Chloé Otton et Benjamin Ducoulombier, <br>Maxime 1 an
Famille - Paris

L’appartement haussmannien lumineux de la fondatrice de l’agence Cabana Architecture

/

chez

Chloé Otton et Benjamin Ducoulombier,
Maxime 1 an

C’est entourée de « commodes Louis XV, de scènes de chasse et de bronzes en tout genre » que Chloé Otton a grandi, entre une mère paysagiste et un père architecte. Une famille d’esthètes qui a éduqué son regard d’enfant à grand renfort de « Regarde comme c’est beau ! » lancés quotidiennement et qui, répétés, ont eu le mérite de lui faire « ouvrir les yeux » ! Il n’y a donc rien d’étonnant à retrouver la jeune femme quelques années plus tard à la tête de sa propre agence, Cabana Architecture. Le lieu d’expression de sa passion pour les espaces et les objets vecteurs d’histoires. Un goût prononcé pour les matériaux bruts et les formes voluptueuses qui l’a amenée à commencer sa carrière au sein de la prestigieuse maison Louis Vuitton avant de se lancer – seule cette fois – dans une nouvelle aventure. Pour son studio fraîchement inauguré il y a un an et demi, Chloé remarque : « La rénovation de mon appartement était un bon moyen de m’exprimer et de montrer mon univers à mes futurs clients. » Ici, la jeune maman applique son approche singulière de la « boîte ». À comprendre un équilibre subtil entre les styles et les cultures – inspiré par le minimalisme de figures telles que Le Corbusier, Robert Mallet-Stevens ou encore Alvar Aalto – qui rejette le total look, tout en se focalisant sur une chose essentielle : la lumière. Élémentaire, c’est autour d’elle que l’architecte a imaginé le plan de l’appartement partagé avec son mari, Benjamin, et leur fille, Maxime. Un haussmannien traversant en perpétuel mouvement, où les pièces – à l’instar de son salon – sont de véritables « aires de jeux ». Secrétaire hérité de sa grand-mère, cadeaux de mariage signés Charlotte Perriand ou encore Isamu Noguchi s’entremêlent ici pour une scénographie sophistiquée au cœur du IXe arrondissement parisien, où une palette de couleurs neutres a été privilégiée. La garantie pour l’entrepreneure d’un lieu de vie dont on ne se lasse pas mais qui donne au contraire tout le loisir de jouer avec, indéfiniment !

Salon avec cheminée chez Chloé Otton à Paris
Chloé Otton #2
Chloé Otton #1
Salle à manger chez Chloé Otton à Paris
Cheminée haussmannienne chez Chloé Otton à Paris
Vase chez Chloé Otton à Paris
Table salle à manger chez Chloé Otton à Paris
  • Chloé, Benjamin : pouvez-vous vous présenter ?
Chloé

Je suis architecte DE. Benjamin, quant à lui, travaille dans un domaine assez éloigné du mien, la finance. Nous sommes les parents d’une petite Maxime qui a 1 an. Tous les deux originaires de Lille, j’ai rejoint Benjamin à Paris il y a une dizaine d’années et nous habitons cet appartement depuis un peu moins de deux ans.

  • Quel est votre parcours ?
Chloé

J’ai étudié l’architecture à Saint-Luc – Tournai en Belgique, puis à l’École nationale supérieure d’architecture (ENSA) Paris-Malaquais. Je me sentais privilégiée de découvrir la vie parisienne en côtoyant les locaux adjacents aux Beaux-Arts dans le quartier de St-Germain-des-Prés. Pendant mes études, j’ai très vite ressenti l’envie de me recentrer vers l’architecture intérieure, de toucher aux détails, aux matériaux, à l’agencement, à la décoration… Alors, lorsque l’on m’a proposé de rejoindre l’équipe du projet de la prochaine boutique Louis Vuitton place Vendôme, c’était l’entrée en matière rêvée ! J’ai ensuite travaillé pour la marque en tant que Store Planer pendant quatre ans en Europe. J’ai adoré voyager, travailler avec les meilleurs artisans, le foisonnement de cultures sur les chantiers, souvent dans des bâtiments empreints d’une histoire folle. Puis, à un moment j’ai eu envie de réaliser mes propres projets, c’est pourquoi j’ai fondé Cabana Architecture il y a un an et demi.

