Famille

Au cœur de la Drôme provençale, une maison moderniste où l’innovation côtoie l’artisanat

pauline-chardin

Chez

Pauline Chardin et François Guillaume

Certaines histoires commencent là où finissent d’autres. Aujourd’hui, The Socialite Family a décidé de vous présenter celle de la rencontre entre Pauline Chardin et François Guillaume avec la Drôme provençale. Une page blanche entamée il y a tout juste un an avec la ferme intention de changer de vie. Quitter Paris, s’extraire de la logique du « travailler énormément pour voyager beaucoup ». Une nécessité pour le couple pour qui la grande ville n’était plus synonyme de liberté. Afin de donner corps à leurs envies d’espace, de temps et de lumière, les créatifs décident de mettre cap au Sud. Mais pas n’importe où. Vers la « terre promise » évoquée maintes fois par les parents de la fondatrice de thevoyageur.net, et affectionnée par cette dernière pour son dépaysement ensoleillé à quelques enjambées en train de la capitale. La Drôme, donc. Au pied du Parc naturel régional des Baronnies provençales. Le lieu idéal pour diriger leurs énergies créatives communes à la construction de leur projet. Une magnifique maison à la structure contemporaine, inspirée des « case study houses » californiennes, et qui, vue d’en haut, se fond dans la nature environnante. Le résultat d’un long processus de réflexion autour du concept – « dictée par le paysage et la géographie du terrain » – du choix des couleurs – neutres – et des matériaux – chaleureux et naturels. Avides de voyages, Pauline et Guillaume se sont également appliqués à intégrer leurs découvertes « d’ailleurs » dans leur chantier. L’occasion de se rendre compte de l’influence qu’a eu l’Asie dans leur façon de concevoir, d’organiser et d’accessoiriser leur intérieur. Un lieu sensible où le bois, dans ses nuances foncées, confère au modernisme ambiant une aura. « L’impression d’y être installés depuis dix ans », clôture Pauline, en savourant le sentiment de plénitude que lui procure ce nouvel ancrage.

Retrouvez l’univers singulier de Pauline Chardin dans notre premier livre autoédité The Socialite Family, Retrospective. Une anthologie des plus beaux intérieurs aperçus sur notre média depuis sa création, à se procurer en boutique comme sur notre e-shop.

Lieu

Drôme Provençale

texte

Caroline Balvay

Photographies

Eve Campestrini

Maison Drôme Pauline Chardin et François Guillaume

TSF

Pauline, François : pouvez-vous vous présenter ?

Pauline

Je suis directrice artistique freelance et photographe. Mon background d’origine, c’est la mode et le vêtement mais les années passant, mon champ d’intervention s’est élargi. Ce qui me passionne, c’est d’établir des connexions entre les domaines et de développer du storytelling !

François

Après des études de philosophie, j’ai travaillé pour l’édition française durant quinze ans. Le travail d’éditeur freelance s’étant raréfié, et à force de voir Pauline travailler, j’ai petit à petit tourné mon attention vers la photographie de mode.

TSF

Parlez-nous de votre éducation au « beau ». Comment s’est développé votre goût ?

Pauline

Je me rappelle que ma grand-mère était très observatrice et cultivait une myriade de préférences pour une chose ou l’autre. Chaque objet était jaugé d’après des qualités souvent invisibles. Je crois que ça a commencé là pour moi. En apprenant à regarder et à choisir. L’idée du beau étant subjective, je la vois plus comme un parcours personnel, jamais achevé. Cela peut paraître contradictoire mais je pense que c’est en étant curieux et aventureux qu’on se décide vraiment sur ce qui nous convient. Il faut sortir de sa zone de confort pour la trouver.

François

J’ai souvenir d’avoir passé des après-midis dans la bibliothèque de la petite ville où j’ai grandi à tourner les pages de beaux livres de grands maîtres de la peinture et d’en faire d’onéreuses photocopies couleur que j’épinglais sur le mur de ma chambre. Elles représentaient des fenêtres sur d’autres mondes. J’ai également commencé assez jeune à regarder énormément de films, une habitude qui ne m’a jamais quitté. Et puis il y a la littérature et la poésie qui ont été présentes dès mon plus jeune âge. Au lycée, j’ai commencé à écrire régulièrement.

