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Pour Valérie Bouvier, les Puces, c’est avant tout une affaire de famille ! Avec sa mère antiquaire d’abord, puis avec son frère Jean-Baptiste, dont la galerie supermoderne a fini par fusionner avec la sienne pour créer Remix Gallery. Un héritage familial omniprésent – bien ancré au marché Paul Bert Serpette de Saint-Ouen – qui lui confère, au fil du temps, un style bien défini. Celui des années 1980. Leur boutique a d’ailleurs un nom bien senti. Remix Gallery. Pas mal pour un stand qui fait dialoguer en son sein grands noms du design, éditions siglées Ikea, pièces uniques et objets populaires d’une « époque irrévérencieuse, parfois outrancière » ! Comme chez elle, Valérie Bouvier privilégie les compositions – assemblées en fonction des trouvailles et des rencontres – qui lui ressemblent. Pas forcément cohérentes mais loin d’être banales. Habitées par un supplément de vie dont elle pourrait parler des heures durant. Ça tombe bien, c’est son métier. Avec cet humour qui la caractérise, la marchande à la gouaille ravageuse a vite conquis le petit monde parisien qui se presse chez elle. À l’entendre rire, on comprend facilement pourquoi. Immersion colorée dans la vie à contre-courant d’une marchande, entre prototype jamais édité, mobilier Memphis et kitscheries affichées.
Valérie, pouvez-vous vous présenter ?
Je suis une très jeune femme de 40 ans, j’habite Paris, j’ai habité Cherbourg, Strasbourg, New York, Porto et Bry-sur-Marne. Je mesure 1,59 m, j’ai les cheveux courts depuis l’âge de 15 ans. Je ne porte que des baskets, je suis artiste, je suis antiquaire, je suis conférencière, je suis marrante, je suis amoureuse, je suis crédule, j’aime l’art, j’aime les meubles, j’aime le rouge à lèvres rouge, j’aime les gens un peu fous, les animaux, les enfants, les ciels, les comédies musicales, Jacques Demy, le vin rouge, le chocolat, l’odeur d’essence, les bruits de réfrigérateur la nuit et les voies ferrées.
Comment définiriez-vous votre style en termes de décoration ? D’époque ?
Je n’ai pas vraiment de style ou je dirais plutôt que mon style, c’est moi ! J’aménage mon espace en fonction des trouvailles et des rencontres. Je fais beaucoup de mélanges (comme en soirée…), du vintage fifties avec des meubles des années 1980, du Ikea, des objets de famille, des créations contemporaines, tout ce que j’aime en fait ! Je ne cherche pas à créer quelque chose de cohérent chez moi, même si avec le temps et l’expérience, cela finit par le devenir. Et cela, à la différence de ma boutique – Remix Gallery – aux puces de Saint-Ouen, où les meubles et les objets sont sélectionnés avec méthode. Finalement, je dirais que mon style est fun, décontracté, coloré et remixé.
Quelle a été votre formation ?
À 15 ans, je suis allée voir une exposition de Niki de Saint Phalle au musée d’Art moderne et en sortant, je me suis dit : « Je veux être Niki de Saint Phalle ! » Deux ans plus tard, j’intégrais donc les Beaux-Arts de Cherbourg pour devenir artiste. Je suis passée par les Arts décoratifs de Strasbourg, puis j’ai travaillé le chant – deux ans aussi – dans une école de jazz.
Quelle est votre journée type aux Puces ?
Il n’y a pas vraiment une journée type aux Puces car nous sommes amenés à faire 10 000 choses différentes dans la même journée, mais on peut dire que le week-end je commence toujours par un café et faire la bise à quelqu’un ! Après cela, je lève le rideau, je papote avec mes collègues, je chante pas mal, je rigole beaucoup et je vais chiner. Le soir, je baisse le rideau et je vais boire un verre. Je vis à contre-courant depuis toujours. J’ai toujours travaillé le samedi et le dimanche. Mon week-end à moi, c’est le mercredi et le jeudi, quand tout le monde travaille ! Cela dit, à bien y penser, ces jours-là je travaille aussi…
Quel est votre genre de clientèle ?
Nous avons la chance d’avoir une clientèle de véritables amoureux de design, très pointus. Ils ont à peu près notre âge : 35/45 ans, sont très sympas et plutôt branchés. Ils viennent le plus souvent du milieu de l’art contemporain, de la mode, de la musique ou du cinéma. En fait, la plupart de nos clients pourraient être des copains. Certains le sont devenus.
Quelles sont vos inspirations ?
Elles viennent beaucoup de l’art, de la sculpture anglaise, d’artistes comme Richard Fauguet, Tony Cragg, Thomas Hirschhorn ou Eva Hesse. Et d’autres plus anciens comme Giotto, Le Caravage, Monet et bien entendu l’ogre Picasso qui m’ont bouleversée profondément. Ils ont tous changé ma manière de regarder le monde. Puis il y a aussi les comédies musicales américaines et LE cinéma de Jacques Demy. J’ai pris une gifle la première fois que j’ai vu Les parapluies de Cherbourg, et Singing in the Rain m’a définitivement convaincue de la nécessité absolue d’être heureuse dans ma vie.
Avez-vous une préférence pour un designer en particulier ?
C’est dur de répondre car il y en a beaucoup, mais si je devais n’en choisir qu’un, je dirais Philippe Starck. Son travail des années 1980 est fantastique, mystique parfois et tellement radical.
Chez vous, où passez-vous le plus de temps ?
Je travaille beaucoup et j’ai un rythme effréné mais je suis une feignante contrariée ! Donc, quand je suis à la maison, je passe pas mal de temps à bosser sur mon canapé Togo, sur mon tapis ou sur mon chat (le pauvre…) !
Votre meuble favori ?
Ma table d’Alessandro Mendini. Parce qu’elle est belle, qu’elle est grande, que l’on peut y dîner à huit et qu’elle déchire ! Mais aussi parce qu’elle est unique (c’est un prototype de Studio Alchimia), que ce fut une belle rencontre lorsque je l’ai achetée et qu’on a bien galéré pour la rapporter à la maison.
La pièce de vos rêves les plus fous ?
Je suis amoureuse des objets, il y en a donc beaucoup que j’aimerais avoir mais je suis totalement fan des céramiques de Jaime Hayón éditées chez Bosa, des verreries d’Ettore Sottsass ou encore de la table Illusion de Philippe Starck. Mais je crois que la pièce de mes rêves serait un objet qui aurait appartenu à Marie-Antoinette.
Votre couleur du moment ?
Le noir. Depuis un peu plus d’un an, mes choix de meubles pour Remix Gallery sont moins éclectiques et plus radicaux. Le noir est une couleur (ou pas !) qui représente vraiment une partie du design français des années 1980. J’aime son absence de narration. Le noir n’est pas bavard, il se suffit à lui-même.
Que manque-t-il chez vous ?
Un placard !
Un bon restaurant à nous recommander ?
Le Cosi, chez Olivier Andréani, dans le Ve arrondissement parisien. On y mange corse, l’agneau de 7 heures est un délice et le patron vous reçoit comme à la maison.
Photographies : Constance Gennari – Texte : Caroline Balvay @thesocialitefamily
Très très chouette cet intérieur. J’adore leur univers !
Bises
Coline
Linda! La plus :)
Merci de nous présenter cet intérieur branché et singulier. Les jeunes gens ont l’air de bien s’y sentir.