Famille

L’appartement de collectionneurs au style décomplexé et éclectique de la fondatrice de LA.M Studio

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Chez

Léonie Alma Mason et Julien Palengat

« L’important est que chaque objet que l’on collectionne déclenche une émotion dont nous n’avons pas envie de nous séparer », affirme Léonie Alma Mason, fondatrice de LA.M Studio, à The Socialite Family pour définir la valeur des pièces qui l’entourent. Des références rares, sentimentales ou encore intrigantes dont l’âme habite avec élégance l’intérieur parisien qu’elle occupe avec Julien Palengat, son compagnon, qui partage son amour invétéré pour l’art. Une ouverture d’esprit et une curiosité dont l’éveil se doit à l’éducation prodiguée par ses parents. Des historiens de l’art dont l’activité professionnelle lui a permis de se constituer d’incroyables souvenirs, comme lorsqu’ils vivaient dans le Musée national des arts d’Afrique et d’Océanie. Vivre des expériences hors du commun, stimulée par des êtres inspirants, lui aura permis de développer un « imaginaire large », doublé d’une vision centrée sur les arts et le voyage. Une manière d’être, marquée par une autre figure tutélaire : sa grand-mère, l’artiste française Odile Mir. Véritable clef de voûte dans l’apprentissage artistique de sa petite-fille, cette dernière influence même jusqu’à la décoration de son intérieur. Un tout éclectique et harmonieux mêlant matières nobles, créations artisanales des quatre coins du globe et mobilier chiné auquel s’intègrent les trésors collectionnés par l’architecte, designer et désormais éditrice de mobilier dont l’héritage familial n’est jamais bien loin. Pour preuve, LOMM Éditions. Une maison d’édition lancée il y a tout juste un an qui redonne vie à des pièces de mobilier originellement créées dans les années 1970 par son aïeule. Le début d’un nouveau dialogue entre générations que les deux femmes poursuivent avec une prochaine exposition naviguant entre la photographie contemporaine et le design.

Lieu

Paris

texte

Juliette Bruneau

Photographies

Valerio Geraci

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TSF

Léonie, Julien : pouvez-vous vous présenter ?

Léonie Alma

Je suis Léonie Alma Mason, 34 ans, née en Suisse, j’ai grandi à Paris puis en Allemagne. Je suis architecte d’intérieur, designer et éditrice de mobilier.

Julien

Je suis né à Pau et j’ai eu la chance de grandir en Béarn. Je vis à Paris depuis quinze ans et travaille dans le management de projet de construction. Je suis un épicurien tout comme Léonie. Nous sommes également collectionneurs et aimons partager cette passion. Pour ma part, je suis un inconditionnel de sports mécaniques et de rugby.

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Quel est votre parcours ?

Léonie Alma

Après avoir rêvé d’être contorsionniste, puis danseuse au Crazy Horse, pour ensuite m’intéresser à la couture quand j’avais 15 ans, j’étais destinée à étudier les lettres après un bac L passé en Allemagne. J’ai finalement suivi mon instinct une semaine avant la rentrée des classes et ai démarré une prépa aux écoles d’art (Penninghen & les Ateliers de Sèvres). J’ai décroché le fameux Central Saint Martins College of Art and Design of London en section « object design », mais y ai renoncé une semaine avant par amour pour mon copain de l’époque et suis restée à Paris. J’y ai donc passé cinq années de pur bonheur à l’école Camondo qui m’ont permis de trouver le métier que je fais le plus naturellement du monde : architecte d’intérieur. Par hasard, ça a fait tilt.

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Avec quelle envie, vision, avez-vous fondé LA.M Studio ?

Léonie Alma

Avec l’envie d’être libre, mais aussi responsable ! J’ai compris assez vite qu’il m’était impossible de dépendre de quelqu’un. Je n’avais pas forcément de vision pour le développement du studio, hormis une énorme énergie à faire, à apprendre ce métier, à me frotter à ses réalités, à rencontrer les artisans, à imaginer plein de lieux différents qui pourraient réellement prendre vie.

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Parlez-nous de votre éducation au beau. Comment s’est développé votre « goût » ?

