluant en plein cœur du IXᵉ arrondissement parisien, dans un appartement ayant jadis appartenu à un mage. L’enveloppe mystique fait son effet dès l’entrée. Vitraux art déco, patio végétal dont les occupants dévorent les larges fenêtres du salon et d’où jaillit un flot de lumière automnale en continu… le ton est donné. Le Parisien excelle dans l’art de la scénographie. Un talent qui lui est reconnu depuis des années par les plus fascinants créateurs de ces dernières décennies, pour lesquels il imagine de somptueuses vitrines. Qu’il s’agisse de Phoebe Philo, John Galliano, Marc Jacobs ou encore Albert Elbaz, tous ont contribué – à leur manière – à nourrir l’âme de l’artiste. Au même titre que les voyages, formateurs, qui lui ont permis d’aiguiser un appétit (déjà dévorant) pour la chine. Mais ce qui frappe le plus lorsque l’on pénètre dans l’antre de Jean-Christophe Aumas, c’est cette faculté à créer à partir d’un « rien ». Comprendre par là un objet, vecteur avant tout d’émotion. « Des choses trouvées ou chinées, que je sublime à ma manière dans un espace hors du contexte duquel je les ai tirées ». Chez lui, pas vraiment de « signatures » à proprement parler. Ce n’est pas le prix, ou la cote d’untel, qui justifie la beauté. Mais plutôt sa propension à être disséquée, analysée, repensée par le natif d’Aix-en-Provence pour qui l’intérieur est avant tout laboratoire. Un lieu expérimental mouvant où la couleur joue un rôle clef et qu’il partage avec les qualités que nous lui connaissons désormais. Une générosité débordante, une discrétion élégante. Du rêve, qu’il vous revient, à votre tour, de découvrir.
Retrouvez l’univers singulier de Jean-Christophe Aumas dans notre livre auto-édité The Socialite Family,
. Un florilège des plus beaux intérieurs aperçus au fil de l’histoire de notre média à se procurer en boutique comme sur notre e-shop.
Lieu
Paris
texte
Caroline Balvay
Photographies
Constance Gennari
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TSF
Jean-Christophe, qui êtes-vous ?
Jean-Christophe
Je viens d’Aix-en-Provence et vis à Paris. Je suis directeur artistique, scénographe et avec mon agence Singular, je conçois et fais réaliser essentiellement depuis plus de quinze ans des décors pour des vitrines, des pop-ups et des set-decors pour différentes marques (majoritairement de luxe). Il m’arrive également de mener des projets de décoration et d’aménagement intérieur pour différents clients.
TSF
Expliquez-nous en quoi consiste votre métier au travers de votre agence Singular.
Jean-Christophe
Mon agence s’appelle Singular, car je travaille essentiellement seul. Je réalise tellement de choses différentes, cela me semblait juste de résumer mon travail par ce nom.
TSF
Quels furent votre éducation, votre parcours pour en arriver là ?
Jean-Christophe
J’ai toujours voulu travailler dans la décoration. Petit, déjà, je repeignais ma chambre et j’ai commencé à chiner à l’adolescence. Puis je suis arrivé à Paris pour faire mes études d’arts appliqués à l’École Du__perré. J’ai commencé à travailler pour les vitrines de Christian Lacroix, puis j’ai intégré la maison Louis Vuitton à l’arrivée de Marc Jacobs. J’y suis resté cinq ans en charge de l’identité visuelle et du merchandising. J’ai beaucoup voyagé et aiguisé mon appétit pour la chine lors de mes séjours, rapportant souvent des objets, du petit mobilier… Depuis, je traite mes appartements comme de véritables laboratoires, mélangeant les styles, les couleurs, les matières… Rien n’est jamais réellement figé. Un objet appelle un autre objet ou du mobilier, puis une couleur et me voilà repeindre un mur, une pièce, un élément.
TSF
Un projet qui vous a particulièrement bousculé, stimulé, enrichi personnellement / professionnellement ?
Jean-Christophe
J’ai la chance d’avoir travaillé, et de travailler encore avec des directeurs artistiques dotés d’une forte identité. Je retiens de grandes expériences et de belles collaborations avec des personnes comme Phoebe Philo à l’époque Céline, John Galliano, Alber Elbaz et aujourd’hui Bruno Sialleli chez Lanvin ! Toutes ces personnalités fortes et impressionnantes m’ont à chaque fois vraiment stimulé.
