Famille

L'antre de la fondatrice de Maison Plisson.

Chez

Delphine Plisson et Vincent, Lilas-Jeanne 19, Martin 17, Gaston 15, Keïzo 10 ans et Françoise 18 mois

On fait tout de suite confiance à une fille qui a toujours une bonne bouteille au frigo. Ça tombe bien, notre rencontre du jour trouve qu’il y a toujours « quelque chose à fêter, ou à oublier » . Delphine Plisson est un condensé de tout ce qu’on aime. Son interview donne envie de soulever des montagnes. « De faire, plutôt que de commenter » selon ses propres mots. Car la créatrice de la Maison Plisson – galaxie Plisson devrions-nous dire – manie aussi bien le verbe que le couteau. Obsédée (on exagère à peine) depuis des années par la question alimentaire, elle décide de provoquer la vie une première fois à 22 ans en partant à New York. L’épicerie fine et traiteur Dean & DeLuca la fascine en faisant germer dans son esprit une idée qui mettra deux décennies à éclore, après avoir occupé d’importantes responsabilités dans l’univers de la mode. 2014 : Delphine Plisson donne naissance à la première Maison Plisson. Un membre à part entière de sa nombreuse famille qui, en plus de compter cinq enfants, un chien et un chat, est aussi le début de quelque chose de grand. Très grand. Comme tout ce qu’elle entreprend ! Dans la joie, la bonne humeur et l’exaltation, Delphine réussit, cinq années plus tard, à réunir autour de son titanesque projet 120 collaborateurs amoureux transis de bonne chère. Une équipe qui reçoit autour des plaisirs de la table, comme à la maison. Pensées comme telles par ses soins, Delphine souhaite que ses clients se sentent chez eux dans chacune de ses adresses. Un appétit de vivre qui se ressent largement dans son intérieur, aussi vivant qu’une salle de restaurant ! Dans cet espace organisé sur plusieurs étages, les meubles sont aussi bavards qu’elle. Et que dire des livres et des souvenirs insolites se baladant sur les murs ! Tous veulent raconter leur histoire. Alors sans plus tarder, la voici.

Lieu

Paris

texte

Caroline Balvay

Photographies

Eve Campestrini

TSF

Delphine, qui êtes-vous ?

Delphine

Je suis une bonne vivante qui travaille beaucoup, boit au moins autant, participe activement à l’éducation de cinq enfants dont certains sont beaux(-enfants), chante de la variété française des années 1970 à toute heure, adore cuisiner avec son mec et n’envisage pas la vie sans ses vieux (de plus en plus vieux) potes. J’adore mon lit et aussi Françoise Sagan. Je déteste la plupart des maladies et aussi Laurent Wauquiez.

TSF

Votre parcours est multiple. Quelles en ont été les étapes clefs ?

Delphine

À 22 ans j’ai quitté ma banlieue, bien décidée à empoigner la vie. Je suis partie à New York. J’y ai découvert que je parlais très mal anglais au début et que je rêvais en anglais à la fin, mais aussi Dean & DeLuca qui me faisait totalement rêver car ce lieu dédié à l’alimentation de qualité incarnait à l’époque tout ce qui me plaisait. Après cette expérience, j’ai travaillé vingt ans dans le chiffon, jusqu’au poste de directrice générale de Claudie Pierlot que j’ai quitté en 2014 pour me consacrer à la Maison Plisson. Je tenais à créer un lieu de vie entièrement consacré au plaisir de bien se nourrir.

TSF

Avant de vous lancer à corps perdu dans l’aventure Maison Plisson, que représentaient « le bien manger et le bien boire » pour vous ?

Delphine

C’était très important depuis longtemps. Enceinte de ma première fille en 2000, je prenais le métro avec mon caddie pour aller faire mes courses aux Nouveaux Robinsons à Montreuil. J’ai toujours beaucoup lu, regardé des documentaires, assisté à des conférences sur ces sujets qui me semblent tellement primordiaux. Comment peut-on négliger notre santé ? Qu’on ne vienne pas me dire qu’on n’a « pas le temps » ou que c’est « trop cher ». Comment faisions-nous avant la grande distribution ? Nous nous nourrissions déjà a priori, sans doute avec plus de bon sens ! Je suis un cas assez obsessionnel. Et le comble, c’est que mon mari est comme moi ! En vacances, si vous nous cherchez à 10 h du matin, nous sommes à la terrasse d’un troquet au marché local en train de manger des huîtres en buvant un coup de blanc, sur le point de rentrer cuisiner en ayant bouclé les courses, quelques journaux et magazines sous le bras pour la sieste de l’après-midi ! La définition du bonheur à mes yeux.

