Familles
Bonheur en la demeure dans cette villa marseillaise du XIXe siècle
Chez
Ananda Danielfy, Matthieu Dru et Léonard, 2 ans
Chez Ananda Danielfy et Matthieu Dru, l’histoire se raconte à deux voix, avec cette énergie vive et douce qui semble propre à Marseille. Leur villa du XIXᵉ siècle, posée sur la corniche Kennedy, regarde la mer comme on regarde une présence familière, constante et source permanente d’émerveillement. Le soleil s’y glisse avec souplesse, rebondit sur les moulures anciennes, accroche les matières chromées et les courbes seventies. Baigné de lumière, le salon est le cœur battant de la maison : un espace où se mêlent pièces tubulaires, œuvres d’amis, trouvailles italiennes et objets de vie installés avec une simplicité naturelle. Passée de la tech au design d’intérieur, Ananda a cette manière intuitive d’adoucir les espaces, les ponctuant d’un singulier vocabulaire artistique. Enfant d’une famille de créatifs, Matthieu y apporte son instinct de bâtisseur et son goût pour les objets chargés de récits. Ensemble, ils composent un lieu lumineux, spontané, traversé de conversations qui s’étirent, de dîners improvisés et de rituels simples, comme ces bains du soir qui ont marqué leurs débuts marseillais. Une maison vivante et chaleureuse où le quotidien se mêle à la mer. Un lieu chaleureux et vivant, à leur image. Visite.
texte
Anne-Laure Griveau
Photographies et Vidéos
Sabrina Hadj-Hacene, Gautier Billotte
Tableau Bastien Marienne et lampadaire Bud par Harvey Guzzini & Studio 6g pour Guzzini.
TSF
Qui vit dans cette maison baignée de lumière ?
Ananda
Matthieu, Léonard, 2 ans, et moi ! J’ai travaillé dans la tech à Paris avant de quitter la ville, en pleine rupture avec Matthieu ! En arrivant à Marseille, j’ai trouvé un appartement que j’ai rénové et j’ai compris non seulement que cette ville – son soleil et son rivage – me rendait heureuse, mais aussi que je voulais m’adonner à cela : imaginer des espaces. C’est ce que je fais aujourd’hui avec Matthieu pour les biens anciens que nous vendons. Je m’occupe d’aménager les lieux pour qu’ils ressemblent à ce que nous aimons – très années 1970, avec du tubulaire pour moi ! – et que les acheteurs puissent se projeter. J’ai pour habitude de chiner, beaucoup, à tel point que j’ai fini par ouvrir, vers Vauban, un lieu dédié au mobilier du XXe siècle. Depuis quelques mois, je codirige donc Eccho, avec mon amie Chloé Lecat.
Matthieu
Moi, j’ai grandi dans une famille très artistique : ma mère est, entre autres choses, sculptrice et autrice, très engagée dans l’humanitaire, surtout au Sénégal, pour la cause des femmes et des enfants. J’ai eu plusieurs vies : une marque de mode responsable avec ma sœur, une autre de vin nature… Puis j’ai tout quitté pour reconquérir Ananda à Marseille ! Je suis venu un week-end. Puis deux. J’ai fini par vider mon appartement parisien en deux jours pour m’installer ici ! Ensuite, Léonard est arrivé. J’ai travaillé plusieurs années dans la prod événementielle dans la musique et aujourd’hui, je suis marchand de biens. Nous travaillons tous les deux sur la rénovation et les chantiers.
TSF
Comment cette demeure est-elle entrée dans votre vie ?
Ananda
On venait juste de vendre notre maison – très années 1970, beaucoup d’inox et de béton – dont les plans avaient été imaginés par Margaux Fritz. On avait besoin d’une location de transition et un ami agent immobilier nous parle de celle-ci, en location. On visite… et on reste bouche bée. La lumière, les sols anciens, la vue.
Matthieu
On s’est dit : « Ok, c’est ici. » Une fois que tu as visité cet endroit, tu ne peux pas repartir en le laissant derrière toi.
Ananda
C’était notre « Eureka » ou plutôt notre Ecco la ! Cela veut dire « Te voilà », quand tu trouves la pièce parfaite. C’est aussi pour cette raison que j’ai appelé mon showroom « Eccho ».
TSF
Comment avez-vous investi cet espace ?
Ananda
Elle nous ressemble parce qu’on a fait comme pour tous les biens dont on s’occupe : on a respecté ce qu’elle était. C’est une maison du XIXᵉ siècle, déjà très belle avec ses moulures art déco, ses carrelages d’époque et ses balustrades palladiennes. Ensuite, on l’a réinterprétée avec nos meubles, nos pièces chinées, nos œuvres et nos matières de prédilection. Le mobilier tubulaire, le chrome, le bois, le verre… ce mélange italien 70’s qu’on aime.