Léonie Alma

J’ai la chance de venir d’une famille d’historiens de l’art particulièrement érudits, curieux et ouverts. Nos lieux de vie étaient déjà le reflet d’un mélange éclectique d’art contemporain, de meubles de style et d’objets en tout genre qui participent à développer un imaginaire large. Nous avons même eu l’opportunité de vivre quelques années au Musée national des arts d’Afrique et d’Océanie où je rendais visite aux crocodiles et dessinais les poissons exotiques de l’aquarium. Les voyages ont donc joué un rôle très important dans mon rapport au beau. La richesse des motifs, des marbres, des mosaïques des églises italiennes, la poésie des ruines antiques sur les bords de la Turquie, la nature sauvage du Maroc où ma mère est née, l’Inde, la Russie, les États-Unis… ce monde ouvert et rempli de possibles m’a beaucoup nourrie. L’influence de ma grand-mère, l’artiste Odile Mir. Avec elle, nous avons pu nous adonner à des activités créatives géniales comme la sculpture à la pâte à sel, à l’argile mais aussi le dessin. C’était une entrée plus concrète, d’une certaine façon, dans le monde de la création.

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Designers, artistes : quels sont ceux dont l’œuvre a eu une influence particulière sur vous, votre travail ?

Léonie Alma

J’ai en partie grandi dans un décor d’Andrée Putman. Je ne la connais pas personnellement, mais j’ai toujours adoré son style unique, très graphique, ultra moderne dans les années 1980. Elle est aussi un exemple pour moi dans le monde de l’édition. Avec Ecart International, elle a participé à faire revivre quelques modèles aux lignes impeccables. Les œuvres lumineuses de James Turrell m’ont toujours fascinée. Comment l’impalpable et la couleur deviennent le matériau de pièces qui peuvent être expérimentées par le visiteur/regardeur. Je rêve de pouvoir aller au Roden Crater un jour ! Ce sont les croquis et les photos du Pont-Neuf emballé de Christo qui ont accompagné mon enfance. J’adore sa façon de travailler ses projets en mêlant photographies, dessins, matières et plans sur un même croquis préparatoire. J’ai eu la chance de pouvoir assister à ses côtés à The Gates à Central Park mais également de marcher avec lui sur l’eau sur le Lago d’Iseo. Rendre ces créations hors du commun accessibles à tous participe à la démocratisation de l’art, c’est un cadeau formidable. Et puis Robert Mallet-Stevens, parce qu’il représente la quintessence de mon métier à savoir l’art de concevoir des volumes, d’associer les espaces, de modeler la lumière, détailler les matériaux, dessiner des meubles beaux et fonctionnels. Il était pour moi architecte, architecte d’intérieur et designer à une époque dont j’ai toujours aimé l’esthétique.

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Vous vous définissez comme une collectionneuse « d’objets d’art ». Quel est votre rapport à celui-ci ?

Léonie Alma

J’ai un rapport extrêmement naturel et décomplexé. Sans a priori, hormis les limites de mes propres goûts, je peux aimer autant un vieux cendrier en forme de grenouille qu’une photographie d’Hiroshi Sugimoto. L’important est que chaque objet que l’on collectionne déclenche une émotion dont nous n’avons pas envie de nous séparer.

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Avez-vous un mouvement artistique ou un art plastique qui vous émeut particulièrement ?

Léonie Alma

À vrai dire non. Je suis boulimique de toute forme d’art. Je peux aimer autant l’architecture, le design, la peinture, la sculpture ou la photographie que l’opéra, les ballets contemporains ou encore le cinéma. En revanche, j’ai toujours eu un faible pour les années 1970-1980, que ce soit en musique, en mode ou en design.

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Quelles œuvres pouvons-nous retrouver chez vous ?

Léonie Alma

C’est une collection qui s’est faite avec le temps. Une peinture achetée par mes parents en 1982 que j’ai passé des heures à regarder et que j’ai reçue pour mes 18 ans, une photographie de vaches dans la boue de Raymond Depardon qui rappelle à Julien son enfance, des petites lithos de Pierre Mabille qui nous évoquent la Grèce, un portrait en noir et blanc de Patti Smith dont je suis absolument fan, pris à la Fondation Cartier en 2008 et acheté sur un coup de tête au dernier Art Paris. Toute œuvre ou objet se rapporte à un souvenir, a un lien avec un lieu, un moment, avec quelqu’un. C’est un mélange très personnel qui ne répond à aucune règle.

Sans a priori, hormis les limites de mes propres goûts, je peux aimer autant un vieux cendrier en forme de grenouille qu’une photographie d'Hiroshi Sugimoto.

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Racontez-nous l’histoire de votre rencontre avec cet appartement.

