Famille

Le repaire cosmopolite d’une inclassable créatrice de mode.

Chez

Alexandra Senes

Nous qui ne supportons pas d’enfermer nos personnalités dans des mots, des appellations précises, allons avoir encore plus de mal avec celle-ci. Alexandra Senes est une comète. De celles qui parcourent la planète et nous laissent, plus qu’un souvenir en tête, une expérience. Fugace et incroyablement vivante à la fois. Laboratoire d’idées à elle seule, Alexandra a fait ses classes dans le monde entier. De Dakar, où elle est née, à New York, où elle s’est élevée, en passant par Paris. Des kilomètres avalés, admirés et étudiés qui l’ont propulsée sur pas mal d’orbites. Journaliste, conceptrice, patronne d’une SAS. La sienne. Société d’Alexandra Senes. Pourquoi ne pas faire simple quand on est compliqué ? Prête à faire vibrer toutes les facettes de la Terre, l’ancienne rédactrice en chef de Jalouse s’attelle pour l’instant à la broder. Sur des chemises blanches d’hommes du XIXème siècle, ce sont les coordonnées GPS des “Ibiza de demain” qui s’animent grâce à sa marque Kilometre. Ou la découverte du planisphère comme idée ultime du luxe, livré avec son guide. Plus qu’une synthèse d’elle, ce nouveau projet est un support de son network mondial qu’elle tient à faire partager. Comme dans son repère familial. Alexandra déguste la planète et l’entasse dans sa salle à manger, sorte d’épicerie où croulent les victuailles des contrées les plus reculées. Un appétit de vivre et de rencontres qui ont forgé, dès son plus jeune âge, sa personnalité à la Géo Trouvetou. Comme lui, elle se fait collectionneuse d’objets, indomptable rêveuse et anthropologue du quotidien. Se créer des opportunités est une seconde nature. Révéler celle du globe, la première.

Lieu

Paris

TSF

Alexandra, qui êtes-vous ?

Alexandra

Pour me décrire, je dois parler de géographie. “Il y a des écrivains qui ont besoin de géographie et d’autres de concentration : des voyageurs et des voyants,” écrivait Nicolas Bouvier. Mon QG ? Dans le village global et le cloud. J’y explore des savoir-faire, des savoir-être inédits.  Je connecte des flux dormants de créativité. Je mobilise la fulgurance d’un créateur quel qu’il soit. J’ai été pigiste pour des dizaines de journaux, du quotidien Le Monde au Journal du Dimanche en passant par les magazines Elle, Beaux-Arts ou Le Nouvel Économiste. Puis je conçois un magazine sur mesure pour l’éditeur Jalou. Accordé au féminin singulier, Jalouse cartonne. Le magazine a 19 ans aujourd’hui, comme ma fille. Il précède le lancement sur orbite de SAS (Société d’Alexandra Senes). Ni journal, ni magazine, l’acronyme vaut signature pour coller aux projets Sans Arrêt Singuliers de mon laboratoire d’idées. J’y crée  “Air de Paris” : une émission de radio hebdomadaire imaginée pour Hermès et diffusée au Japon. De Jane Birkin au vicaire de Saint-Eustache, des centaines d’interviewés ont animé la bande-son de ce programme sur des Parisiens. Tokyo, Kyoto, Osaka, Kobé obtiennent d’entendre aussi ce son qui a de l’odeur, senteur griffée Paris et frise 20 millions d’auditeurs. Je pense, pendant 4 ans, un espace de mille mètres carrés dévolu aux tendances pour le Salon du Prêt-à-Porter. Consultante au Pakistan, pour développer une fashion week à Lahore puis à Karachi. Mission : revisiter le travail d’une trentaine de créateurs et attirer le parterre mondain pour un “first row” en sari. L’événement trouve à se prolonger à Paris. Je signe un city guide, “Le Paris du Tout Paris”, édité par Lonely Planet. D’Inès de la Fressange, Abdelwahab Meddeb en passant par Golshifteh Farahani  et Edgar Morin, 100 personnalités me livrent leur répertoire et jardins secrets. À la célèbre école de mode “Chambre syndicale de la couture parisienne”, j’enseigne pendant 3 ans. Quoi ? Tout, sauf la mode. Celle-ci en apprend de belles, sur les lumières de Jennifer Tipton, les installations de Rashid Rana, la sensualité des corps électrisés par Sidi Larbi Cherkaoui. Mes courriels affichent latitude et longitude. Ça en dit long sur la Parisienne sénégalaise que je suis.

TSF

Racontez-nous le concept de votre marque Kilometre Paris ?

