Famille

Un entrepôt industriel repensé par la fondatrice de la marque Alix D. Reynis

Chez

Alix Depondt-Reynis et Benoît, Salomé 21, Ulysse 19, Joseph 12, Louis 10 ans

Nous avons eu la chance de rencontrer les deux Alix Depondt-Reynis. La femme, dans son antre familial, un entrepôt transformé en un sublime écrin moderne où les meubles chargés d’histoire apportent un supplément d’âme irrésistible. Et la créatrice. L’incarnation vivante d’une marque qui porte son nom et dont elle est la parfaite ambassadrice. Alix D. Reynis, c’est l’atavisme du travail manuel. L’exacerbation de l’amour du fait main, qui prend forme le long des courbes d’objets en porcelaine de Limoges pensés pour l’art de la table et, plus globalement, de la maison. Depuis sa création en 2011, son atelier de St-Germain-des-Prés est le lieu où sont entièrement façonnés de délicats bijoux en vermeil (très bientôt en or, nous chuchote-t-on), venus agrémenter l’offre au style intemporel. Une réinterprétation élégante du quotidien et de ses indispensables. Chez elle, le service à thé et les luminaires aux détails ciselés font partie intégrante de son univers. Sortis des belles étagères boisées des vaisseliers de ses boutiques, ces nécessaires sculptés vivent une nouvelle existence. Celle de l’artiste a d’ailleurs connu un parcours « contrarié » fait de reconversions, d’étudiante en droit notarial à sculptrice émérite en passant par chef de chantier. Une singularité qui lui a conféré une force de caractère unique, que l’on ressent pleinement dans son intérieur. Des choix assumés, un espace généreusement ouvert où les arts décoratifs des XVIIIᵉ et XIXᵉ siècles cohabitent avec d’autres éléments témoignant d’une vie joyeuse où tous les âges se croisent.

Lieu

Paris

texte

Caroline Balvay

Photographies

Valerio Geraci

TSF

Alix, qui êtes-vous ?

Alix

Je suis une femme de 45 ans. J’ai eu plusieurs vies professionnelles et personnelles. J’ai quatre enfants de deux pères différents. Après des années de questionnements, j’ai acquis une certaine sérénité mais je garde une soif d’apprendre et d’entreprendre, chaque jour, quelque chose de nouveau !

TSF

Parlez-nous de votre parcours, plutôt atypique, qui vous permet aujourd’hui de vivre de votre passion.

Alix

Une fois le bac en poche, je me suis orientée vers des études juridiques. Un peu par manque de confiance en moi et parce qu’étant issue d’un milieu bourgeois, choisir le travail manuel voulait dire risquer un déclassement. Après six années de droit et déjà un bébé (ma fille Salomé est née quand j’avais 24 ans), je quitte la fac et décide de devenir sculptrice. Mais c’était en partie pour plaire à quelqu’un d’autre qu’à moi. J’obtiens un atelier de la Ville de Paris, je donne des cours, je pars même en résidence à l’étranger. Et surtout je touche à beaucoup de techniques : pierre, terre, plâtre, métal, etc. À 30 ans, je décide de m’affranchir d’une relation compliquée avec le père de mes deux premiers enfants. Je dois devenir indépendante financièrement : je décide donc de terminer mon diplôme de notaire et de travailler dans une étude, ce que je fais pendant les cinq années qui suivent. Au cours de cette période, je rencontre mon mari, qui a joué un très grand rôle dans mon parcours professionnel (alors qu’il ne comprend pas du tout ce que je fais et n’a pas un sens esthétique très développé) ! Après la naissance de mon troisième enfant, je quitte le notariat et pars travailler pour l’entreprise de travaux qui réhabilité l’entrepôt que nous avons acheté à Ivry-sur-Seine. Je deviens chef de chantier pendant deux ans. À 35 ans, Louis, mon quatrième enfant naît. J’ai la certitude de vouloir monter mon propre business, mais lequel ? J’ai déjà changé si souvent de voie sans trouver la bonne ! Cela devient obsédant. Je décide d’aller voir un coach et là, miracle : en deux séances, je tire enfin le bon fil de la pelote qu’il ne reste plus qu’à dérouler.

TSF

L’artisanat, le travail de la matière… Est-ce une prédisposition familiale ?

Alix

Oui, une très grosse prédisposition ! Une très grande partie de mon enfance y est consacrée. Mes deux parents sont eux-mêmes très doués de leurs mains et attachent de l’importance à autre chose que l’éducation purement académique. J’ai notamment passé plusieurs années à l’école Decroly (une sorte de Montessori). Mon père, notaire, a passé son CAP de menuisier. J’ai réalisé beaucoup d’objets avec lui. Avec ma mère, j’ai appris à coudre, à cuisiner, à tapisser, à poser du papier peint et encore tant d’autres choses… Ce que je n’ai pas l’impression d’avoir encore eu le temps de transmettre pleinement à mes enfants. Mais je voudrais pouvoir le faire dans notre nouvelle maison de vacances où j’ai prévu d’installer un atelier !