Matthieu
Et les œuvres de nos amis (Lou Hubert Astruc, Flore Faucheux…), de la famille, de ma mère. La petite céramique sur les étagères du salon, c’est elle. Elle nous suit depuis des années. Avoir ces présences-là quand on n’habite plus dans la même ville, c’est précieux.
TSF
Comment vivez-vous cette maison au quotidien ?
Ananda
On y travaille beaucoup, souvent à la table de la salle à manger, face à la mer. On reçoit énormément, souvent de midi à minuit, comme le veut la tradition ici. J’adore cuisiner – italien, asiatique, français –, même si pour les grands repas, on commande chez nos Italiens préférés. Les polpettes de chez A Moro sont incroyables.
Matthieu
Ma spécialité, c’est plutôt le poisson, que je pêche au marché ! Nous y allons tous les dimanches. Avec Léo, les rituels sont simples : dîner dans la véranda, biberon dans le canapé – au salon, notre pièce préférée pour nous retrouver –, un peu de musique. Beaucoup d’Erik Satie. En arrivant ici, pour aider Léonard à s’endormir après l’histoire, j’ai commencé à lui mettre Les Gymnopédies. Cela fait désormais un an et demi qu’on les écoute tous les soirs. Je pense être dans le top 10 des auditeurs d’Erik Satie sur la plateforme d’écoute !
Ananda
Moi, je suis plus Sade ! Et Oxmo Puccino; j’écoute un peu de rap français aussi.
Ma famille m'a appris à suivre mon goût. Peu importe que l’objet soit « signé », la valeur importe moins que l’émotion.
Céramique Lou Hubert Astruc
Coussin Carino The Socialite Family -
TSF
Vous évoquez beaucoup Marseille. Qu’est-ce que cette ville représente pour vous ?
Ananda
Elle me réconforte. J’y suis arrivée le cœur brisé et la mer m’a remise d’aplomb. Lire seule au bord de l’eau, retrouver des amis à 19h pour un bain, improviser un apéro à Malmousque… J’ai senti que cette ville me voulait du bien. Aujourd’hui parents, on en profite différemment : avec notre fils, à la sortie de la crèche, on passe une heure et demie à la plage du Prophète, puis on rentre dîner.
TSF
L’Italie aussi semble omniprésente dans vos vies ?
Ananda
On a une passion commune pour l’Italie. On va se marier en Sicile l’année prochaine. On adore Naples, son chaos magnifique, sa beauté brute, son quotidien, sa proximité avec les îles – Capri, Procida, Ischia. Là-bas, tout nous inspire. On chine meubles et vêtements, on visite des musées, on mange évidemment trop. Et beaucoup de nos pièces viennent d’Italie.
TSF
Une autre destination marquante ?
Ananda
Le Mexique. L’architecture, le béton brut, les couleurs… et les tacos. On a visité Mexico cette année. Il y a des galeries d'art partout. Mexico, c'est fou.
TSF
Le point commun de ces endroits : cette lumière incroyable qui joue un rôle immense ici aussi.
Ananda
Elle structure tout. À Marseille, c’est presque un cliché, mais c’est vrai : la lumière est incroyable. Le soir, tout devient rose, orange. L’inox reflète ces cieux, c’est sublime. Je joue aussi pas mal avec les miroirs et la mer. Quand Léo était bébé, pour le calmer, on lui disait : « On va voir les bateaux. » Ce panorama apaise tout le monde.
TSF
Votre enfance et vos environnements respectifs expliquent-ils vos goûts ?
Matthieu
J'ai grandi dans une famille de créatifs. Mes sœurs sont réalisatrices et stylistes, mes frères musiciens, mon père publicitaire… J’ai toujours vécu entouré d’œuvres, de musiques, de sculptures. Cela m’a appris à suivre mon goût et à fonctionner au coup de cœur. C’est resté. Aujourd’hui, en art ou pour le mobilier, peu importe que l’objet soit « signé » ou pas, la valeur importe moins que l’émotion.
Ananda
Je ne viens pas d’une famille baignée dans l’art ou le design. Mes goûts se sont construits au fil du temps, des voyages, des choses vues ailleurs. Chez mes parents, on s’intéressait plus aux vêtements et à leur transmission qu’aux meubles, alors j’ai commencé par là, par la chine et la mode. Le design des années 1970 est arrivé plus tard, presque naturellement : ses formes tubulaires, ses mélanges de matières… J’aime ce que le métal et l’inox apportent, leur élégance simple. Ainsi que leur rondeur, qui adoucit tout. Elle rend la matière chaleureuse, presque tendre. C’est ce qui m’attire.
TSF
Une pièce The Socialite Family vous touche t-elle particulièrement ?
Ananda
Le canapé
, forcément, avec ses lignes si 70's, mais j'aime beaucoup aussi les appliques
avec leur carré de verre. Vous m'apprenez qu'il est fabriqué en Italie, dans la région de Venise, le lien est sûrement là !
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