La parole n’a, pour certains, jamais su traduire le bouillonnement de leur monde intérieur. C’est du moins le cas de Charles de Vilmorin, qui a confié avoir trouvé dans le crayon un moyen bien plus fidèle d’esquisser sa pensée. « J’ai dessiné avant même de savoir écrire », nous dira le directeur artistique de la maison Rochas, qui est également éponyme de sa propre marque, qu’il dirige ! Spontanées et instinctives, ses ébauches sont tout naturellement devenues la base de son métier. Puisant son inspiration dans les œuvres surréalistes de Man Ray ou Salvador Dalí mais aussi dans les peintures oniriques d’Odilon Redon, Marc Chagall ou encore James Ensor, le Parisien donne aujourd’hui corps à des collections poétiques dans lesquelles il s’affranchit de la notion de genre. Notamment pour sa propre griffe où ses silhouettes androgynes « assumées et volumineuses » réveillent en lui l’enfant passionné de théâtre. Un goût pour la narration et l’art total qui l’anime jusqu’à en imprégner les murs de son propre appartement ! Dans son salon haussmannien se révèle avec étrangeté une fresque aux couleurs détonantes. Reprenant les motifs de son premier défilé,le talent infuse les émotions qui le traversent à coups de gouache et d’acrylique. Car le jeune homme laisse sa sensibilité guider autant son travail que son intérieur. Ici, miroir vénitien, fauteuils des années 1970, ou encore lustre à pampilles donnent à voir un savant mélange des époques et des genres. Adoptés au hasard d’un vide-grenier lorsqu’ils n’ont pas été hérités d’un parent – à l’instar d’une toile peinte par sa mère –, les objets du prodige témoignent de son indifférence vis-à-vis du consumérisme ambiant. Une énième démonstration de la liberté d’esprit de ce créatif, figure de proue de cette nouvelle génération engagée !
Photographies : Valerio Geraci – Texte : Juliette Bruneau @thesocialitefamily
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