Inspiration

Hôtel Rosalie, « réconcilier l’urbain avec la nature »

«Replacer la nature au cœur de la ville ». Avec l’hôtel Rosalie, Joris Bruneel – président du Groupe MyHotels – a lancé le défi à l’architecte d’intérieur et designer Marion Mailaender d’offrir aux Parisiens – mais pas que – un lieu de vie au calme absolu. Pari réussi avec cet « îlot urbain » en retrait de l’effervescente place d’Italie où la végétation semble reprendre ses droits. De la façade jusqu’aux 400 m2 d’espaces extérieurs. Une succession de terrasses et de jardins – suspendus ou non – végétalisés sous la houlette du paysagiste Merci Raymond et avec lesquels les choix décoratifs de la décoratrice dialoguent. Utilisation du liège au sol ou encore papier peint fleuri : la créative ne manque également pas de tirer le fil de la scénographie des lieux avec humour. Inspirée par le décalage du style international de la façade « twistée par les statues antiques » qui l’ornent, elle joue de l’anachronisme en associant mobilier de designer signé et finition pop assumée. À l’image du lobby aux pièces Gae Aulenti revisitées d’un textile à l'imprimé trèfles qui titille l’œil. Une manière d’exploiter avec plaisir le contexte du bâtiment et plus encore. Car c’est tout un quartier du XIIIe arrondissement que Joris Bruneel souhaite inclure au côté de Marion dans le projet. En mettant l’humain au centre des attentions. Les étudiants de l’école d’art voisine, l’École Estienne, en tête de file. Ici, leur savoir-faire est valorisé sur un travail mural de fresque et d’affiches qui parcourent certaines des 60 chambres douillettes du lieu. Une vision humaniste et généreuse de l’hôtellerie qui propose un souffle de fraîcheur dans un Paris qu’ils souhaitent plus verts que jamais.

Hôtel Rosalie, 8 bis Av. de la Sœur Rosalie, 75013 Paris, réservation sur leur site www.hotel-rosalie.com et par téléphone au 01 43 36 62 00.

texte

Juliette Bruneau

Photographies

Jeanne Perrotte

Rosalie (...) est un hôtel quatre étoiles de 60 chambres, entre la place d’Italie et les Gobelins. Étonnamment, c’est un lieu d’un calme absolu en retrait de la rue et de l’effervescence de la place d’Italie…

TSF

Marion, Joris : pouvez-vous vous présenter ?

Joris

Joris Bruneel, je suis hôtelier, président du Groupe MyHotels que j’ai créé en 2013. Nous gérons 18 établissements dont deux hôtels indépendants. Nous avons créé le lieu de vie Babel à Belleville en 2021 et avons ouvert au printemps dernier l’hôtel Rosalie dans le XIIIe arrondissement. On m’a présenté Marion, dont j’avais entendu parler avec le projet Tuba à Marseille. Nous avons tout de suite accroché humainement. Nos origines sudistes ont facilité les choses, moi-même étant varois et elle marseillaise ! J’ai beaucoup apprécié son ouverture d’esprit et sa flexibilité créative. Elle n’arrive jamais avec une boîte à outils toute prête et n’a pas non plus l’envie de faire la même chose que les autres en mieux… elle fait différemment et brillamment ! Avec Rosalie, elle dépoussière les codes de l’hôtellerie quatre étoiles classique et elle a été très à l’écoute de l’histoire que je voulais raconter.

Marion

Je suis Marion Mailaender, architecte d’intérieur et designer. Je me suis occupée de l’architecture intérieure de l’hôtel Rosalie que Joris m’a confiée. Nous nous sommes rencontrés juste après l’ouverture du Tuba Club, ce qui faisait de moi une grande spécialiste de l’hôtellerie (il n’y a que huit chambres (rires)). Joris a pris le risque de me faire confiance pour un hôtel de plus grande envergure et nos échanges ont été très riches, j’ai beaucoup appris avec ce projet.