  • Parlez-nous de votre éducation. Dans quel cadre avez-vous grandi – et par conséquent vu se former votre goût ?
Chloé

Ma mère dessine des jardins et mon père est architecte. À la maison, des commodes Louis XV, scènes de chasse, bronzes en tout genre – très modernes aux yeux d’une enfant comme vous pouvez l’imaginer (rires) – côtoyaient du mobilier des architectes phares du début du XXe siècle. Cela serait mentir de dire que mon goût prononcé pour les objets qui ont une histoire ne vient pas un peu de là. Nous allions passer toutes nos vacances au Cap-Ferret. À l’époque, cela n’était pas aussi connu qu’aujourd’hui. J’adorais les cabanes de pêcheurs en bois, la broussaille sauvage des 44 hectares et l’atmosphère un peu hors du temps qui y régnait. Sur la route, les parents voulaient que nous nous arrêtions visiter des châteaux. Avec mes frères, cela nous agaçait un peu pour être honnête. Mais lorsque l’on vous dit depuis tout petit « regarde comme c’est beau », à un moment donné, on finit par ouvrir les yeux !

Décoration cheminée chez Chloé Otton à Paris
Chauffeuses dans le salon de Chloé Otton à Paris Chauffeuses dans le salon de Chloé Otton à Paris

Je suis assez sobre dans mon approche de « la boîte », c’est souvent une base blanche soulignée de matériaux bruts, et du noir.

Détail cheminée chez Chloé Otton à Paris
Photographie chez Chloé Otton à Paris
Table basse marbre chez Chloé Otton à Paris
Plante et table chez Chloé Otton à Paris
  • Designers, artistes : quels sont ceux dont l’œuvre a eu une influence sur vous ?
Chloé

Il y en a plein ! Mais j’ai un réel penchant pour les années trente et le mouvement moderne ; alors, pour n’en citer que quelques-uns, je dirais : Le Corbusier, Robert Mallet-Stevens, Alvar Aalto, pour la pureté des lignes et l’apparat subtil. Mais aussi les sculpteurs de cette époque comme Constantin Brâncusi, Barbara Hepworth, Jean Arp ou Isamu Noguchi pour leur rapport à la matière et la volupté des formes. Et Charlotte Perriand ou les designers Italiens de la seconde moitié du XXe (comme Giancarlo Piretti, les frères Castiglioni ou Vico Magistretti) pour les luminaires et le mobilier.

  • Vous êtes la fondatrice de l’agence Cabana Architecture. Comment décririez-vous votre style ?
Chloé

Le triangle « bâtiment – localisation – habitants » est le point de départ du processus créatif. Puis, il y a différentes couches de réflexion autour de la lumière, de la circulation, des points de vue et de la scénographie. Je suis assez sobre dans mon approche de « la boîte », c’est souvent une base blanche soulignée de matériaux bruts, et du noir. Notamment parce que je me pose la question : est-ce que je ne vais pas m’en lasser dans cinq ans ? Ensuite, j’essaye de trouver le bon mélange pour raconter une histoire personnelle en mixant des objets d’époques, de styles et de cultures différents. Tout est une question d’équilibre, un peu comme dans la mode. Je n’ai jamais trouvé le total look très élégant, préférant la subtilité. Pour moi, une composition réussie est la combinaison du simple, de l’intemporel et du cool. Un vieux canapé recouvert d’un grand drap blanc ancien, une table d’artisanat rustique, une assise de designer, et une lampe italienne très seventies créent toujours leur effet. Tout comme une chemise d’homme, avec un vieux jean, des jolies boots, accessoirisés par une paire de lunettes.

  • Quelles inspirations le nourrissent au quotidien ?
Chloé

Plein de choses ! En premier lieu : Paris, pour toutes les couches d’histoire présentes dans la ville, mais aussi les voyages. Les puces de St-Ouen où j’essaye de me rendre dès que possible. Ils font un vrai travail de scénographie et se renouvellent régulièrement. J’adore par exemple l’univers de Stéphanie Pol, Aurélien Serre ou encore Maisonjaune. J’ai découvert aussi le travail incroyable de Maison Mère, un brocanteur du Perche à la sélection ultrapointue. Mais les belles adresses, les hôtels, restaurants, décorés par les architectes d’intérieur en vogue m’inspirent également – pour ceux qui sont des projets en ville. Concernant mes chantiers ailleurs, je dirais clairement que je m’imprègne de la nature environnante.

Petite fille chez Chloé Otton à Paris
Cuisine noire chez Chloé Otton à Paris
Affiche Chloé Otton

J’ai basé le plan de l'appartement sur la lumière – que je voulais un maximum traversante – et sur les points de vue qui allaient me permettre de créer des petites mises en scène d’objets que j’affectionne.