TSF

Et votre passion apparente pour la photographie ?

Pauline

Communiquer par l’image est un plaisir pour moi depuis longtemps. La photographie a commencé comme un moyen de rassembler et partager toutes les choses qui m’inspiraient dans mes voyages. C’est du moins l’ambition derrière thevoyageur.net, que j’ai créé en 2014. Aujourd’hui, je vais un peu plus loin en mettant en scène des images nourries de tous ces fragments collectés au fil des années.

François

Mon père avait laissé derrière lui un laboratoire pour développer des films. Vers 15 ans, j’y ai appris seul à développer mes premières pellicules, à produire mes premiers tirages. J’ai fait un peu de photographie jusqu’à 23 ans, puis j’ai perdu mon matériel, volé dans un train. Je n’ai pas touché un appareil pendant sept ans, bêtement, me consacrant ensuite à l’écriture ou à l’édition.

Maison Drôme Cuisine Pauline Chardin et François Guillaume
Maison Drôme Cuisine Pauline Chardin et François Guillaume
Maison Drôme Cuisine Pauline Chardin et François Guillaume
Maison Drôme Cuisine Pauline Chardin et François Guillaume
Maison Drôme Cuisine Pauline Chardin et François Guillaume
Maison Drôme Cuisine Pauline Chardin et François Guillaume
Maison Drôme Cuisine Pauline Chardin et François Guillaume

TSF

Designers, artistes : quels sont ceux dont l’œuvre a eu une influence sur vous, votre travail ?

Pauline

Difficile d’en faire une liste courte mais représentative. Peut-être Charlotte Perriand, Nicolas Bouvier, Constantin Brancusi, Man Ray, Richard Long, Federico Fellini, Amrita Sher-Gil, Moebius, Robert Altman, Georgia O’Keeffe, George Nakashima et Wim Wenders…

François

Tristan Tzara, Rembrandt, Anders Petersen, John Cheever, Beth Gibbons, David Lynch, Julien Gracq, Efrim Manuel Menuck, Emmanuel Lubezki ou encore John Lurie.

TSF

Vous voyagez beaucoup. Pourquoi avoir choisi la Drôme, vous qui viviez jusqu’à présent à Paris, pour vous établir ?

Pauline

Après plus de quinze ans passés à vivre et travailler à Paris, j’avais besoin d’un changement de rythme et de sortir de la logique « travailler énormément pour voyager beaucoup ». La grande ville n’était plus pour moi synonyme de liberté et de possibilités, mais plutôt d’une logique de vie à bride abattue dont je n’arrivais pas à m’extraire. Je rêvais d’espace, de temps, de lumière, et aussi d’utiliser mon énergie créative pour un projet qui serait le mien, de construire quelque chose de concret. Le choix de la Drôme s’est imposé pour plusieurs raisons. Je voulais absolument quitter Paris pour le soleil, mais sans trop s’éloigner en train de la capitale. Je recherchais la proximité avec la nature et une région peu construite. C’est aussi un endroit où j’étais souvent allée en vacances enfant. Mes parents en parlaient depuis des dizaines d’années comme d’une « terre promise », cela avait du sens pour moi que la génération suivante s’y installe. J’étais aussi séduite par l’abondance des producteurs et des excellents produits, par la proximité avec la montagne, la mer, l’Italie et l’Espagne… Un mélange de raison et de sentiments, donc.

François

J’ai suivi ma compagne, étant plutôt citadin dans l’âme.

Maison Drôme Salle à manger Pauline Chardin et François Guillaume

TSF

Votre maison n’a rien de classique et est bien éloignée du côté « vieille pierre » généralement attribué à la campagne. Pourquoi avoir fait ce choix ?

Pauline

Mon mari et moi avons tous les deux grandi à la campagne. Il fallait trouver une façon d’imaginer cette nouvelle vie sans qu’elle nous apparaisse comme un retour en arrière. Pas évident quand on a rêvé toute son enfance de vivre dans des grandes villes ! Très vite s’est alors imposée l’idée de vivre la campagne comme on ne l’avait jamais vécue, dans une maison contemporaine.