TSF

Et nous introduire Rosalie, seconde ouverture après Babel à tracer le sillon d’une hôtellerie consciente et solidaire ?

Joris

Rosalie (l’établissement est situé avenue de la sœur Rosalie) est un hôtel quatre étoiles de 60 chambres, entre la place d’Italie et les Gobelins. Étonnamment, c’est un lieu d’un calme absolu en retrait de la rue et de l’effervescence de la place d’Italie… Nous avons la chance d’avoir plus de 400 m2 d’extérieurs, répartis sur trois terrasses que nous avons mises au centre du projet et que nous avons largement valorisées avec le paysagiste Merci Raymond, qui végétalise beaucoup de toits parisiens. L’idée est de replacer la nature au cœur de la ville, de réconcilier l’urbain avec la nature, qui envahit l’espace de Rosalie en mode « urbex ». Il y a une vieille 205 posée sur le rooftop qui déborde de végétation, par les vitres et même dans le capot ! Nous y faisons pousser du houblon, des framboises, des noisettes, du raisin, des herbes aromatiques… Marion s’est complètement imprégnée de cet univers pour le rendre cohérent avec son axe décoratif.

TSF

Concrètement, comment cela s’illustre-t-il dans les fondements du projet puis au quotidien ?

Joris

Habitant à Paris depuis près de vingt ans, je commençais à trouver la ville un peu hostile, agressive, contre-nature… Je voulais faire des projets hôteliers en ville qui aient du sens et pas simplement des business qui tournent bien. C’est pourquoi Babel et Rosalie ont vocation à (re)créer du lien avec le vivant : l’humain et la nature. Cela passe par un ancrage local très poussé et par la promotion d’un tourisme et d’une alimentation durables. À ce titre, Rosalie, comme Babel, bénéficie du label Clef Verte et a été certifié Entreprise à Mission.

Marion

Dans la conception de l’hôtel, j’ai pris en compte les valeurs évoquées par Joris, que je partage. L’humain au centre. J’ai fait intervenir dans le projet les élèves de l’école Estienne, célèbre école d’arts appliqués voisine. Les étudiants en typographie ont produit des affiches pour les chambres et les étudiants en numérique, une fresque. L’artiste Pauline Rousseau a réalisé un travail photographique autour des tapisseries des Gobelins. L’idée étant d’ancrer l’hôtel dans une vraie culture de quartier.

TSF

Vous attendez aussi de ces adresses qu’elles s’installent durablement dans le quartier, auprès de ses acteurs et de ses habitants. Quels moyens avez-vous mis en place pour tisser ce maillage local ? Pour quels résultats ?

Joris

Rosalie ambitionne d’être un acteur important du quartier, en lien étroit avec la mairie, les habitants, les commerçants, les associations. Les produits sont ultra-locaux à l’hôtel (café de la brûlerie des Gobelins, pains d’à côté, confitures parisiennes… même l’enceinte bluetooth dans les chambres est fabriquée dans le XIXe !), et nous avons travaillé avec Pauline Rousseau (une artiste du quartier). Nous sommes très fiers également de notre collaboration avec L’école Estienne, située à 100 m de l’hôtel. Nous ne sommes ouverts que depuis cinq mois mais l’idée est que Rosalie devienne une sorte d’hôtel tiers-lieu avec des animations toute l’année autour du thème du retour de la nature en ville. Babel, quant à lui, est bien implanté après deux ans d’ouverture, reconnu également comme un acteur local car nous avons multiplié les initiatives comme la chambre suspendue, les dîners solidaires.

TSF

Pourquoi avoir choisi le XIIIe arrondissement pour Rosalie ?

Joris

Loin des quartiers aseptisés de l’hypercentre, le XIIIe est un quartier vivant : Chinatown, la Butte-aux-Cailles, le street art. Il y a à la fois un côté très urbain et très vivant dans l’énergie du quartier qui est en même temps proche de l’hypercentre. Il faut également avouer que trouver un lieu au calme avec 400 m2 d’extérieurs dans un quartier plus central relève de la mission impossible.

