Famille

Épure en lisière de la réserve naturelle de l’Arrábida, au Portugal.

Chez

Julien Labrousse et Elsa Kikoïne, Lucio 10 ans, Gabriela 3 ans

Chaque jour, The Socialite Family a à coeur de vous propulser dans des univers toujours plus surprenants. Des intérieurs qui ont autant à raconter que leurs propriétaires, des personnalités passionnantes aux horizons aussi divers que leurs styles. Et ce début d’année, bien loin d’échapper à la règle, la confirme plus que jamais. Après l’opulence colorée de Noël, le joyeux bazar des vacances en famille et l’implosion festive du réveillon, nous avons choisi de vous faire partager une histoire inédite. Une histoire en marge de ce mois de décembre empli de sollicitations, qui se déroule actuellement au Portugal sur la seconde pointe de l’Europe. À Cabo Espichel, plus exactement. C’est dans cet endroit sauvage, à la lisière de la réserve naturelle de l’Arrábida, que Julien Labrousse a décidé de faire grandir la suite d’Etosoto. En préambule à la construction de l’hôtel – basé sur un mélange entre culture, tourisme et agriculture – l’entrepreneur s’est bâti une maison totalement autonome énergétiquement. Comment ? En reprenant deux ruines, restructurées grâce à l’utilisation extérieure mais aussi intérieure de différents types de bois, chauffées par un puits canadien et alimentées en énergie par des panneaux solaires. Un rêve de quasi-autarcie qui se confirmera à plus haute échelle avec l’avancée des travaux d’Etosoto Cabo Espichel, prévus dans les mois à venir. En attendant de voir une autre de ses grandes idées « utopiques » se réaliser, le Parisien spécialiste des projets à consonance culturelle savoure ces moments de plénitude en famille. Sa structure de pin, avec ses formes épurées et ses larges fenêtres à hauteur variées, y contribue largement. En un battement de cils, les enfants se retrouvent propulsés dans un décor de film. Grands espaces, herbes folles, lumière cinématographique. Une vraie liberté dont ils profitent ici pleinement. Loin de tout !

Lieu

Cabo Espichel

texte

Caroline Balvay

Photographies

Constance Gennari

TSF

Julien, pouvez-vous présenter ?

Julien

J’entreprends depuis une quinzaine d’années des projets à consonance culturelle assez variés. Depuis dix ans, je m’occupe, entre autres, de deux théâtres à Paris, Le Trianon et l’Élysée Montmartre. J’ai une approche très autonome concernant la manière de gérer mes créations. Je réalise à la fois l’architecture (j’ai d’ailleurs créé une structure, Studio Combo, spécialement pour cela), les travaux, la direction artistique, le volet financier, etc. J’aime beaucoup constituer des équipes décloisonnées qui travaillent de façon chorale et familiale, en mélangeant leurs spécialités. J’ai un parcours un peu atypique. J’ai fait beaucoup de métiers différents, plutôt dans des domaines artistiques, mais toujours avec une approche entrepreneuriale décomplexée. C’est grâce à ces aventures que j’ai forgé mon expérience. C’est aussi grâce à elles que je me suis permis de monter au fur et à mesure des projets de plus en plus ambitieux.

TSF

Où sommes-nous, ici, au Portugal ?

Julien

Nous sommes à trente minutes de Lisbonne, dans un endroit peu connu qui s’appelle Cabo Espichel. C’est un cap, la deuxième pointe de l’Europe. Mais aussi le début de la réserve naturelle de l’Arrábida. Avec mon frère, nous avons eu la chance de pouvoir acheter cet immense terrain entouré de ce lieu grandiose et de… la mer. Etosoto a été entrepris il y a 2 ans avec une idée un peu transgressive et particulière de l’écologie : mêler culture, tourisme et agriculture. Nous sommes sur le point de construire un hôtel composé de maisons disséminées dans l’Arrábida même. Toutes les constructions seront conçues selon les préceptes de l’architecture bioclimatique, très inspirée de l’architecture en bois japonaise contemporaine. Nous avons bâti le projet en réfléchissant à ce que seraient les vacances de rêve que nous souhaiterions avoir en famille. Ce qui implique beaucoup d’espace pour les pratiques culturelles (école de cinéma pour les enfants, ateliers, studios de musique, etc.), un grand volet agricole avec une quarantaine d’hectares d’agroforesterie qui produira une importante partie des ressources du lieu (alimentation, savons, crèmes, produits d’entretien, etc.) ou des espaces autour du mieux-être (salles de yoga, de pratique libre, etc.). Le cadre joue un rôle important par la possibilité de cette immersion dans la nature. Ici, nous sommes dans une maison que j’ai fabriquée en attendant l’aboutissement des travaux. Nous avons réhabilité deux ruines que nous avons recouvertes de bois à l’intérieur et à l’extérieur. Ces lieux ne représentent pas fidèlement l’architecture que nous allons développer, mais j’ai pu essayer différentes choses, tant sur le plan des matériaux que sur le plan bioclimatique. Ils sont totalement autonomes énergétiquement, chauffés par un puits canadien. Avec Elsa et les enfants, c’est notre refuge. Un lieu de travail nomade. Nous y passons beaucoup de temps !