Alexandra

Kilometre, c’est l’alliance de mes 20 ans dans la mode et de ma vie à barouder. Ce sont mes tripes. Donc difficile de parler de concept ! C’est comme les gens qui me disent : « vous avez un excellent “storytellling” ». Je tire le fil de mon histoire grâce à des mains mexicaines ou indiennes ultra-talentueuses. Je brode ma curiosité aiguë autant sur des chemises que sur des coussins ou un tapis. Kilometre surfe sur la mode pour voyager autrement. Ce label présage de nouvelles Ibiza que seront la Croatie ou Goa d’ici à 2020. Je travaille sur une collection de chemises blanches d’hommes du XIXème siècle. Mais au lieu de l’interchangeable ‘I Love,’ j’y fais broder les coordonnées GPS de ces havres désirables. Chaque chemise est vendue avec un micro-guide du coin. Nous croyons que la découverte du monde est l’idée ultime du luxe.

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Comment souhaitez-vous développer votre marque ?

Alexandra

Je voudrais ouvrir des “coins du monde” dans les aéroports. Ras-le-bol de trouver la même chose à Heathrow, Sheremetyevo ou à l’aéroport de Linate. À terme, j’aurai une petite boutique de “Souvenirs de demain” – rue de Rivoli – qui ne vendra pas d’écharpes de foot synthétiques du PSG faites en Chine ! La marque suffisamment “caméléon” a brodé sur mesure des chemises pour le plus beau vaisseau de mode de Californie – à Newport Beach – qui s’appelle A’maree’s, pour le grand magasin Barneys à New York ou encore Duchatel, une magnifique petite boutique à Biarritz. Donc pourquoi pas inventer le voyage d’un palace à Marrakech ou renseigner le concierge d’un boutique-hôtel à Monza, avec cet esprit défricheur que nous défendons. Kilometre veut se développer vite pour redonner des milliers de kilomètres à des enfants. J’ai découvert La Fondation Zellidja qui fait voyager, depuis 1939, de jeunes adultes entre 17 et 20 ans. Et cette année – grâce au soutien de l’agence Mon Plus Beau Voyage -, nous avons fait voyager un Bordelais à Tokyo et une Parisienne sur une île au Chili.

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Quelle a été votre éducation par rapport aux voyages et à la rencontre avec les gens ?

Alexandra

Une enfance à Dakar et une adolescence à New York me prédisposent à voir Paris comme une fenêtre ouverte sur le reste du monde. Je suis née au milieu des petits Sénégalais à Dakar et j’ai dû m’acclimater aux Américains New-Yorkais en une rentrée scolaire ! C’est ce qui a forgé mon caractère. Je me suis inventée journaliste pour continuer cette anthropologie au quotidien. Interviewer le président du Bénin à Cotonou, feu le navigateur néo-zélandais Peter Blake à San Diego pendant l’America’s Cup ou encore le président de Louis Vuitton à Tokyo, vous forge à être à l’écoute des autres et surtout de leurs mondes. Si j’aime autant voyager, c’est pour me décaler – et pourtant je ne souffre jamais du “jetlag” – et me mettre en danger dans des contextes qui ne m’appartiennent pas. J’apprends tous les jours à regarder, à écouter l’autre

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Qu’est ce qui vous motive dans cette quête perpétuelle du rare, du nouveau, de la perle ?

Alexandra

C’est une quête du rare et de la perle, pas du nouveau. C’est nouveau pour nous mais pas pour eux ! Être en quête, c’est être toujours en recherche. Défricheuse et déchiffreuse. Les tendances, les talents, les images : j’en scrute la mécanique, soupèse l’insolite, ausculte le palpitant du neuf. Ce compas du style fiché dans l’œil atteste mon don inné de voyance. Quand je trouve une perle, j’aime la faire partager. Quand je conseille d’aller à Procida en Italie plutôt qu’à Capri ou à Kastelorizo en Grèce plutôt qu’à Mykonos, je suis détestée par ceux qui connaissent la perle rare mais j’ouvre les yeux à ceux qui ne savent pas voyager. Un autre regard, un pas de côté, un itinéraire bis, que des pépites pour vous permettre d’éviter les charterslands !

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Chez vous où passez-vous le plus de temps ?

Alexandra

Je passe sans doute le plus de temps dans mon bureau, qui est chez moi. Mais nous avons assez parlé des centimètres carrés qu’occupe mon Kilometre. Je vais donc tricher. Quand je ferme la porte de mon bureau, je passe tout mon temps entre la cuisine et ce que j’appelle l’épicerie. Je déteste les salles à manger qui ne servent à rien, celles avec une grande table. C’est pourtant ce que nous avons. La table signée Guillerme et Chambron fait 2 mètres 80 ! J’ai rebaptisé notre salle à manger “épicerie” car je vais y installer des étagères pleines de victuailles et de plats rapportés du monde entier. Et ici, on ne “mange” pas : on dévore et on déguste le monde. Je ne sais pas cuisiner pour 2. Dans ma démesure, je n’aime pas les verres mesureurs. Donc je vais suivre une recette et doubler les proportions pour être sûre d’en avoir assez, pour pouvoir inviter 1 ou 3 personnes à la dernière minute ou refaire un diner de restes le lendemain. Nous pouvons être 8 ou 18 ou même 45 à Noël. Je peux passer la journée dans la cuisine. Mon amie d’enfance Alexandra m’a offert un sublime livre de recettes “Jérusalem” de Yotam Ottolenghi – je ne connaissais pas ce chef anglais qui est, paraît-il, super connu. Dans tous les cas, son livre est une trouvaille et les photos sublimes. Hier soir, j’ai essayé les kefta (boulettes) d’agneau : c’était une tuerie.