Plante Chloé Otton à Paris
Cuisine noire chez Chloé Otton à Paris
Chaise en bois chez Chloé Otton à Paris
Chloé Otton et Benjamin chez eux
  • De quelle façon le retrouvons-nous dans votre intérieur ?
Chloé

Nous habitons dans un joli appartement haussmannien. Il fallait donc laisser parler le lieu de lui-même, sans ajouter trop d’artifices. J’ai basé le plan sur la lumière – que je voulais un maximum traversante – et sur les points de vue qui allaient me permettre de créer des petites mises en scène d’objets que j’affectionne. Les chambres sont sobres et apaisantes, avec quelques photos des gens et des lieux que nous aimons. Le salon, quant à lui, est mon aire de jeu. Si vous étiez venus chez nous il y a un mois, les meubles n’auraient pas été au même endroit ! Je bouge souvent les choses et teste en permanence des agencements différents. La cuisine est dans l’entrée pour une question de place. Elle est donc très épurée, tout l’électroménager est caché (four, micro-ondes, grille-pain…) et il n’y a aucune poignée pour faire la part belle aux pièces que j’apprécie sur une longue étagère filante.

  • D’ailleurs, quelle est l’histoire de votre rencontre avec votre appartement ?
Chloé

C’était un coup de cœur ! L’immeuble date de 1810, il y avait de grandes fenêtres avec de charmants volets intérieurs, du caractère grâce aux beaux volumes, aux moulures, et le tout à restructurer (une personne seule y habitait et nous nous y projetions avec des enfants, il nous fallait donc plusieurs chambres). C’était il y a deux ans et à ce moment-là, je songeais à me mettre à mon compte. Commencer par la rénovation de mon appartement était un bon moyen de m’exprimer et de montrer mon univers à mes futurs clients.

  • Comment l’avez-vous meublé ?
Chloé

Principalement de meubles et d’objets chinées sur Selency, Le Bon Coin et aux Puces ou provenant de ma famille. Comme la natte mauritanienne ayant appartenu à mon grand-père, les chaises William Katavolos qui étaient dans l’agence de mon père, ou le petit secrétaire de mon arrière-grand-mère. Et quelques luminaires de designers que l’on a eus en cadeau de mariage : le lampadaire Akari d’Isamu Noguchi et les appliques Charlotte Perriand. Pour les œuvres d’art, il y a aussi des sculptures de ma belle-sœur artiste Agathe Prouvost, et des collages, croquis, peintures que j’ai chinés ou faits moi-même en attendant de pouvoir nous offrir les œuvres dont nous rêvons !

Fauteuil noir chez Chloé Otton à Paris
Carnet chez Chloé Otton à Paris
Bureau chez Chloé Otton à Paris

Le salon, quant à lui, est mon aire de jeu. Si vous étiez venus chez nous il y a un mois, les meubles n’auraient pas été au même endroit !

Salon Chloé Otton
Chambre à coucher chez Chloé Otton à Paris
Tabouret chez Chloé Otton
Photographies chez Chloé Otton à Paris
  • Nous y retrouvons également quelques créations de la collection The Socialite Family. Expliquez-nous ce choix.
Chloé

On se dit souvent « j’aimerais bien être une petite souris et voir comment c’est chez eux… » C’est ça, pour moi, The Socialite Family. Je trouve ce média génial, car il permet d’entrer dans l’intimité de lieux de vie résolument personnels. C’est une source d’inspiration extraordinaire ! La ligne de produits au design affirmé et compact fonctionne bien avec l’échelle des appartements parisiens. Il m’arrive souvent de piocher dans le catalogue afin de proposer des pièces The Socialite Family à mes clients.

  • Vous habitez le IXe arrondissement. Des adresses confidentielles à nous recommander dans votre quartier ?
Chloé

Étant dans le IXe, je vais vous parler plutôt de restos et bistrots ! Je dirai donc Da Graziella pour les pizzas, la Coopérative Cisternino pour des burratas fraîchement livrées des Pouilles chaque semaine, le Richer pour leur carte courte, Racines pour l’ambiance désuète, chez Marlette pour attraper un café sur la route du boulot ou goûter avec des kids et les Petits Gros pour boire une bière au soleil. Je passe souvent une tête aussi chez un antiquaire rue Condorcet qui a une sélection sympa ou chez Matière Noire, juste à côté.

  • Où vous retrouverons-nous dans les prochains mois ?
Chloé

Idéalement, autour d’une grande table au Cap-Ferret en train de manger des huîtres avec mes amis ! Plus sérieusement, entre un chantier d’appartement parisien, une maison d’hôtes près de la Loire et peut-être une maison de famille dans le Nord.

Fauteuil cuir chez Chloé Otton à Paris
Chambre à coucher chez Chloé Otton à Paris Chloé Otton et Benjamin Ducoulombier, <br>Maxime 1 an
Jouets chambre d'enfant Chloé Otton
Chambre d'enfant chez Chloé Otton à Paris
Décoration chambre d'enfant Chloé Otton

Inspiration déco...

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1 commentaire

DE LAUNAY, 9 October 2022

Bonjour
Je suis à la recherche de beaux meubles de jardin. Il me semble que vous aviez fait un jour un reportage sur une personne qui avait créé une entreprise dans ce domaine. Pourriez-vous s’il vous plaît m’envoyer le lien / le nom ?
Un immense merci

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