Familles

La vie de château.

Chez

Pablo Saavedra de Decker, Altaï 9 ans et Nîn 6 ans

Depuis toujours explorateur vorace de l’univers qui l’entoure, Pablo Saavedra de Decker est une personnalité à part, curieux du monde des arts et touche-à-tout autodidacte. Son parcours est aussi hors du commun que sont les figures familiales qui l’accompagnent. Une mère photographe de guerre et un père en lutte contre la dictature de Pinochet forgent certainement une notion de la réalité et des possibles toute personnelle. Pablo Saavedra de Decker s’émancipe tôt, prend la route et depuis, façonne ses multiples sensibilités dans une quête sans fin. Il se dédie aujourd’hui à la musique. Son approche, une transe hypnotique, l’histoire d’une performance physique et spirituelle dans laquelle il tombe à corps perdu, entraînant son public avec lui.

Lieu

Paris

texte

Eve Campestrini

Photographies et Vidéos

Eve Campestrini

TSF

Pablo, racontez-nous votre histoire ?

Pablo

Je suis né à Paris d’un père chilien, Teo Saavedra, très investi dans la lutte armée contre la dictature de Pinochet et d’une mère photographe de guerre et de reportage, Marie-Laure de Decker. J’ai grandi avec elle et Thierry Levy, qui était un grand avocat et un homme très érudit. J’ai cessé d’aller à l’école à 14 ans et suis allé vivre au Chili avec ma soeur aînée. J’ai commencé à faire de la peinture et des percussions, puis j’ai voyagé en Indonésie et en Inde pour étudier le gamelan et le tabla. J’ai fait l’école en mer sur un vieux voilier dans les Caraïbes, j’ai ensuite étudié la musique dans une école de jazz à Paris. Puis avec une compagnie de théâtre j’ai voyagé en Amérique centrale où nous allions nous produire dans les orphelinats. Les six années qui ont suivies, je suis régulièrement aller passer quelques mois avec une tribu nomade dans le sud du Tchad. Être avec eux, dans la brousse, fut une expérience unique et très forte. Comme un retour aux premiers Hommes. J’ai aussi étudié le théâtre à l’école Jacques Lecoq à Paris puis à Londres, été assistant décorateur pour Hermès, puis un jour j’ai pris mon vélo et je suis partit de Venise à Athènes, juste en pédalant. J’ai vécu à New-York où j’ai rencontré la mère de mes deux merveilleux enfants. De belles et délicates années de remise en question et tout à coup l’obligation pour moi d’entrer dans cette société. Ça n’a pas été évident !

TSF

Musicien, vous vous définissez surtout comme performeur, dites-nous en plus ?

Pablo

J’ai abordé naturellement le DJ set de manière différente. Je ne reste pas derrière les platines à me donner du mal pour faire des transitions parfaites, ça m’est un peu égal. Je suis devant les platines, sur scène et j’essaye d’emporter la foule avec moi à travers la musique, avec l’effet qu’elle me produit. Je danse 5 heures de suite et j’entre dans une transe. Dans les temps anciens, les hommes se réunissaient pour célébrer leur Dieu, la vie. Voilà ce qu’est pour moi un DJ set ! Une communion spirituelle entre le public, l’insaisissable mystère et la musique. Je m’efforce de créer une catharsis collective, en poussant mes propres limites, tant physiques, qu’en allant chercher de toute mon âme et avec toute l’énergie que je possède, une certaine vibration. Ce qu’Aristote appelait un effet de “purification” produit sur les spectateurs par une représentation dramatique de la musique.

TSF

Quels sont vos sources d’inspirations, autant dans votre quotidien que dans votre travail ?

Pablo

Tout. Mais j’ai toujours été très marqué par les trois personnes qui ont été les piliers de mon existence. Mon père, ma mère et mon beau père. À eux trois ils représentent pour moi, la force, le courage, la droiture et un exemple assez élevé d’un idéal de l’Être. C’est très difficile d’être à la hauteur que l’on s’est fixée, parfois on se casse la figure, mais je crois que l’on doit s’efforcer le plus possible, par un travail de réflexion et d’action quotidienne, à créer une image de soi qui va au-delà de qui nous pensons être. Notre but ultime je pense, est de modeler, avec énergie et courage, l’être que nous sommes en devenir. Ensuite, je dirais que la littérature et le cinéma ont été une profonde inspiration. Les grands personnages sont comme des sources auquel il faut aller s’abreuver. Plus précisément dans mon travail, je dirais les hommes et femmes qui ont créée la musique du 20 siècle, pour n’en citer qu’un infime poignée : Fela Kuti, Nina Simone, James Brown. Et aussi les grands orateurs, ils créent une vibration très forte que j’admire. Bref, l’être humain m’inspire quotidiennement. L’être humain et le silence. Comme je disais, tout. Aujourd’hui je ne vois rien qui ne peut être source d’inspiration.

TSF

Quel est l’histoire de cet endroit ?

Pablo

Cette maison est au coeur d’un château du 18ème siècle. J’y vis depuis trois ans et petit à petit des amis sont venus s’installer dans les autres maisons à côté. Nous sommes au milieu d’une forêt de 40 hectares à 20mn de Fontainebleau. C’est un endroit enchanté surplombé par de majestueux séquoias de 250 ans.

TSF

Quel est l’objet qui vous est le plus cher ici ?

Pablo

Il y a quatre objets symboliques. Mon père a passé trois ans dans les camps de concentration au Chili. Pendant sa détention, il fabriquait pour sa mère de petits objets en os ou en métal. Une guitare que ma mère a offerte à mon père lorsque je suis né. La chevalière de mon grand père qui s’est battu pendant trois guerres. J’aurai aimé le connaître dans ma vie d’adulte, il était droit comme une épée. Et enfin, un couteau que j’avais au Tchad. Ce sont pour moi des objets sacrés, chargés d’une mémoire forte.

TSF

Et celui qui manque encore chez vous ?

Pablo

Aucun. Je suis heureux avec ceux qui sont là. Ah si, un économe. Je suis sur le coup depuis plusieurs mois !

TSF

Quel est l’endroit où vous passez le plus de temps chez vous ?

Pablo

Un peu partout, mais principalement dans mon bureau, où je lis et j’écris.

TSF

S’il fallait décrire votre univers en quelques mots ?

Pablo

C’est délicat de décrire son univers, il est, c’est tout. En parler serait le dénaturer, l’enfermer dans une boîte. Je n’aime pas ça. Mais vous parlez peut être d’un univers de décoration. J’aime ce qui m’apparaît comme vivant.

TSF

Quels sont vos projets pour la suite ?

Pablo

Je partage mon temps entre des sets privés et des voyages au Tchad et en Arctic. Je m'occupe beaucoup du fonds photographique de ma mère, dont nous préparons une grande rétrospective dans une institution photographique parisienne, ainsi qu'une monographie et la publication de ses mémoires. 


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