Mégane Servadio et Arthur Teboul
Elle est décoratrice-ensemblière, co-fondatrice d’Etttore. Il est le chanteur-poète du très élégant groupe Feu!...
chez
Augustin Trapenard a le vent en poupe. On aime sa voix le matin au micro de France Inter et ses yeux clairs sur le plateau de 21 cm, l’émission de Canal + dédiée à la culture lancée il y a un an et demi. Un écrin très personnel puisque le programme est tourné chez le chroniqueur littéraire, himself. À l’image de Patti Smith – première invitée du show – bon nombre d’invités ont pu apprécier le moelleux d’un Chesterfield où viennent parfois s’abandonner quelques livres de la faramineuse collection du maestro. Une collection qu’il aime à penser comme un tableau et qui vient côtoyer la pièce ultime de son intérieur : un jukebox Seeburg V200. Renfermant une discothèque mêlant Joni Mitchell à Barbara, ce petit trésor est vite devenu le leitmotiv de la vie d’Augustin et de son fidèle cocker Jean-François.
Augustin, où passez-vous le plus clair de votre temps ?
Je ne suis pas suffisamment chez moi, mais dès que j’en ai l’occasion, le soir ou le week-end, je m’affale sur un de mes canapés, face à la Seine, pour lire autant que pour rêvasser.
Qui a conçu la bibliothèque ?
C’est ma belle-soeur, Fanny Prat, qui a imaginé cette bibliothèque sur mesure pour trouver une place à mes livres, mais surtout pour mettre en valeur leurs couvertures – qui composent, toutes ensemble, un singulier tableau. Il n’y a rien de plus beau à mon sens, que des livres pour habiller un mur.
Quelle est votre pièce préférée ici ?
C’est sans doute mon juke-box qui date de 1967 et qui a servi dans un bar à Milwaukee, aux États-Unis. Il s’agit d’un Seeburg V200 que j’ai chiné aux puces et qui m’a occupé plusieurs mois – car il me fallait imaginer et remplir la discothèque idéale. On y trouve pêle-mêle du Joni Mitchell, mais aussi Dylan, Joan Baez et Barbara. C’est une pièce de design qui prend beaucoup de place et beaucoup d’intensité, mais que j’aime passionnément car elle casse mon goût prononcé pour les garçonnières aseptisées !
Êtes-vous collectionneur ?
Je collectionne les livres, malgré moi. Au fil du temps, à force d’en recevoir et d’en acheter, j’ai appris à désacraliser un peu l’objet. Il m’arrive souvent d’en donner. La tradition veut même que chacun de mes invités reparte avec un de mes livres. On a vu des collectionneurs plus précautionneux !
Où allez-vous quand vous cherchez des meubles ? Où les chinez-vous ?
Je suis beaucoup allé aux puces de Saint-Ouen, pour trouver des classiques. Et il m’arrive aussi, de plus en plus, de chiner sur leboncoin, eBay et quelques obscurs sites américains.
Comment décririez-vous votre style en termes de décoration ?
Pendant longtemps, “mid-modern century” comme en témoignent certaines pièces de Charles et Ray Eames, Florence Knoll ou Hans Wegner. Mais j’ai aussi une passion pour quelques icônes du design, comme ce fauteuil LC1 de Le Corbusier qui me fascine depuis toujours. C’est pour moi une pièce quasi parfaite, par son élégance et sa simplicité.
Vos livres posent le décor de votre salon. Sont-ils rangés dans un ordre en particulier ?
Je les range par ordre alphabétique, suivant le nom de l’auteur. Et par ordre chronologique de la bibliographie de chaque auteur. C’est en réalité une question de confort, car il me semble impossible de m’y retrouver autrement ! Par ailleurs, il y a quelque chose de très beau dans ces oeuvres qui s’avoisinent et se rencontrent par hasard : Lydie Salvayre et San Antonio ; Doris Lessing et Primo Levi ; David Foster Wallace et Michel Foucault.
Est-ce vous qui avez fait la décoration ?
Totalement, avec les errances et les fautes de goût qu’il faut. Cela dit, je vis seul, donc à part mon chien Jean-François, je ne vois pas sur qui rejeter la responsabilité d’une bougie à la mode ou de cette vieille marionnette balinaise qui me hante depuis l’enfance…
Avez-vous un architecte ou un designer iconique ?
Sans doute Charlotte Perriand, même si je n’ai d’elle qu’un petit tabouret de berger. Je rêve d’une de ses grandes tables en frêne du début des années soixante. Elles me rappellent celle de la cuisine de mes grands-parents, en Auvergne.
Quelle serait la faute de goût à éviter absolument pour vous ?
Rien n’est plus beau, dans un salon, à mon sens, qu’une faute de goût. C’est là, justement où se nichent la singularité et la beauté. Le problème, c’est quand elles s’accumulent – ce contre quoi je lutte, tous les week-ends.
De quelle pièce pas chère êtes-vous le plus fier ?
J’aime beaucoup un petit cendrier en cuivre de Marine Breynaert. C’est elle qui a fait toutes les lumières de mon appartement, y compris les bougeoirs… et ce cendrier doré. D’une simplicité confondante.
Un restaurant à nous recommander à Paris où ailleurs ?
Sans hésiter, Genio, à deux pas de la Maison de la radio, où je déjeune presque tous les jours. Leur assiette d’orecchiette me rend malade.
Photographies : Constance Gennari – Texte : Caroline Balvay – Traduction : TextMaster @thesocialitefamily
Merci pour ce beau reportage, très inspirant !
C’est dommage qu’on ne voie pas le haut de la bibliothèque et la jonction avec la moulure du plafond.