TSF

Comment avez-vous réussi à vous imposer en tant que femme dans le milieu de l’entrepreneuriat ? À quels obstacles vous êtes-vous heurtée et – surtout – comment les avez-vous surmontés ?

Delphine

Il faut être évidemment compétente, prête… et opiniâtre ! Je ne pensais pas en 2015 être confrontée à des banquiers qui me demanderaient (et ils ont été plusieurs) ce que mon mari pensait de mon projet ou comment j’allais bien pouvoir m’organiser avec tous ces enfants… Il faut serrer les dents, sourire et ne pas dépenser son énergie à se victimiser ou à geindre. Nous n’avons pas le temps. Il faut trouver les interlocuteurs constructifs et laisser les autres là où ils sont. L’immense majorité des actionnaires de la Maison Plisson sont des hommes épatants et j’ai pas mal de femmes parmi les banquières.

Je déteste les bibelots, mais nous adorons encadrer ce que l’on aime un peu partout. Nous nous faisons des surprises en les déplaçant et en y ajoutant parfois une pochette de disque, une photo de tournage ou des dessins.

TSF

Vos adresses sont des endroits où l’on aime passer du temps. Comment concevez-vous leur architecture, leur agencement ?

Delphine

Avant chaque Maison Plisson_,_ je fais un moodboard très personnel blindé de photos, de dessins, de matériaux, de citations et j’en passe ! Je pense une Maison Plisson comme je pense une maison tout court : j’ai besoin de me sentir chez moi et que les clients se sentent chez eux. Je ne fais pas appel à des décorateurs, je prends mon temps et je fouille. Je travaille avec les architectes Nicolas André et Julie Lafortune. Pendant qu’ils font des plans et des trucs très techniques, je les harcèle pour le grain d’un miroir ou l’essence de bois d’une étagère. Nous avançons ensemble et quand vient le temps d’aménager, je chine la nuit ! Je me fais aussi aider par mes copines Chloé Nègre et Fabienne Nominé. Elle et Pascal, son mec, n’ont pas leur pareil pour vous dénicher ce petit je-ne-sais-quoi qui vous manque et vous ressemble tant !

TSF

De quelle manière entretenez-vous cette formidable énergie qui vous anime, à la Maison Plisson comme chez vous ?

Delphine

J’ai bien peur d’être un peu Obélix. Je suis tombée dedans petite ! Je suis toujours bourrée d’énergie, ce qui peut être passablement épuisant pour les autres. À la Maison Plisson j’ai la chance inouïe de vivre de mon rêve en baignant dans des valeurs qui sont essentielles pour moi. Vous vous rendez compte ? Ce sont 650 artisans témoins d’un savoir-faire, d’un patrimoine unique au monde, de terroirs gorgés de merveilles, qui travaillent dans des conditions souvent très difficiles et que l’on soutient concrètement au quotidien. Et 120 salariés qui exercent des métiers de bouche, passionnés, ensemble au sein du projet sept jours sur sept. Faire est tellement plus excitant, vivant, vibrant que de commenter. J’ai largement choisi mon camp ! Et à la maison, avec trois ados, un pré-ado, un bébé et un chien costaud, si vous n’avez pas d’énergie pour faire face, vous décédez. Mais j’ai mon homme qui me canalise et me soutient quoi qu’il arrive. Un luxe dont je suis pleinement consciente !

TSF

Comment investir l’espace quand on est sept à la maison ?

Delphine

Vous avez oublié Georges, notre chien et Avril, le chat ! Nous avons eu beaucoup de chance en trouvant un drôle de perchoir tout en hauteur où chacun a son espace de vie… Six chambres pas très grandes mais tellement importantes quand les âges sont aussi variés qu’ici. Dans cette maison posée sur le toit d’un immeuble, la pièce de vie est au 4ᵉ étage, le 5ᵉ abrite notre chambre et celle de Françoise ainsi qu’une salle de bains et le bureau de Vincent. Aux 6ᵉ et 7ᵉ étages se trouve l’antre des ados ! Là-haut sont perchés quatre espaces difficiles à distinguer car nos enfants sont concrètement bordéliques. Tel le donjon d’un manoir hanté, je n’y monte que très rarement, uniquement pour hurler et menacer. (Rires)

TSF

Que retrouve-t-on dans votre frigo ? Le produit qui met tout le monde d’accord, la recette qui fait mouche quand on manque de temps ?

