Familles
Une maison de campagne normande reconvertie en atelier d'artiste
Chez
Marin Montagut, artiste inspiré
La vie de Marin Montagut est faite de voyages et d’amarrages en tout genre. À Londres, qui fut sa première escale, il apprend les bases du dessin ainsi que la liberté créative à la prestigieuse Central Saint Martins. Une vie d’artiste qu’il décide de mettre en application. De retour en France, il jette l’ancre à Paris. C’est dans la capitale, à travers ses rencontres, que ses passions prennent forme et que ses goûts pour les arts, les brocantes et les antiquités s’affirment. Une patte qu’il développe aux côtés du décorateur Christian Sapet, dont il devient l’assistant. L’aventure le mènera par la suite dans le monde du cinéma où il affûtera son œil à la scénographie. Touche-à-tout, Marin Montagut se laisse porter par la vague d’opportunités qui s’offrent à lui. Il s’essaie à la réalisation de vidéos pour de prestigieuses maisons et réalise des documentaires tout autour de la terre. Une douce vie de bohème qu’il se plaît à relater dans ses multiples carnets. Ceux-ci deviendront les mythiques Bonjour City Map Guides. Ou, comme leur nom l’indique, de délicats manuels illustrés par ses soins, à destination de voyageurs curieux comme lui. En leur sein, l’auteur distille ses adresses rares. Souvent inédites. Dépeintes par un phrasé reconnaissable et une imagerie aquarelle. Délicate. Esthète. Avide de découvertes, monomaniaque parfois, Marin nous fait découvrir un charmant style de vie. Un storytelling fascinant aux allures de recueil illustré. Là, en pleine Normandie. Pour forcer un peu plus le trait, c’est dans une maison de campagne, transformée en atelier hors du temps qu’il reçoit The Socialite Family. Un havre de création dans lequel la notion de temps n’existe plus et où le producteur vit entouré de ses chineries. Un jeu qu’il applique donc aussi dans sa vie.
Lieu
Normandie
texte
Caroline Balvay
Photographies et Vidéos
Constance Gennari
TSF
Marin, qui êtes-vous ? D’où venez-vous ?
Marin
Chineur, illustrateur, réalisateur, collectionneur, auteur et aventurier, je suis arrivé à Paris il y a une douzaine d’années, après une enfance dans le sud de la France. J’ai débuté très jeune dans la décoration de cinéma après avoir assisté le décorateur Christian Sapet aux Puces de Saint-Ouen. Je me suis ensuite dirigé vers la réalisation de documentaires et de films pour la mode, qui m’ont fait voyager à travers le globe. Puis j’ai repris mes aquarelles et créé ma propre collection de guides édités chez Flammarion « Bonjour City Map Guides », dans laquelle je confie mes adresses insolites. Chaque voyage est l’occasion de chiner des objets que je propose à la vente en pièce unique sur mon e-shop. Pas facile de poser une étiquette sur mon métier, mais toutes mes passions sont liées les unes aux autres !
TSF
Quel a été votre parcours en dessin ?
Marin
Ma grand-mère est artiste peintre et son style de vie, libre, m’a toujours fasciné. Très jeune, j’ai compris que le choix d’un mode de vie artistique serait le plus adapté à ma quête d’émancipation. Je suis donc parti à 18 ans à Londres pour entrer à la Central Saint Martins College of Art & Design, où j’ai appris les bases du dessin ainsi que la liberté créative d’un style de cursus scolaire qui me manquait en France. Après quelque temps à Londres, je savais que Paris serait mon port d’attache. Puis le dessin m’a suivi dans mes voyages, ma fidèle boîte d’aquarelles étant constamment au fond de mon sac… C’est à ce moment-là que j’ai commencé à croquer les villes sur mon passage. Le dessin s’est naturellement associé à mes voyages et l’aventure de mes guides « Bonjour » débutait chez Flammarion.
TSF
Qui vous inspire aujourd’hui pour vos créations ?
