Famille

L’appartement-collection du duo d’architectes d’intérieur Orsini Daventure

Chez

Clémence Orsini et Clément Daventure

«Un écrin pour mettre en valeur la collectionnite qui nous anime. » Telle est la vocation du trois-pièces investi par les cofondateurs – et couple – de l’agence d’architecture d’intérieur Orsini Daventure. Un tandem complémentaire à la sensibilité esthétique hautement pointue formé par Clémence Orsini et Clément Daventure. Deux amoureux des objets et de l’architecture religieuse ayant fait leurs classes à la prestigieuse école Camondo. Animé par la volonté d’exploiter leur pluridisciplinarité ensemble, le duo se forme – après un passage au Studio KO pour l’une et chez Franz Potisek pour l’autre – au sein d’une même entité créative où ils réalisent leurs propres projets. Des chantiers aux échelles variées où s’exprime pleinement leur style. Une signature qu’ils ne sauraient définir, où le beau et le laid n’existent pas : « Nous aimons l’idée de se réinventer à chaque projet. Chaque lieu, chaque client appelle une réponse particulière. » Rien de plus normal alors que de vouloir intégrer – après sept années de réalisations cumulées pour les autres – une maison à soi en accord avec ses attentes. Et « avec le plus de travaux possible pour pouvoir nous exprimer enfin » ! Chose faite avec ce réceptacle élégant au pied de la butte Montmartre dans lequel se dévoile une matériauthèque impressionnante. Car pour pallier la mauvaise exposition, les deux trentenaires ont dû rivaliser d’imagination. Beaucoup de tissus, de tapis s’associent à la cheminée pour faire rayonner la pièce à vivre tout en se fondant avec raffinement dans un « moutarde dorée ». Une quête de chaleur donc et de luminosité consubstantielle où le bouleau de la cuisine et la moquette du dressing jouent également un rôle majeur… tout en mettant en valeur le mobilier dessiné par leurs soins – autre corde à leur arc – et les peintures abstraites de Clément. Des réalisations que l’on retrouve, çà et là, dans cet appartement non loin de la multitude de pièces collectionnées, des objets recelant chacun une histoire qui ne cherche qu’à s’exprimer ! Un tout foisonnant, dessinant les contours d’un appartement au fil narratif pluriel où chacun des espaces est unique, pensé sans souci de linéarité.

Lieu

Paris

texte

Juliette Bruneau

Photographies

Constance Gennari

TSF

  • Clémence et Clément : pouvez-vous vous présenter ?

Clémence & Clément

Clémence Orsini et Clément Daventure. Nous sommes Français, fondateurs du cabinet d’architecture d’intérieur d’Orsini Daventure basé à Paris et avons respectivement 32 et 33 ans. Nous sommes associés mais aussi mariés depuis quelques années. Et il y a aussi Pinto, notre chien de 3 ans.

TSF

  • Quel est votre parcours ?

Clémence

J’ai passé mon bac au Japon puis enchaîné avec une année de prépa artistique à l’atelier de Sèvres à Paris avant d’intégrer l’école Camondo. J’ai adoré mes études, très libres et intenses. Après mon diplôme, j’ai commencé ma vie pro d’une façon particulièrement créative dans la scénographie : je dessinais des décors pour des défilés haute couture. Au bout de deux ans, j’ai eu envie de travailler sur des projets plus pérennes et peut-être un peu moins superficiels. C’est naturellement que je suis revenue à l’architecture d’intérieur. J’ai eu une première expérience très formatrice dans une super petite structure (l’agence Views) où j’ai vraiment acquis les bases du métier. J’ai ensuite collaboré avec le Studio KO où j’ai appris à débrider ma créativité en travaillant sur des projets grandioses au sein d’une équipe ultraperformante et internationale. Après ces deux expériences, je me suis sentie prête à me lancer sereinement.

Clément

Après des années lycée passées à Bourges, j’ai étudié à l’académie Charpentier à Paris qui m’a préparé au concours de Camondo. C’est en classe que j’ai rencontré Clémence. Après l’école, j’ai directement intégré le cabinet d’architecture d’intérieur de Franz Potisek avec qui j’ai collaboré pendant six ans. Une expérience extrêmement enrichissante. Franz, très attaché aux arts décoratifs, m’a permis d’exercer mon œil au quotidien en côtoyant des techniques et des savoir-faire français d’exception. Principalement dans des projets domestiques très haut de gamme, et ce, dans toute la France. Nous avions au cabinet comme particularité de ne travailler qu’à la main, un postulat marquant que j’essaie de maintenir au maximum aujourd’hui.

TSF

  • Parlez-nous de votre éducation. Dans quel cadre avez-vous grandi et par conséquent développé votre goût ?