TSF

Comment décririez-vous votre concept de vie idéale ?

Julien

J’aime avoir de grandes idées qui me paraissent utopiques et tout faire pour essayer de les réaliser. Ça ne marche pas tout le temps, ça prend du temps. Mais en ce moment, j’avoue, j’ai une bonne main ! (Rires) J’ai de beaux projets en cours.

TSF

Quelle éducation avez-vous reçue, votre frère et vous ?

Julien

Nous avons grandi dans un bon terreau culturel, ce qui est un atout indéniable ainsi qu’un bagage important pour construire sa vie. Notre père avait une maison d’édition de livres d’architecture, notre mère a travaillé principalement dans la défense de l’environnement. Effectivement, nous retrouvons des ancrages forts de notre univers familial dans ce projet.

TSF

Ce nouveau projet, est-ce celui de votre vie ?

Julien

J’ai toujours perçu les quelques grandes idées que j’ai concrétisées comme des rêves qui se réalisaient. Celle-ci en fait partie. J’espère qu’il y en aura d’autres. Je suis un peu insatiable et hyperactif, donc je pense que j’entreprendrai encore d’autres « projets de ma vie » après.

Nous sommes à trente minutes de Lisbonne, dans un endroit peu connu qui s’appelle Cabo Espichel. C’est un cap, la deuxième pointe de l’Europe.

TSF

Pouvez-vous nous parler des matériaux que vous utilisez pour vos cabanes, tant dedans que dehors ?

Julien

Dans la maison où nous sommes, j’ai utilisé pour l’extérieur du pin traité au compost de cannes à sucre. Je pense que c’est important d’exploiter ces méthodes permettant de traiter le bois naturellement, cela permet de l’inscrire dans des cycles « cradle to cradle ». C’est aussi un enjeu pour la qualité de l’air dans l’habitat. À l’intérieur, tout l’habillage a été réalisé avec du peuplier, fixé uniquement avec des chevilles. Et nous avons utilisé une pierre dont la carrière est située à quelques kilomètres pour les revêtements minéraux. Dans le cas d’Etosoto, nous allons principalement utiliser de l’eucalyptus. C’est un bois invasif au Portugal, il couvre 23% du territoire. Son emploi permet une approche très raisonnée. De plus, c’est un très beau bois sans nœuds et très dur, ce qui confère une protection naturelle élevée ! Je l’ai découvert en bâtissant la maison. Nous l’avons appliqué dans une seule pièce et le rendu est très beau.

TSF

Quand pourrons-nous séjourner à Etosoto ?

Julien

Etosoto Cabo Espichel est actuellement en consultation publique. Nous devrions – si tout va bien – commencer le chantier dans 6 mois. Puis nous aurons environ un an et demi de travaux. Donc cela devrait ouvrir fin 2021 !

TSF

Pouvez-vous nous parler de votre magazine Regain et de son concept, d’une certaine manière complémentaire à votre projet ?

Julien

Regain, je m’y suis associé. L’idée vient de Daphné Hezard. C’est un magazine qui met en valeur l’agriculture et tout son écosystème. J’avais envie d’y participer car, d’une part, comme beaucoup de personnes, je pense qu’il est important de revaloriser la place et le rôle des producteurs agricoles dans notre société en leur donnant une image plus moderne grâce à de bonnes plumes. D’autre part, j’ai très envie de me lancer davantage dans l’agroforesterie (ce que je commence au Portugal), mais je dois faire mes armes. Pour ce faire, je dois m’informer, me cultiver, découvrir les approches les plus pertinentes possible. Et cette aventure y contribue.

TSF

Quels sont vos rêves les plus fous ?

Julien

Je n’en ai pas un en particulier. Les différents travaux que j’ai en cours répondent à mes envies les plus fortes. Que ce soit à travers Etosoto ou à travers un autre chantier sur lequel je suis actuellement à Lisbonne dans un vieux palais. Là-bas, nous réalisons un lieu particulier. Une sorte de roman vivant.

TSF

Que pensent vos enfants de cette philosophie très liée au respect de l’environnement ? Y sont-ils sensibles ?

Julien

Je voyage beaucoup avec mes enfants. J’ai le sentiment qu’ils se sont vraiment enrichis grâce à ça ! Ils n’ont jamais l’air de s’ennuyer, je sens qu’ils aiment ça, qu’ils s’épanouissent. Je pense que c’est une vraie chance pour eux.

TSF

Pouvez-nous nous donner une recette réalisée à partir de produits locaux ?

Julien

Je n’ai pas de recette particulière, mais nous avons un voisin qui fait un délicieux fromage de brebis frais. Nous en voyons d’ailleurs tous les jours qui pâturent autour de notre maison. C’est notre petite madeleine de Proust locale.

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