Léonie Alma

Je suis une enfant du XIe arrondissement, j’aime la diversité et la mixité culturelle, le bordel dans la rue, mais il nous fallait nous rapprocher de l’ouest parisien afin d’y installer un lieu de vie pour notre famille recomposée et le studio d’architecture. Nous avons visité beaucoup d’appartements avant de trouver celui-ci qui est assez grand, agréable et lumineux avec sa large terrasse. D’un loft avec verrière très contemporain, nous sommes passés à du vieux classique haussmannien avec parquets, moulures et un sol en carreaux cassés. Nous aimons le changement !

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Comment l’avez-vous pensé, meublé ?

Léonie Alma

Aucune modification structurelle, c’est une location. Nous nous sommes naturellement insérés dans ces espaces pour nous les approprier. En plus des meubles que nous avions déjà, j’ai dessiné plusieurs pièces sur mesure pour venir habiter ce lieu comme un très grand canapé en chêne et velours de lin bleu, une commode dont le dessin est parti d’une tablette en terrazzo chinée chez Emmaüs, une table de salle à manger étroite et longue pour accueillir les diners que nous adorons organiser. Nous avons également chiné quelques pièces au gré de nos balades aux puces ou ailleurs et, bien entendu, des assises et luminaires que ma grand-mère a designés dans les années 1970. J’ai peint toute la cuisine qui ressemblait à un vieux chalet pour remettre en valeur les teintes des faïences, accessoirisé la vieille salle de bains en mosaïque, décidé que les toilettes seraient la pièce destinée à l’apprentissage des langues étrangères. Pour ce qui est de l’accrochage, la place des plus grandes œuvres s’impose d’elle-même. Puis je joue sur les alignements entre elles, mais aussi avec les éléments architecturaux existants ! Je fais des assemblages thématiques pour créer des conversations entre les œuvres. Les gitanes à la mer de Jean Dieuzaide font face à la Galatée, elles sautent toutes dans l’eau sous le regard sérieux de deux femmes indiennes, il s’agit d’une photo ancienne chinée au Kerala. Le polaroïd Lys de Nobuyoshi Araki ouvre l’ensemble érotique dans la chambre à côté d’une gravure de femme qui fait l’amour à une pieuvre sous l’égide d’un X de Bram van Velde. La présence des livres est aussi essentielle pour moi : un catalogue d’une exposition particulièrement marquante, toute la série des livres philosophiques illustrés par le Franco-Suisse Frédéric Pajak, Les Rencontres d’Arles, etc.

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Quelles matières l’incarnent ?

Léonie Alma

Des matières nobles sans être tape-à-l’œil. Les rideaux sont en soie rose, la même que j’ai utilisée pour un sari indien traditionnel, les coussins en ikat ont été achetés au bazar d’Istanbul, le velours de lin bleu choisi pour accompagner les couleurs d’une peinture, le chêne teinté pour rappeler le vocabulaire classique de cet appartement, une table en pierre de lave dont j’ai choisi spécifiquement la couleur ocre très douce et chaleureuse, puis beaucoup de miroirs, partout, pour illuminer et créer de nouvelles perspectives.

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Que dit-il de vous ?

Léonie Alma

Il dit que je voyage beaucoup, que j’aime apprendre des langues, rencontrer et accueillir des gens, associer des choses qui n’ont a priori rien à faire ensemble pour créer des lieux très variés, habités et vivants !

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Pour vous, The Socialite Family, c’est… ?

Léonie Alma

Un magazine lifestyle humain qui permet de découvrir l’univers d’une nouvelle génération de familles, sensibles aux belles choses et à l’art de vivre.

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Où vous retrouverons-nous dans les prochains mois ?

Léonie Alma

Avec LA.M Studio, je serai à Bordeaux pour l’ouverture d’un nouveau lieu de vie/restaurant de 400 m2 en plein centre-ville qui sera ouvert dès le matin jusqu’à tard le soir. Un endroit cool et convivial pensé pour toutes les occasions de la journée. Avec LOMM Éditions – nouvelle maison d’édition que nous avons imaginée avec ma grand-mère, Odile Mir, en 2021 –, nous ferons dialoguer photographie contemporaine et design à l’occasion d’une exposition très spéciale dans une galerie parisienne.

Nous nous sommes naturellement insérés dans ces espaces pour nous les approprier.

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Chaque ligne, chaque finition de nos créations de mobilier et luminaires a été pensée par notre studio créatif à Paris.

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