Clémence

Je suis originaire du Cap-Ferret mais j’ai eu une jeunesse internationale et cosmopolite puisque j’ai vécu des années à Milan, à Vienne et à Tokyo avant de débarquer à Paris pour mes études. J’ai donc toujours été entre deux mondes : d’un côté, la douceur de vivre et les pieds nus dans le sable et, de l’autre, l’agitation et l’opulence des grandes villes. J’ai déménagé 14 fois avec mes parents avant mes 18 ans et il fallait continuellement appréhender une nouvelle culture mais aussi un nouveau lieu. Ma mère inventait à chaque fois un nouvel intérieur, cela m’a forcément nourrie pour aborder ce métier. J’ai eu une éducation très ouverte et plurielle, bercée par les récits fantastiques de l’enfance de mon père à Madagascar, entre autres. Mon choix d’études artistiques n’a jamais fait débat, bien qu’inédites dans la famille.

Clément

C’est un peu cliché mais je dessine et je peins depuis tout petit et j’y ai toujours pris du plaisir. Mes parents m’ont très tôt encouragé à exprimer ce caractère créatif. Dans mes plus vieux souvenirs, mon père m’emmenait déjà au musée et, enfant, j’ai longtemps eu comme disque de chevet les grands classiques de la musique Russe (de son vrai nom Le monde des dinosaures, pour ceux qui l’auraient connu). J’ai grandi en province et j’ai passé une bonne partie de mon enfance à la campagne. Je me rends compte aujourd’hui que cela m’a beaucoup imprégné, notamment dans mon amour indéfectible des vieilles pierres, des paysages français et de la sérénité qu’ils me procurent.

Nous aimons l’idée de se réinventer à chaque projet. Chaque lieu, chaque client appelle une réponse particulière.

TSF

  • Présentez-nous Orsini Daventure, votre studio d’architecture intérieure.

Clémence & Clément

Nous réalisons des projets ensemble depuis sept ans et avons fondé officiellement l’agence il y a deux ans et demi. Notre formation nous permet d’intervenir sur des projets et des échelles très variés : si les lieux domestiques constituent le gros de notre travail, nous avons récemment dessiné plusieurs boutiques, des bureaux et adorons concevoir du mobilier. Nous sommes une petite équipe de quatre et trouvons pour l’instant notre équilibre ainsi.

TSF

  • Comment définiriez-vous votre style ?

Clémence & Clément

Nous aimons bien dire que nous n’en avons pas, justement ! Nous aimons l’idée de se réinventer à chaque projet. Chaque lieu, chaque client appelle une réponse particulière. Le contexte, qu’il soit géographique, historique ou familial nous stimule et dicte le style vers lequel on s’oriente. Nous essayons d’être le plus radicaux possible. Nous ne considérons pas qu’il y a un bon goût ou un mauvais : l’important étant d’affirmer quelque chose et d’aller au bout du dessein.

TSF

  • Au sein de votre duo, qui fait quoi ?

Clémence

Nous rencontrons toujours nos clients ensemble, la première fois. Ensuite, selon le ressenti, l’un ou l’autre prend la main sur la direction du projet et le développe. Quant aux idées, elles sont toujours cultivées en commun. Comme nos parcours – et nos caractères – sont très différents, lorsqu’ils se rencontrent sur un projet, les idées foisonnent et se complètent.

Clément

Clémence est plus structurée et amène de la rigueur à mes idées parfois trop farfelues. Elle est très sociable et à l’aise dans la relation avec les clients. Pour ma part, j’aime beaucoup trouver des objets originaux, je suis un invétéré de Drouot et des galeries.

TSF

  • Designers, artistes : quels sont ceux dont l’œuvre a eu une influence sur vous, votre travail ?

Clémence & Clément

Il nous faudrait plus d’une page pour répondre ! Nous ne sommes ni l’un ni l’autre pieux, mais partageons une passion pour l’architecture religieuse et notamment les cloîtres. Nous ne pouvons pas rester insensibles au travail des ensembliers décorateurs de l’entre-deux-guerres : citons Francis Jourdain, dont les réalisations n’étaient pas exclusivement destinées aux grandes fortunes, ce n’est pas si commun, Armand-Albert Rateau notamment pour le bijou de salle de bains réalisé pour Jeanne Lanvin. Grosse claque pour la Villa Cavrois que l’on a visitée plusieurs fois, incroyablement actuelle, ou pour l’ensemble de l’œuvre d’Adolf Loos qui est une source d’inspiration infinie. Nous vous invitons aussi à passer à Rouen pour visiter les salons de l’hôtel de ville décoré par Maxime Old, dans lequel nous avons dû nous introduire en catimini un dimanche pour y faire des photos. Évidemment les années 1960 et 1970, très en vogue en ce moment : Henri Samuel, François Catroux, David Hicks pour ne citer qu’eux.

L’appartement est pensé comme un écrin pour mettre en valeur la collectionnite qui nous anime.

TSF

  • Qui vous inspire aujourd’hui ?

