Radioeat, exquise Maison de la Radio

Radioeat, exquise Maison de la Radio

Nid d’aigle à l’ossature boisée enveloppante, Radioeat pourrait sans difficulté être le repaire d’un espion en goguette à la recherche d’une planque discrète où glaner de précieux renseignements. C’est du moins comme cela que l’imagine Stéphane Maupin, architecte à la culture des volumes hors normes et de la formule qui fait mouche. Débauché par Éric Walper, le duo – ayant fait ses preuves sur le projet Tokyo Eat du Palais de Tokyo – réalise ici l’exploit de désacraliser la forteresse de l’information qu’est la Maison de la Radio. Avec eux, les rôles s’inversent. Radioeat devient vitrine et les clients, principaux protagonistes d’un spectacle qui se déroule au premier étage. Dans cette galerie Seine cinématographique, la vie reprend ses droits. Les jeunes mélomanes en partance pour l’auditorium voisin défilent, aussi bien accompagnés de leurs grands-parents que de leurs amis tandis que les conversations des visiteurs s’égrènent joyeusement. Un accompagnement de choix pour la cuisine du chef Thierry Brassard, pensée pour mettre tout le monde d’accord. Peep-show gustatif où il fait bon voir sans être vu, Radioeat aurait pu s’arrêter là. Si l’installation de la salle de restaurant avait pu être complexe de par sa localisation et son espace, Stéphane Maupin s’est attelé à un défi plus complexe encore : le Belair. Bar aux teintes chaudes et à la lumière flatteuse fraîchement inauguré, cet espace n’était, à la base, qu’un enchevêtrement de salles fractionnées. Sorti de sa torpeur par l’architecte et son équipe – qui n’ont pas hésité à le pourvoir de sièges uniques au monde dénichés au Salone del Mobile – le Belair achève la transformation lifestyle de l’espace culturel à la plus belle vue de Paris.

Radioeat, Maison de la Radio 1er étage Galerie Seine :  116 Avenue du Président Kennedy – 75016 Paris.

Salle de restaurant Radioeat Maison de la Radio Paris
Salle de restaurant Radioeat Maison de la Radio Paris
Salle de restaurant Radioeat Maison de la Radio Paris
Salle de restaurant Radioeat Maison de la Radio Paris

Éric, Stéphane, comment est né ce projet ? 

Éric

Assez banalement : la Maison de la Radio, comme nombre d’institutions culturelles, souhaitait se doter d’un lieu de vie afin de ne plus être qu’une forteresse de l‘info et des médias. Après sa rénovation, un auditorium de plus de 1450 places a été créé venant ainsi compléter l’offre du mythique Studio 104. Elle est désormais aussi une salle de spectacles et de concerts. Qu’elle se dote d’un restaurant et d’un bar tombait sous le sens.

Pourquoi avoir choisi de travailler avec Stéphane Maupin ?

Éric

J’avais déjà travaillé avec Stéphane sur le projet du Palais de Tokyo et j’avais aimé cette collaboration. En dehors du fait qu’il a beaucoup de talent, j’aime sa curiosité, sa souplesse et son écoute. J’aime aussi le fait qu’il ne se prenne pas au sérieux et qu’il désacralise la fonction d’architecte. Ça n’empêche évidemment pas les frictions, car pour être un bon architecte, il faut justement avoir des convictions et ne pas se perdre en chemin dans les méandres des contraintes techniques ou financières. Stéphane est un architecte DPLG, il construit des immeubles. Il a cette culture des volumes hors normes et son geste est global. Pour apprivoiser les espaces qui me plaisent, souvent monumentaux, il est l’homme de la situation. Sur ce point nous sommes complémentaires.

Salle de restaurant Radioeat Maison de la Radio Paris
Salle de restaurant Radioeat Maison de la Radio Paris
Salle de restaurant Radioeat Maison de la Radio Paris
Salle de restaurant Radioeat Maison de la Radio Paris
Bar Belair Maison de la Radio Paris

Stéphane, quelles étaient donc vos inspirations pour ce projet ?