TSF

Quel était votre brief, vos envies, pour sa construction ? Comment se sont passés les travaux de ce qui, en apparence, est une bâtisse à la forme « simple » ?

Pauline

Le concept de la maison a été dicté par le paysage et la géographie du terrain que nous avions choisi : une parcelle très pentue et accidentée, couverte de pins et de chênes verts, où affleure la roche locale, le safre. Très influencée par la structure des maisons californiennes de l’après-guerre, les célèbres « case study houses », j’aimais beaucoup l’idée d’une maison sur pilotis, en charpente métallique, qui « flotte » au-dessus du paysage. Dans les faits, cette bâtisse est très technique. Elle a nécessité l’intervention d’entreprises spécialisées dans la construction industrielle. Si ce genre de style est plus répandu dans d’autres pays, il reste assez marginal en France, ce qui rend le processus plus compliqué. Quant à la silhouette très simple – imaginée main dans la main avec l’architecte Caroline Barrès Coquet -, elle était cohérente avec la topographie, mais aussi le reflet d’un souhait d’avoir une maison très cartésienne dans sa structure. Pour moi, la richesse devait venir de la manière dont la végétation et la lumière allaient interagir avec l’architecture. L’ambition finale étant que la maison disparaisse dans la pente, d’où les choix de couleurs et de matériaux. Pour ceux-ci, la logique était simple. La structure était contemporaine mais les matériaux devaient être chaleureux et naturels. J’apprécie les maisons modernistes anciennes où l’innovation côtoie l’artisanat et où tout s’est patiné avec les années. Je n’ai donc pas recherché l’idée de perfection ou « d’inaltérable », mais plutôt des surfaces qui vont évoluer avec le temps. La palette se devait aussi d’être assez simple, pour apporter une fluidité entre les espaces et donner un sentiment de sérénité par l’unité. Le béton ciré au sol est le même dehors et dedans. Les murs intérieurs et extérieurs sont en chaux et les habillages en bois sont les mêmes dans toute la maison.

Maison Drôme Salle à manger Pauline Chardin et François Guillaume
Maison Drôme Salon Bibliothèque Pauline Chardin et François Guillaume

TSF

Son organisation s’inspire-t-elle de ce que vous avez pu découvrir dans d’autres pays pendant vos voyages ?

Pauline

Oui, complètement ! D’une certaine façon, c’est un collage de beaucoup de choses que l’on a aimées, tout en cherchant une cohérence visuelle avec l’environnement dans lequel elle se trouve. Tout au long du processus, j’avais en tête le climat et les couleurs du paysage environnant. Les influences « d’ailleurs » sont multiples. Aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours adoré les porches qu’on voit dans les films américains, mais c’est d’en faire l’expérience au Sri Lanka et au Japon qui m’a réellement convaincue de leur fonction. Le nôtre nous protège du soleil d’été mais laisse entrer celui d’hiver et permet cette vie que je recherchais entre intérieur et extérieur. C’est dans ces mêmes deux pays que j’ai vu des chaînes de pluie pour la première fois. C’est aussi en Asie que j’ai pris goût aux bois plus foncés. Au Japon que j’ai compris la beauté des bruns dans un intérieur, du travail des perspectives traversantes qui dévoilent toujours de nouveaux tableaux. En Inde et en Italie que j’ai commencé à aimer le laiton. Et c’est finalement en visitant la maison et le studio d’Alvar Aalto en Finlande que j’ai été convaincue que le modernisme pouvait être sensible et chaleureux. Ce sont quelques exemples évidents, remonter tout le fil pourrait être assez long !

TSF

Le bois est omniprésent chez vous. Comment l’avez-vous travaillé, associé ?

Pauline

Très tôt dans le processus, j’ai senti que la présence du bois serait indispensable pour réchauffer l’espace. Après avoir vécu dans un appartement haussmannien où le bois, c’est-à-dire le parquet, est au sol, c’était intéressant de l’imaginer occuper d’autres surfaces, les murs, le plafond…

TSF

Comme avez-vous meublé votre intérieur ?