TSF

Marion, vous avez fait le choix du « bon sens architectural ». Dites-nous en plus.

Marion

L’exercice Rosalie n’était pas chose aisée, la façade et les terrasses au premier abord étaient tristes et les espaces sans lumière assez compliqués à imaginer. J’aime bien m’accommoder des défauts des espaces, cela me donne un point d’appui pour dessiner. Pour moi, c’est ça, le bon sens architectural : tirer parti des caractéristiques d’un lieu sans vouloir tout changer en repartant de zéro pour coller à une réalité, notamment budgétaire. C’est aussi travailler de manière contextuelle et donner aux espaces une identité propre. Nous ne pouvons pas précisément parler d’architecture vernaculaire pour le bâtiment de Rosalie, mais nous pouvons dire qu’il est représentatif d’un style postmoderne. Le style international de la façade est twisté par les statues « antiques » qui couronnent le toit terrasse. Je trouve ce décalage drôle et me suis appuyée sur cet anachronisme pour dérouler le projet. En décoration, cela se traduit par exemple par le salon de Gae Aulenti qui est dans le lobby que nous avons retapissé avec un tissu pop, les moquettes qui remontent sur les murs dans les chambres pour se transformer en tête de lit, ou encore l’ajout sur le toit d’une voiture envahie par la nature, comme on en voit parfois abandonnées le long des routes et qui nous rappellent que la nature reprend ses droits.

TSF

Quelles ont été vos autres inspirations pour donner vie à ce style que vous définissez comme « libre, mixte, sans carcan, ni idées préconçues » ?

Marion

L’inspiration principale était le brief de départ : faire entrer la nature dans cet îlot urbain pour offrir un refuge de fraîcheur en ville. J’ai pensé que l’utilisation du liège au sol était autant une invitation à la nature que les plantes qui courent le long de la façade. Ou encore que l’utilisation de l’acier galvanisé pour du mobilier à l’intérieur serait plus forte comme évocation de la nature qu’une plante sur un bureau. Je me suis aussi permis de mélanger le mobilier des Bouroullec pour Hay, extrêmement bien dessiné, avec des bancs en treillis, premier prix des catalogues de jardin.

TSF

La frontière entre l’extérieur et l’intérieur est volontairement poreuse – on retrouve la nature dans les motifs, les matériaux utilisés mais aussi le mobilier de jardin détourné qui se mêle à des références plus design. Pourquoi avoir particulièrement accentué la présence du vivant ici ?

Marion

Parce que, à la sortie du confinement, nous avions tous envie de retrouver de la nature dans Paris, et que chez Rosalie les espaces extérieurs sont l’atout majeur. Il fallait remplacer le béton par le vivant. Merci Raymond, les paysagistes ont réussi à guider la nature pour qu’au fur et à mesure tout l’hôtel soit végétalisé, et finalement les espaces intérieurs sont devenus des passages couverts pour aller d’un extérieur à l’autre.

TSF

Un, deux établissements : êtes-vous déjà en train de travailler sur un troisième ?

Joris

J’ai en tête un projet un peu fou de lieu de vie parallèle autour des psychédéliques (en tant qu’inspiration déco, j’entends !) ou plus sagement à la montagne, donc un projet autour du vivant à nouveau. Ou autour du sacré, je deviens mystique en vieillissant.

TSF

Où vous retrouverons-nous dans les prochains mois ?

Joris

Dans mes chères Cévennes dans un premier temps et peut-être à Marseille pour ouvrir un nouveau projet Babel !

Marion

À Pigalle où j’ai ouvert Citrons et Huitres, dans une salle de sport avec mon ami Rodolphe Parente, sur la nouvelle terrasse de Tuba à Marseille, autour d’une piscine à Giens ou dans un atelier de teinture à Tanger !

L’inspiration principale était le brief de départ : faire entrer la nature dans cet îlot urbain pour offrir un refuge de fraîcheur en ville.

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