TSF

Pourquoi avoir décidé de travailler en particulier la porcelaine de Limoges – pour vos objets – et l’or vermeil – pour vos bijoux ?

Alix

La porcelaine est un matériau fascinant et noble. C’est la pâte céramique la plus exigeante mais aussi la plus blanche et la plus transparente. J’avais pourtant commencé à travailler avec la faïence, car c’est ce que j’utilisais en sculpture. Mais l’opacité et le côté trop terreux ne me convenaient pas pour la réalisation d’objets utilitaires. J’avais envie de dépoussiérer les arts de la table tels que proposés par les porcelainiers depuis des dizaines d’années. Au début, d’ailleurs, je n’ai pas été très bien comprise par le porcelainier avec qui je travaille. Mes pièces étaient trop irrégulières, je crois qu’il n’aimait pas tellement ! Quant aux bijoux, j’ai fait quelques essais avec la porcelaine mais je n’étais pas satisfaite. Cela manquait de finesse et de possibilités d’expression. J’aurais aimé pouvoir travailler l’or tout de suite mais par manque de trésorerie et de légitimité, le vermeil était un compromis parfait. Il fait partie des métaux précieux et il se travaille exactement comme l’or. Après plusieurs années à travailler cette matière, je me sens enfin légitime de lancer une collection de bijoux en or et pierres précieuses. Nous travaillons en ce moment sur le catalogue et les visuels. J’ai hâte de vous les montrer !

TSF

Verrons-nous un jour de la couleur dans vos collections ?

Alix

C’est une grande question pour moi ! J’adore dessiner et j’ai fait plusieurs essais de cuisson de décor sur mes pièces. Pour l’instant, je n’ai pas encore trouvé ce que je veux, car la cuisson limite mon spectre de couleurs.

TSF

Pourquoi avoir travaillé une palette de tonalités plutôt sourdes chez vous ?

Alix

À chaque fois que j’ai utilisé des couleurs vives, je m’en suis lassée très vite, trop vite. Je les trouve trop présentes et je préfère les utiliser en petites touches comme sur des tableaux, avec des coussins ou des objets.

TSF

L’univers esthétique de votre marque est-il proche de celui de votre décoration ?

Alix

Il y a certains points communs entre Alix D. Reynis et la décoration de ma maison, mais dans ma vie personnelle j’attache moins d’importance à des détails, qui me semblent essentiels pour ma marque. Ma marque s’est construite à partir de zéro. Je peux donc la modeler exactement comme je le souhaite. Je pense que mon style est assez classique, je recherche une intemporalité, un raffinement. Les arts décoratifs des XVIIIe et XIXe siècles sont une source inépuisable d’inspiration.

TSF

Comment avez-vous pensé votre intérieur familial, qui est une rencontre entre un écrin moderne et des pièces anciennes ?

Alix

À la naissance de mon troisième enfant, il nous fallait de l’espace et cet entrepôt répondait à ce besoin. Il est moderne et j’aime bien l’idée que nos meubles de famille apportent à ce lieu brut l’âme dont il manque. Il y a dedans une accumulation d’objets ayant appartenu à plusieurs générations, plusieurs origines. Je les mélange du mieux que je peux. Mais je rêve d’une maison ancienne pleine de boiseries, de moulures et de cheminées !

TSF

Les pièces communes (salle à manger, de jeux, salon) sont très généreuses, ouvertes… faites pour passer un maximum de temps ensemble ?

Alix

Le défi de ce grand espace où la lumière ne vient que de la façade était de pouvoir vivre tous ensemble sans se gêner. Il a donc fallu le séquencer plus que le cloisonner. Je crois qu’après dix années d’aménagements, ma maison est enfin terminée (Rires). Je m’y sens tellement bien que je peux ne pas en sortir pendant plusieurs jours !

TSF

Vous habitez à Ivry-sur-Seine, avez deux boutiques à Paris… Pouvez-vous nous confier vos adresses fétiches, celles où vous avez vos habitudes ?

Alix

Je n’ai malheureusement pas d’adresse à conseiller à Ivry-sur-Seine. Nous passons du temps chez nous mais pas trop dans le quartier, mis à part le marché de la porte d’Ivry le dimanche matin où l’on trouve l’essentiel pour la semaine. En cas de besoin, j’ai quelques adresses sur le chemin entre la rue Jacob où je travaille et chez moi. Notamment les commerçants de Maubert Mutualité ou de la rue Mouffetard (où j’ai vécu quelques années). Question desserts, j’ai la chance d’avoir à 50 mètres du travail Joséphine Bakery, une boulangerie-pâtisserie qui fait, entre autres, un pain au granola de folie.

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à suivre

Delphine Plisson et Vincent, Lilas-Jeanne 19, Martin 17, Gaston 15, Keïzo 10 ans et Françoise 18 mois

Créations en propre

Chaque ligne, chaque finition de nos créations de mobilier et luminaires a été pensée par notre studio créatif à Paris.

Fabrication 100% européenne

Nos créations sont fabriquées dans les meilleurs ateliers européens, principalement en Italie et en France.

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