Je t'avais contacté il y a un peu plus d'un an parce que je voulais te photographier pour The Socialite Family ! L'hiver dernier, je t'ai invité à notre événement éphémère pendant Maison & Objet, La Scopa.

Voilà, c'est venu en mangeant et en buvant, comme souvent.

Tout ça était très spontané !

Je suis artiste. En ce moment, ma pratique consiste surtout à réaliser des écritures au stylo bic sur papier. Mais je travaille autour du langage et du texte depuis une vingtaine d'années. Au début, c'était plutôt sur des toiles, dans des expositions. Et puis, je ne sais plus exactement pourquoi, mais cela coïncide avec l'arrivée des réseaux sociaux dans nos vies : je suis passé au stylo-bille. Ça a pris des proportions que je n’imaginais pas !

Il est universel ! Le stylo-bille, tout le monde connaît, tout le monde écrit avec. Il y a quelque chose d'assez doux dans son style, et puis un côté un peu maladroit, imparfait. Des aspérités. Presque un peu brouillon. Au début, j'écrivais au feutre. Depuis que je suis passé à la bille, j'ai beaucoup plus de succès !

J'ai suivi des études d'arts appliqués puis je suis entré aux Arts décoratifs de Paris. Au début, je pensais principalement peindre. J'avais un style plutôt réaliste, voire hyperréaliste. Mais aux Arts décos, j'ai découvert des artistes qui étaient passés par l'école des générations précédentes et qui avaient une pratique plus conceptuelle, une approche de l'art plus généralement éloignée de la peinture. Des artistes tels Xavier Veilhant, Philippe Parreno, Pierre Bismuth – avec qui j'ai collaboré par la suite – et aussi Claude Closky, qui d'ailleurs faisait beaucoup de choses au stylo-bille à l'époque. De la peinture, je me suis orienté vers l'édition, en passant par le graphisme et la direction artistique. À la fin de mes études, mon mémoire s'intitulait Le manuel de la photo ratée. Il est ensuite devenu un livre qui m'a fait connaître. Puis j'ai publié un autre bouquin, Récréation. Je faisais partie d'un collectif d'artistes nommé Bellevue à l'époque, et on adorait travailler autour de l'absurde, de la régression et de l'idiotie (rires). On a par exemple créé un film d'action timide. On se bagarrait... sans vraiment oser se taper. On a fait de l’air skate. Beaucoup d'anti-performances, en somme ! Récréation est né dans ce contexte, en 2003, et a connu un certain succès médiatique. Après quoi, j'ai écrit plusieurs romans, dont Je m'appelle Jeanne Mass en 2005, avec pour objectif d’insérer le plus d'idioties possible dans un livre. Bon, je n'avais pas le profil du romancier, alors j'ai fini par arrêter.