Delphine

Du champagne ! Règle de base. Nous avons toujours un truc à fêter ou à oublier, non ? Le produit qui met tout le monde d’accord à la maison évolue au fil des saisons. En ce moment : les premières poires à croquer, à glisser cuites sous du chocolat fondu, à partager en tarte et qui terminent en infusions familiales avec des herbes, du gingembre et du citron qu’on sirote tous les soirs ! En automne, la recette qui fait mouche quand on n’a pas le temps : des soupes (tout simplement). Avec plein de légumes, des céréales et des légumineuses dans un bouillon bien corsé qu’on conserve dans des bacs à glaçons. Ça prend dix minutes, ça mijote pendant qu’on boit un verre de rouge et hop à table avec un bon pain et un morceau de fromage.

TSF

Les cinq livres de cuisine à avoir absolument dans sa bibliothèque. En dehors de celui de la Maison Plisson ?

Delphine

Tous ceux de la revue 180° que l’on adore ! Les autres vont varier selon les saisons. En ce moment, je relis Mezze : Assiettes du Moyen-Orient à partager de Salma Hage qui propose plein d’idées de petites recettes à partager, idéales en été ! Je viens de terminer Halte aux aliments ultra transformés ! Mangeons vrai d’Anthony Fardet. J’ai adoré Jardins de Chefs sorti chez Phaidon_,_ qui nous fait visiter les potagers de super chefs. À la maison, j’ai une bonne centaine de livres de cuisine, ce qui ne m’empêche pas de découper des recettes dans tous les magazines (recettes que je ne fais jamais, bien entendu !)

TSF

En décoration, à quel style êtes-vous sensible ? Aimez-vous chiner et si oui : où ?

Delphine

Je me suis prise de passion pour les années 1970, de nuit, pendant les travaux de l’appartement. Au réveil, mon mari a découvert que j’avais commandé cette table en travertin de Willy Rizzo qui m’a valu quelques insultes de la part des déménageurs le jour où il a fallu lui faire grimper les quatre étages par l’escalier ! Mais j’ai persévéré avec un autre modèle à miroir (un bar se cache à l’intérieur, si ce n’est pas le bonheur…) toujours de Willy Rizzo placé au centre de la banquette en cuir réalisée sur mesure par SOCA pour enfin être ensemble devant un film ! Nous pouvons alors tous nous étaler entre les coussins Le Monde Sauvage ! Nous avons par ailleurs la chance d’avoir des amis créatifs et doués comme The Modern Carpenters, qui ont créé ce meuble bar – télévision – bibliothèque qui sépare l’espace salle à manger du salon ainsi que les meubles de cuisine en batipin. Nomibis nous a trouvé ce miroir parfait et ce meuble d’épicerie qui stocke nos fruits et légumes pour la semaine. Je déteste les bibelots, mais nous adorons encadrer les choses que l’on aime un peu partout. Nous nous faisons des surprises en les déplaçant. Nous nous faisons des surprises en les déplaçant et en y ajoutant parfois une pochette de disque (par exemple celle du film Guy d’Alex Lutz que nous avons adoré), une photo de tournage (dernièrement celle d’une scène du film Falling in Love), ou des dessins (dont certains de ma « grandegrande » Morgane Rospars). Enfin, dans toute la maison, vous pouvez retrouver ici et là des œuvres de Zoé Rumeau, artiste délicate dont le travail ponctue nos vies !

TSF

Si vous deviez choisir une création de la collection The Socialite Family, pour chez vous, ou pour Maison Plisson, quelle serait-elle ?

Delphine

Le plaid Copertina ! Nous l’avons déjà reçu en cadeau de naissance pour Françoise. J’aime les textiles, j’en achète pour plein de projets et ça se termine en colonnes de tissus pliés, c’est très beau !

TSF

Que pouvez-vous bien nous réserver d’ici à la fin 2019 ?

Delphine

Plein de choses ! De nouveaux chefs en résidence, de nouveaux lieux, plein de projets en gestation pour la fin de l’année si tout rentre dans les cases. Ce qui ne sera bien sûr pas le cas. (Rires)

Recréez ce décor avec nos pièces
Vous aimerez aussi

à suivre

Alix Depondt-Reynis et Benoît, Salomé 21, Ulysse 19, Joseph 12, Louis 10 ans

Créations en propre

Chaque ligne, chaque finition de nos créations de mobilier et luminaires a été pensée par notre studio créatif à Paris.

Fabrication 100% européenne

Nos créations sont fabriquées dans les meilleurs ateliers européens, principalement en Italie et en France.

Livraison à l'étage

Tous nos produits volumineux sont livrés en gants blancs à l'étage de votre choix. Livraison possible le weekend.

Paiement 3x sans frais

Paiement sécurisé via Visa, Mastercard, Amex, Paypal ou virement bancaire. Paiement en 3x sans frais à partir de 350€.