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TSF
Quel est votre moment favori entre le brief et la livraison d’une vitrine / scénographie ?
Jean-Christophe
Il y a en a plusieurs dans les étapes d’une vitrine ou d’un décor. D’abord la phase de recherches iconographiques ou de matières pour la conception, puis l’échange avec le designer sur une de mes propositions retenues et ensuite la mise en place du décor, cette euphorie au moment où la vitrine passe du projet papier à la réalisation concrète avec les ajustements des détails tels que la mise en place des produits et la lumière pour renforcer le décor.
TSF
Un jardin, des vitraux… Cet espace est surprenant. Quelle est son histoire ?
Jean-Christophe
J’ai eu la chance de trouver cet espace un peu « singulier » lui aussi au fond d’un immeuble de Pigalle où vivait au début du XIXe siècle un mage. Cet appartement m’a séduit tout de suite par son côté petite maison planquée avec ce patio qui m’apporte la touche végétale essentielle à mon bien-être et tous ces vitraux d’époque qui jouent comme de véritables prismes au soleil. Je suis tombé tout de suite sous le charme de ce lieu. J’étais, et suis, toujours très inspiré par son caractère fort en histoire.
TSF
Comment avez-vous pensé votre intérieur ?
Jean-Christophe
J’ai toujours pensé mon intérieur comme un laboratoire. Sans cesse en work in progress. Le jour où je n’aurai plus d’inspiration, où je me sentirai bloqué, je trouverai un nouveau lieu… Pour le moment je vis avec, comme dans un vrai décor de théâtre vivant.
TSF
La couleur y est comme un fil rouge. Pourquoi est-ce autant important à vos yeux ?
Jean-Christophe
À mon sens, la couleur, c’est la vie ! J’avais traité mon ancien appartement avec des blocs de couleurs puissants. Cette fois-ci, compte tenu de la présence forte des vitraux, j’ai souhaité jouer avec les teintes plus en subtilité, sur une base de blanc, pour seulement ramener dans chaque pièce un petit élément. Que ce soit un fond de mur, un encadrement de porte, une plinthe.
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J’ai beaucoup voyagé et aiguisé mon appétit pour la chine lors de mes séjours (...) Depuis, je traite mes appartements comme de véritables laboratoires.
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TSF
Où trouvez-vous vos meubles, vos objets ?
Jean-Christophe
Je chine beaucoup à Paris pour mon travail, mêlant ainsi mon travail à mon plaisir personnel. Mais je rapporte aussi beaucoup de choses de mes voyages, je vais souvent en Belgique où je trouve du mobilier ou de la décoration, mais aussi à Copenhague et à Londres.
TSF
Un courant, une période de l’histoire de l’art ou du design qui vous fascine en particulier ?
Jean-Christophe
J’adore le brutalisme ! Je suis parti cet été au Havre et j’ai été submergé par une émotion, la même que je ressens quand je vais à Londres au Barbican Centre. Ce mouvement à la fois intelligent et fonctionnel avec cet esthétisme assez radical me touche. Je suis assez addict au béton !
TSF
Pour votre travail, pour vous : qu’est-ce qui vous inspire ?
Jean-Christophe
Tout ! La musique, le cinéma, les expositions que je vois souvent à l’étranger et puis bien sûr la mode, les designers…
TSF
Des leçons tirées de votre expérience en direction artistique dont nous pouvons nous servir, en décoration ?
Jean-Christophe
Pour moi, il ne suffit pas de payer cher un élément de décoration pour le trouver beau ou intéressant. Ma démarche est plutôt de porter une affection à tout ce qui peut nous émouvoir. J’adore justement mélanger des pièces de valeur avec des petits éléments qui semblent sans grande valeur. Des choses trouvées ou chinées et les sublimer dans un espace hors du contexte duquel je les ai tirées !
TSF
Le IXe est un arrondissement où fleurissent les bonnes adresses… Quelles sont les vôtres pour faire les courses, prendre un café ou dîner entre copains ?
Jean-Christophe
Le IXe arrondissement est hypervivant, parfois un peu trop à mon goût car beaucoup d’endroits ouvrent en permanence au détriment d’une vraie vie de quartier avec ses petits commerces. Mais j’aime beaucoup certains restaurants tels que Peco Peco, Yto et Pizzou, pour manger de bonnes pizzas avec un super accueil !
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