Julie Richoz, étoile en devenir

Julie Richoz, étoile en devenir

Délicate personnalité, Julie Richoz est une designer franco-suisse au style affuté et pour laquelle le champs des possibles semble infini. Ses projets et ses collaborations sont multiples. Luminaires, tapis ou encore récemment bijoux, l’on retrouve toujours dans ses lignes une sensation de mouvement, comme un instant suspendu. Après des études à la très réputée École Cantonale d’Art de Lausanne (ECAL), elle poursuit brillamment son parcours, assiste un temps Pierre Charpin, remporte certains prix – dont les prestigieux Swiss Design Award en 2015 et Grand Prix du jury à la Design Parade de la Villa Noailles en 2012 – tout en participant à de nombreuses résidences. Grâce à la richesse de son parcours, Julie Richoz part à la rencontre de nouvelles expérimentations et explore la matière et ses contraintes. Qu’ils soient de bois, de métal ou de verre, les objets sortis de son esprit sont délicats et poétiques. Pensés pour appartenir au quotidien, chacun d’entre eux interrogent les notions de perspective et de profondeur tout en se jouant de la lumière. Un résultat fascinant, qui séduit de grandes maisons d’artisanat et des galeries aussi renommées que kreo. À chacune de nos rencontres, Julie Richoz, la prolifique, nous étonne. Rencontre avec une étoile montante du design qui n’a pas fini de faire parler d’elle.

Julie Richoz, étoile en devenir
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Julie, quels objets travaillez-vous ?

Julie

Un peu de tout. Récemment j’ai fait du mobilier d’extérieur pour Tectona, une lampe pour Louis Poulsen ou des tapis pour Cogolin. Je travaille autant pour des galeries que pour des éditeurs. Je n’ai pas de matière de prédilection, j’aime m’adapter aux contraintes et à la richesse de tout ce qui est possible.

Pouvez-vous nous parler de quelques-uns de vos travaux ?

Julie

J’ai fait une résidence d’un an au CIRVA à Marseille, lieu où l’on travaille le verre. C’était très libre, la seule consigne était de faire un vase. J’y allais régulièrement et on travaillait vraiment dans l’atelier avec les souffleurs. J’ai fait la série des vases oreilles. Une partie en verre soufflé et une partie en fusion, comme un sandwich de verre, avec des lignes de couleurs dans la tranche. Pour Armand, j’avais envie de reproduire le phénomène de flou et la manière dont les couleurs s’imbriquent les unes dans les autres. Les limites de l’objet s’effacent, comme une sorte de vibration colorée. Il n’a pas d’usage, c’est juste l’idée d’avoir une présence colorée dans l’univers domestique. C’est un projet que j’ai fait lorsque j’étais étudiante et que j’ai présenté à la Villa Noaille. Une galerie londonienne m’a proposé d’en faire une édition limitée. C’est à cet instant que j’ai compris que cette chose pouvait aussi avoir le statut d’objet. J’avais en tête les peintres impressionnistes, qui peignent en petites touches de couleurs assez contrastées, et le peintre Armand Guillaumin.

Qu’est-ce qui vous a amené au design d’objet ?

Julie

Après un lycée en arts appliqués, je savais que je voulais faire quelque chose dans la création. Ça aurait pu être n’importe quoi, tant que c’était créatif et lié à un usage au quotidien. J’ai donc poursuivi par des études à l’ECAL à Lausanne. J’ai ensuite fait le concours Design Parade et j’ai assisté Pierre Charpin pendant 3 ans. C’était un petit peu un non-choix car je me disais qu’à travers l’objet je pourrais faire des choses assez variées. Le volume et le côté 3D qu’il n’y a pas dans le graphisme m’intéressait. J’aime beaucoup le fait que, dans cette profession, l’on soit en relation avec plein de corps de métier dans l’artisanat ou avec des marques qui peuvent demander des choses très précises. Designer, c’est une sorte de pont entre plusieurs domaines.

Julie Richoz, étoile en devenir
Julie Richoz, étoile en devenir

Je n’aime pas trop l’idée de me définir : disons que j’ai l’impression que je m’intéresse beaucoup à la matérialité des objets, comment ils sont faits dans leur forme, ce qu’ils apportent.

Julie Richoz, étoile en devenir
Julie Richoz, étoile en devenir

Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?

Julie

Je prépare une petite exposition à Milan pour l’organisme IN Residence. Depuis 10 ans, ils invitent des designers à donner des workshops à des étudiants à Turin. Cette année, ils organisent un évènement où tous les créatifs qui ont participé sont invités à proposer un objet, sur le thème Talisman. Du coup je suis en train de faire des bijoux. Là, ce sont des maquettes en papier qui seront ensuite en métal.  Je continue aussi à travailler sur des tapis pour Cogolin, une manufacture de tapis du sud de la France. Ils tissent sur des métiers en bois, les mêmes depuis 1900.

Qu’est-ce qui vous inspire ?

Julie

J’aime l’art en général. Ce que je peux voir dans des expositions, mais aussi dans des voyages, les villes, les brocantes… Il y a aussi les objets que j’ai faits avant et qui me permettent de développer des sortes de langages formels que je réutilise ensuite dans d’autres projets.

Avez-vous une patte reconnaissable ?

Julie

Une patte peut-être pas. Mais je pense qu’il y a vraiment des liens d’un objet à l’autre, qui petit à petit dévie et évolue comme un univers qui a quelque chose de tentaculaire. Je n’aime pas trop l’idée de me définir : disons que j’ai l’impression que je m’intéresse beaucoup à la matérialité des objets, comment ils sont faits dans leur forme, ce qu’ils apportent… Au final quelque chose de très visuel, voir sculptural. J’aime beaucoup jouer avec les matériaux et leurs contraintes, comme pour la corbeille Thalie pour Artecnica où l’élasticité du métal laissait encore place à la surprise.

Quel rapport avez-vous avec les objets que vous créez ?

Julie

Ce n’est pas toujours facile d’avoir certaines pièces, donc quand on en a une, on la garde précieusement pour des expositions. J’en ai quelques-unes chez moi mais je n’ai pas envie que ma maison soit un showroom. Avec la Villa Noailles, j’ai eu l’occasion de beaucoup exposer pendant deux ans, en montrant ma production pendant la résidence associée à des objets déjà existants. J’adore. C’est un moment assez magique que celui d’assembler les projets, de faire des correspondances entre l’un et l’autre et de créer une sorte d’espace tout en jouant avec ça. Rencontrer et observer la réaction des gens est aussi merveilleux. C’est l’occasion de montrer quelque chose de 100% personnel.

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Crédits : Eve Campestrini @thesocialitefamily.com

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