Pauline

Très tôt aussi, dans le processus de création de la maison, j’ai commencé à dessiner les intérieurs pour m’assurer de la viabilité de nos choix. La maison a été pensée avec beaucoup d’éléments fonctionnels déjà « intégrés » au moment de l’emménagement (la cuisine, le dressing, la salle de bains, les grands placards du salon). Dans ce même esprit, nous avons installé des étagères string system sur tout un mur du bureau et j’ai dessiné deux meubles de rangement très longs et bas. Un dans le bureau et un dans le salon (celui-ci n’est pas encore installé), que mon père a accepté de réaliser pour nous. Tous ces éléments sont la base de l’aménagement intérieur de la maison. Ils la rendent cohérente et pratique. Au départ, je pensais avoir besoin de peu d’éléments supplémentaires. Je fantasmais beaucoup l’idée d’espace et de vide après avoir vécu dans un appartement bien rempli. Je me suis pourtant rapidement rendu compte que j’étais moins minimaliste que je le pensais. Remplir l’espace d’objets, d’images, de textiles et de meubles que je trouvais stimulants visuellement s’est révélé très satisfaisant. La priorité est au vintage et à l’artisanat, car je trouve que ça donne du corps à la maison.

TSF

Que dit-il de vous ?

Pauline

Difficile à dire vu de l’intérieur ! Ce qui est sûr, c’est qu’il concrétise l’idée que je me faisais d’un foyer. C’est un véritable havre, à la fois ouvert et protégé, je m’y sens à la fois plus libre et plus sereine.

François

Cette maison est un conglomérat d’idées assez diverses que nous avons tenté d’ordonner et de raffiner, satisfaisant un désir d’espace, de perspectives, de lumière, de nature. C’était un défi d’envergure, aussi.

Maison Drôme Salon Bibliothèque Pauline Chardin et François Guillaume

Pauline Chardin

C'est un conglomérat d’idées assez diverses que nous avons tenté d’ordonner, satisfaisant un désir d’espace, de perspectives, de lumière et de nature. C’était un défi d’envergure !

Maison Drôme Chambre Pauline Chardin et François Guillaume

TSF

Où chinez-vous ?

Pauline

Nous avions l’habitude de rapporter pas mal de choses de nos voyages, de faire les marchés aux puces en France et à l’étranger. Cette année, nous avons pris notre mal en patience et nous avons pris conscience de la valeur de tous ces trésors accumulés au fil des années. J’ai aussi passé plus de temps sur Etsy, Ebay, Instagram et Le bon coin à créer des listes de favoris à rallonge !

TSF

Cela fait un an déjà que vous habitez ici. Quel est votre ressenti ?

Pauline

J’ai l’impression d’y être installée depuis dix ans ! Le processus du déménagement a été long et je m’étais tellement projetée que c’était presque déjà familier dès le début. La proximité avec la nature donne en effet un ancrage surprenant. On le dit beaucoup, mais c’est différent d’en faire soi-même l’expérience ! Les sentiments que ça génère sont finalement assez simples, mais non moins précieux : la liberté, l’indépendance, le calme. Et comment ne pas parler de la lumière ? Elle est si abondante ici, grâce à l’architecture de la maison et grâce au climat, bien sûr. C’est sans conteste le plus grand luxe de cette nouvelle vie, et la première chose qui me ravit quand je retrouve la maison après avoir passé du temps ailleurs.

François

C’est un équilibre à trouver qui peut mettre du temps, mais qui vient sûrement, éloigné de l’activité des villes.

TSF

Où vous retrouverons-nous cette année ?

Pauline

Je l’espère au Japon dès que ce sera possible, mais après une année sans voyage, tout ou presque semble excitant.

François

J’imagine que l’Italie et l’Espagne seront elles aussi sur cette courte liste, puisque nous sommes seulement à quelques heures de voiture de ces deux pays.

Maison Drôme Salle de bain Pauline Chardin et François Guillaume
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