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Quel est l’endroit où vous rêver d’aller ?

Alexandra

Voulez-vous vraiment me poser la question à moi !? Je rêve d’aller en Ethiopie. Je rêvais tellement d’aller en Tasmanie visiter le musée Mona que j’en ai fait l’une des destinations de Kilometre, en brodant ce lieu. Peut-être que mon rêve va devenir réalité en juin prochain et que je rencontrerai le fou et passionnant propriétaire de ce lieu : David Walsh. Je rêve d’un homard au genièvre par Alexandre Gauthier à la Grenouillère à La Madelaine-sous-Montreuil ou d’un gargouillou de légumes par Michel Bras dans l’Aubrac. Je rêve aussi d’aller au mariage de mon amie Fazeelat au Pakistan pour pouvoir m’échapper et visiter la région de Gilgit au Nord pour y faire du polo, m’attarder dans le petit village de Karimabad, ancienne capitale du royaume de Hunza et remonter le temps à Ganish, toujours dans cette vallée.

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En termes de mobilier, de déco, quelle serait la pièce de vos rêves les plus fous ?

Alexandra

La pièce la plus folle serait une série de portraits du XVIIIème pour accompagner l’ancêtre de Bertrand qui est seul à côté du graffiti de JonOne. Et je rêverais d’avoir une pièce entière remplie de ma collection de globes. J’en ai déjà à la maison car mon amoureux partageait la même folie quand nous nous sommes rencontrés. Mais j’en ai encore tellement dans un garde-meubles, qui attendent la pièce remplie de boules ! Il y en a pour tous les goûts : sphères, mondes, planisphères et globes en tous genres.

Être en quête c’est être toujours en recherche. Défricheuse et déchiffreuse. Les tendances, les talents, les images : j’en scrute la mécanique, soupèse l’insolite, ausculte le palpitant du neuf.

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Où allez-vous si vous cherchez un meuble, un luminaire ?

Alexandra

Je chine. Je vais vers le 15 août – le jour des marchands – à la foire de l’Isle-sur-la-Sorgue, dans le Vaucluse. Je vais en septembre sur l’île de Chatou (j’ai trouvé deux candélabres d’église sublimes) dans les Yvelines, ou aux portes de Paris aux puces de Vanves et de Saint-Ouen, le dimanche matin. Ou carrément plus loin. Si je dois être en Californie, je me débrouille pour répondre présent le deuxième dimanche du mois pour ne pas rater le flea market “Rose Bowl” de Pasadena, au Nord de Los Angeles.

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Que faites-vous à Noël ?

Alexandra

L’été dernier, j’ai organisé pour mon amoureux un trip en moto de Lisbonne à Comporta. Nous allons découvrir cette fois le sud du Portugal. J’aurais adoré le refaire en moto mais il paraît que c’est “quand même” l’hiver et qu’il y a beaucoup de vent au Sud. Je vous donne “en exclu !” notre itinéraire – à vos risques et périls car pas encore testé. Premier stop : Sagres à l’hôtel Memmo – un piston donné par mon amie Vicky Chahine qui travaille dans le meilleur magazine français : M le Monde. Deuxième étape : Lagos à l’hôtel Casa Mãe. Troisième étape : Carrapateira à l’hôtel Casa Bamboo – une trouvaille “hors du temps” d’après nos amis Eve et Martin qui baroudent pas mal. Quatrième étape : Comporta chez mon ami Laurent pour réveillonner à la morue ! On ne présente plus Comporta. Mais l’hiver, je ne connais pas encore.

TSF

Un bon restaurant à nous recommander, à part chez vous, à Paris ou dans le monde ?

Alexandra

À Paris, un trio gagnant : Le Derrière/Momo/Andy. Ce n’est pas une découverte, cela fait plus de 20 ans que ce triangle d’or d’énergie existe grâce à Hakim et Momo. À gauche, le 404 – pour son couscous et la musique arabe à fond les manettes dès 22h. En face, ou derrière selon votre GPS : Le Derrière – pour son poulet rôti, le placard “secret” d’Alice aux pays des merveilles et sa table de ping-pong. À droite, Andy Wahloo – pour son bar fait de rien mais toujours plein.  À Rome : Settimio. Nous avons instauré avec ma fille Mila d’aller à Rome les jeudis pour leurs gnocchi maison. La magnifique vieille propriétaire a même appris à Mila à les rouler.

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Augustin Trapenard

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