Clément

Faye Toogood pour le côté multidisciplinaire et la radicalité de ses projets, le Studio Peregalli pour les atmosphères. J’ai récemment noté le nom d’Amélia Tavella pour sa réhabilitation du couvent Saint-François, et je trouve le travail de Bernard Dubois marquant en ce moment. Il y a aussi pas mal de belles agences chinoises dans le retail, qui sortent des projets très conceptuels mais dont je n’ai plus les noms en tête.

Clémence

J’adore le travail de Fabrizio Casiraghi ! C’est pour moi le parfait mélange d’hier et d’aujourd’hui. Et bien sûr, Studio KO, les best !

TSF

  • Racontez-nous l’histoire de votre appartement.

Clémence & Clément

Prérequis : des murs et un toit, dans Paris (rires) ! Plus sérieusement, un trois-pièces avec le plus de travaux possible pour pouvoir nous exprimer enfin, pour nous. Pas de contrainte de quartier mais nous vivions déjà dans le XVIIIe et étions ravis de trouver quelque chose au pied de la butte Montmartre. Nous l’avons cherché longtemps : presque deux ans, et c’était tellement évident que l’on a fait une offre immédiatement sur le palier en sortant de la visite. Il fallait se projeter… très vétuste, il a fallu implanter une cuisine et une salle de bains.

TSF

  • Comment s’exprime ici votre signature d’architecte ?

Clémence & Clément

L’appartement est pensé comme un écrin pour mettre en valeur la collectionnite qui nous anime. La pièce de vie étant mal exposée, le parti est pris de l’assumer jusqu’au bout avec cette teinte chaude sur les murs (on l’appelle « moutarde dorée »), beaucoup de tissus, des tapis, une cheminée dont on se sert énormément. La cuisine sur mesure est habillée de bouleau teinté allié au plan de travail enduit. Dans le salon, les éléments mobiliers fixes, plinthes et chambranles sont réalisés par un artisan de la région Centre. Le dressing moquetté sol et mur fait office d’antichambre dont le plafond est recouvert d’une fresque réalisée par un ami artiste, Dorian Zannettacci. La chambre et la salle de bains, tout enduites, sont des pièces lumineuses et les nuances de blanc cassé régulent le niveau chromatique de l’appartement. Nous nous amusons avec le bureau où nous jouons la scénographie et la ligne forte à fond grâce aux tentures murales. Idéal pour stimuler la créativité le dimanche. Pour une fois, nous ne nous sommes pas particulièrement préoccupés de lier les pièces les unes aux autres et je crois que cela marche bien. En tout cas, on y vit très bien !

TSF

  • Comment avez-vous meublé ces espaces ?

Clémence & Clément

Un mélange hétéroclite de pièces que l’on a dessinées : notre table de salle à manger, certaines chaises, les bibliothèques buffets et consoles du salon, et tout le reste est chiné de différentes sources : maisons d’enchères, galeries de France et d’Italie, mais aussi et souvent des vide-greniers de campagne et les Emmaus de province. Chaque meuble, chaque objet a une histoire. Je crois qu’il n’y a quasiment rien que l’on a acheté neuf dans cet appartement hormis les tapis qui viennent tous de chez Casa Lopez. Clément peint et certaines de ses toiles traînent dans l’appartement. Il a aussi réalisé une fresque au-dessus de la cheminée pour cacher la télévision.

TSF

  • Rêvez-vous de certaines pièces qui n’y sont pas encore ?

Clémence

J’aimerais un nécessaire à cheminée en alu des années 1970 que nous ne trouvons pas donc nous allons certainement en dessiner un en collaboration avec la marque Walter et Moretti, dont le designer est un ami.

Clément

Pêle-mêle, je rêve de bustes en porphyre, d’une grande toile de Jean-Baptiste Oudry pour le salon, et d’une niche d’apparat pour Pinto. Mais je crois que l’on va finir par la dessiner aussi.

TSF

  • Que dit cet écrin de vous ?

Clémence & Clément

Assurément, que l’on aime les objets. Nos deux caves peuvent en témoigner puisqu’on ne peut plus y entrer. Mis à part ce point évident, à vous de nous le dire !

TSF

  • Pour vous, The Socialite Family, c’est ?

Clémence & Clément

Un média que l’on suit depuis des années et dans lequel nous sommes très fiers de paraître. Une marque également dans l’air du temps dont nous retrouvons les pièces fréquemment chez nos amis (personnellement, nous avons un petit faible pour les tables en laque Carlotta).

TSF

  • Où vous retrouverons-nous prochainement ?

Clémence & Clément

Nous venons de livrer deux très jolis appartements qui vont être shootés sous peu et qui seront visibles sur notre site et sur Instagram. Nous dessinons actuellement plusieurs boutiques pour une marque de chaussures française, des bureaux contemporains dans le Cotentin, une maison en Grèce et plusieurs appartements rive gauche et à Neuilly.

Chaque meuble, chaque objet a une histoire. Je crois qu’il n’y a quasiment rien que l’on a acheté neuf dans cet appartement (...)

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