Marin
Sonia Delaunay pour ses couleurs, le Douanier Rousseau pour son exotisme, Jean Cocteau pour sa poésie, Madeleine Castaing pour la mixité de son goût et l’anonymat des objets découverts en brocante.
TSF
Comment définiriez-vous votre style vestimentaire ?
Marin
Comme pour les objets, chiner les pièces de ma garde-robe est un jeu. L’idée de porter un vêtement qui a déjà une histoire, un tissu qui a déjà vécu me réconforte. J’aime aussi mixer les pièces basiques d’aujourd’hui avec celles d’hier. Comme pour la déco, le mélange des styles est une valeur ajoutée pour se différencier des autres. Et puis il y a le retoucheur magique de ma rue auquel j’apporte très souvent mes trouvailles chinées. Il s’occupe de les reprendre à mes mesures. Je profite également de mes voyages en Inde pour remplir une valise de mes chemises favorites et les faire refaire dans les nombreux choix de cotons made in India. Toujours dans les tons de bleu ! Le pantalon que je porte ici date des années 1920. Il est en pur lin, cousu main et porte encore le nom de son propriétaire dans la doublure. Merci, Georges !
TSF
Votre couleur préférée ?
Marin
Le bleu marine pour le textile et le vert anglais pour la décoration.
TSF
Combien de temps passez-vous dans votre maison de campagne ?
Marin
Ce n’est pas vraiment régulier. J’essaye de m’évader tous les week-ends pour créer une coupure avec Paris et profiter des vide-greniers de la région. Tout dépend aussi de mon travail. Il suffit que je doive me concentrer sur la réalisation d’un projet pour y rester quinze jours d’affilée. Mon atelier reste le lieu dans lequel je me sens le plus inspiré. Entouré de mes objets, au calme, je perds la notion du temps et peux dessiner quatorze heures par jour. Souvent, des amis artistes me rendent visite et profitent du lieu pour travailler et créer sur place. Une fois le portail fermé, cette maison est un véritable havre de création.
TSF
Chez vous, quel est votre objet fétiche ?
Marin
Dans chaque espace que j’investis, je ressens le besoin d’être entouré d’un globe terrestre. Qu’il soit lumineux, pour sa lumière tamisée, ou simple objet d’étude : un petit rien me suffit à le contempler. Dans mon atelier, ce globe d’ardoise du XIXᵉ siècle était destiné à la pédagogie pour y inscrire chaque pays à la craie. C’est un objet qui me rappelle que la terre est ronde et qu’il me reste encore de nombreuses destinations à découvrir !
TSF
Et que manque t-il ?
Marin
Une pièce vide pour la remplir de nouvelles trouvailles !
TSF
Pouvez-vous nous donner trois-quatre adresses où vous chinez vos meubles et bibelots ?
Marin
Impossible de me passer de l’application Brocabrac, qui m’informe de tous les vide-greniers et brocantes en France dans ma zone géographique. C’est grâce à elle que je sillonne la Normandie ! J’adore aussi flâner chez Troll & Puces. C’est un espace encore confidentiel, à Paris, qui regroupe huit brocanteurs qui chinent à travers la France toute l’année. Du côté de l’étranger, je ne saurais que recommander le marché Feira da Ladra, à Lisbonne : C’est une ville que j’adore et où je pars chiner quelques bondieuseries et objets de curiosité quand j’ai l’envie de prendre le large ! Enfin, je citerais la brocante Coco and Co de ma mère à Honfleur. On a la chance de partager la même passion pour la chine. C’est un peu Noël à chacune de mes visites, car elle me met ses trouvailles favorites de côté avant de les proposer à la vente !
TSF
Un bon restaurant à nous recommander ?
Marin
Le Bon Saint Pourçain, dans le VIᵉ arrondissement parisien. Seulement deux-trois plats à la carte, la rue pavée et l’ambiance du décor utilisent tous les codes de la carte postale parisienne avec tout le bon goût de la cuisine de bistro dans l’assiette. Une excellente adresse !