Stéphane

Un projet débute par un cocktail ! Que veut mon client ? Où est le lieu ? Que veut le lieu ? Qu’est-ce que je veux (ou plutôt, comme dit Renzo Piano, que veut la Madone ?). Éric voulait un lieu élégant qui ne nuit pas à l’existant. Le lieu voulait continuer d’être là, avec son volume, sa vue sur la Seine et les gratte-ciels d’en face, sa géométrie sans fin, ses papillons. Et la Madone voulait le vaisseau de l’Odyssée de l’espace à la mode Kubrick. Je voyais bien les serveurs habillés en Lycra courir en apesanteur pour servir des consommateurs vautrés sur les sièges Djinn d’Olivier Mourgue. Gastronome rime presque avec astronome. Il semblerait que La Madone ait perdu. Elle devait forcément capituler tant l’espace présent avait de la force : des grands vitraux et une fenêtre en cinémascope sur l’extérieur. Une rythmique de la lumière par les éclairages verticaux adossés aux poteaux. Les pliages de bois recouvrant le plafond et les murs en alternance. C’est finalement l’usage qui a tout déclenché. Le lieu devait accueillir deux populations sans se nuire, les mélomanes allant à l’auditorium et les gourmets du restaurant. Plutôt qu’un paravent séparant les deux flux, on décida de réfléchir à un instrument permettant de conserver la perception de l’extérieur pour tout le monde. Il en résulte une banquette jouant sur la parallaxe pour assurer tantôt l’opacité tantôt la plus grande perméabilité visuelle. Un peep-show gustatif pour voir et ne pas être vu.

Quels défis techniques impliquait-il ?

Stéphane

L’installation de la salle du restaurant s’effectue dans la salle des pas perdus de l’auditorium. À ce titre, cette galerie ne pouvait supporter aucun matériau flammable tant elle doit assurer la protection des individus en cas d’incendie. Nous avons hanté les fabricants pour trouver et réaliser du mobilier ultra-résistant. Les travaux devaient aussi s’effectuer sans la moindre intensité sonore. Pas facile pour un endroit qui diffuse du son. L’installation du bar était complexe. L’espace était morcelé avec une suite de salles fractionnées. L’ensemble était très bas de plafond, avec une avalanche de tuyaux à faire passer pour ventiler et aspirer l’air : un cauchemar ! Le défi a consisté à multiplier l’espace et l’agrandir visuellement.

Bar Belair Maison de la Radio Paris
Bar Belair Maison de la Radio Paris
Bar Belair Maison de la Radio Paris
Bar Belair Maison de la Radio Paris
Bar Belair Maison de la Radio Paris

Quels matériaux avez-vous utilisé et pourquoi ?

Stéphane

Le restaurant utilise du bois pour plein de raisons. Sa chaleur et son accord avec le décor existant, puis pour son excellent comportement au feu. Enfin pour son aisance à fabriquer une banquette en un seul morceau, sans joints ! La banquette n’est donc qu’un immense tronc taillé. Un totem horizontal. En écho des œuvres du rez-de-chaussée par l’artiste François Stahly. Le bar utilise lui de l’aluminium, du Luxalon, plus exactement. Un produit des années 70 qui était arrivé à intoxication puisqu’il occupait tous les halls d’immeubles des grands ensembles. Il était l’instrument parfait pour un revival dans un ce bâtiment ancré dans le passé.

Quel type de cuisine proposez-vous au restaurant ?

Stéphane

Je ne sais absolument pas cuisiner, mais j’aime bien manger. Cette incapacité me libère de toute inhibition ou limite culinaire. L’élaboration de la carte est collégiale avec Thierry Bassard, notre chef associé. Nous y mettons ce que l’on a envie de manger, sans idées préconçues et surtout sans concept fumeux. Thierry a suffisamment de talent pour mettre en musique nos envies tout en prenant du plaisir à exprimer son talent de cuisinier. La carte a un large spectre entre les goûts, les influences et les prix. Les ados peuvent venir manger avec leurs grands-parents, personne ne se sentira puni car chacun y trouve son compte : les premiers avec un burger digne de ce nom, les second avec une sole meunière ou le cabillaud en aïoli. Le mélange des genres est la clé du succès et nous espérons qu’il sera au rendez-vous.

Comment décririez-vous Radioeat en quelques mots ?

Éric

Si une institution nous accueille, il ne faut pas lui tourner le dos : il faut faire le chemin ensemble et garantir une perméabilité entre son public et nos clients. La banquette ondulatoire qui fait également office de paravent avec les passage des auditeurs du grand auditorium permet cette interactivité : elle crée une sorte de cocon à nos convives en préservant la transparence pour les visiteurs de la Maison de la radio et  l’intégrité architecturale de la galerie Seine. C’est une brasserie où les gens ne doivent pas craindre de s’asseoir pour prendre juste un café, passer du temps, se rencontrer, manger, boire, échanger. Vivre !

Stéphane

Le bar est le refuge d’OSS117 dans son château de Versailles. Le restaurant est un club d’aviron avec son quatre-fois-huit-barré sur la route de Cambridge !

Bar Belair Maison de la Radio Paris
Bar Belair Maison de la Radio Paris
Bar Belair Maison de la Radio Paris
Bar Belair Maison de la Radio Paris
Bar Belair Maison de la Radio Paris
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