Famille

Dans l’ancien enclos du couvent des Filles du Calvaire, un appartement haussmannien familial décoré avec une sensibilité photographique

Chez

Laure Bouvet et Pierre, Victoire 9, Eloi 6 ans et Jacques 4 mois

Chaque intérieur est porteur d’une histoire. Si ce n’est même d’une « mythologie familiale » dont les chapitres se lisent au travers d’un bibelot chiné, d’une pièce de mobilier rapportée au détour d’un voyage ou encore d’un héritage conservé précieusement. Autant d’éléments de décoration esquissant un caractère certain auquel peuvent s’ajouter les créations audacieuses et intemporelles de la collection The Socialite Family. À l’instar de l’appartement haussmannien de Laure Bouvet — fondatrice de l’agence d’accompagnement pour photographes Well Done John — qui cultive ici sa sensibilité à l’image. Car cette maman de trois enfants s’est forgé, au long de ses premières expériences en achat d’art dans la publicité, une compréhension de la lumière et de la mise en scène. Au cœur du Marais, dans l’ancien enclos du couvent des Filles du Calvaire, l’entrepreneure transpose avec émotion ce qu’évoque pour elle l’essence même d’une maison de famille. Un écrin rénové en conservant le charme d’époque — moulures ou encore poêle prussien — où viennent s’implémenter avec familiarité les éléments qui suivent la joyeuse tribu d’un intérieur à un autre. Une table de ferme, entre autres, point névralgique de leur repaire coloré où s’animent apéros entre amis comme devoirs du soir, mais aussi un miroir acquis auprès d’aïeuls, ou encore un bureau d’écolier sur lequel frère et sœur étudient successivement. Des pièces devenues, elles aussi, membres à part entière de cette famille qui ne jure que par le minimalisme pour un intérieur intemporel à l’épreuve du quotidien animé d’une joyeuse fratrie ! L’équation décorative raisonnée pour se constituer un abri à soi dans un quartier qui se définit autant par son tumulte vivant que par son passé historique.

Lieu

Paris

texte

Juliette Bruneau

Photographies

Valerio Geraci

TSF

Laure, pouvez-vous vous présenter ?

Laure

Je m’appelle Laure Bouvet. Avec Pierre, nous sommes les heureux parents de Victoire, Eloi et Jacques, le petit dernier. Je suis la deuxième d’une famille nombreuse. J’aime les tribus, les enfants et je suis très attachée aux lieux que j’ai habités, qui construisent une sorte de mythologie familiale. J’ai une attirance forte depuis toujours pour les images, le soin apporté aux choses et l’harmonie qui s’en dégage. Cela se retrouve aussi dans mon métier puisque, en 2018, j’ai créé Well Done John : une entreprise spécialisée dans le domaine de la photographie. J’ai par ailleurs une passion pour le yoga. Je donne quelques cours à côté de mon activité professionnelle, pour le plaisir de transmettre.

TSF

Quel est votre parcours ?

Laure

Après des études littéraires, j’ai décidé de choisir mon métier par passion. Je suis devenue acheteuse d’art pour la publicité et j’ai travaillé dans différentes agences pendant dix ans. J’ai ensuite lancé Well Done John. J’y propose, en plus de l’achat d’art, un accompagnement pour les photographes professionnels, à travers du mentorat, du coaching et des formations.

TSF

Pourquoi avoir créé Well Done John, votre agence structurée autour de l’achat d’art et du coaching pour photographes, lancée en 2018 ?

Laure

J’étais pendant dix ans acheteuse d’art en agence, j’ai observé comme beaucoup les changements profonds du marché de la photographie. Les revenus des photographes ont beaucoup diminué, le rôle d’agent a été chahuté avec les artistes émergents directement recrutés par les agences via les réseaux sociaux. Les photographes professionnels sont aujourd’hui souvent moins accompagnés dans la construction de leur carrière artistique. Ils doivent donc gérer eux-mêmes les questions commerciales, financières et juridiques, ce qui empiète sur leur temps de création. Face à leurs clients, ils ont besoin de trouver leur positionnement artistique et de maîtriser les nouvelles règles du jeu. Je les accompagne dans leur progression en tant qu’artiste et en tant qu’entrepreneur. À la différence d’un agent, je ne les représente pas, je les accompagne sur un temps défini.

TSF

Votre profession suppose une forte sensibilité à l’image et au beau. Comment s’est formé votre œil d’esthète ?

Laure

J’ai eu la chance de grandir dans une famille férue de décoration avec des artistes à toutes les générations ! J’ai toujours cultivé une sensibilité à l’esthétique et à la mise en scène des lieux de vie. Évidemment, j’ai en général cela en commun avec les photographes et dix ans dans le milieu de la photographie n’ont fait que renforcer cette tendance naturelle. De manière générale, je privilégie souvent les choses simples et intemporelles : dans le choix d’une maison, d’un objet, d’un meuble.

C’est un appartement typiquement parisien, avec des moulures très présentes. Il date de la toute fin du XIXe. Il est situé sur l’ancien enclos du couvent des Filles du Calvaire, un lieu disparu depuis plusieurs siècles !

TSF

Racontez-nous votre rencontre avec cet appartement haussmannien.

Laure

Nous avons tout de suite été séduits par la sensation d’espace et la douceur de la lumière du matin dans la cuisine et le salon. C’est un appartement typiquement parisien, avec des moulures très présentes. Il date de la toute fin du XIXe. Il est situé sur l’ancien enclos du couvent des Filles du Calvaire, un lieu disparu depuis plusieurs siècles ! Après des années passées dans des appartements avec vue sur cour, nous aimons voir défiler la vie parisienne sous nos fenêtres. Il se passe toujours quelque chose, surtout dans ce quartier. On peut aussi apercevoir le Cirque d’hiver, ce qui est symboliquement très fort pour moi : adolescente, j’y ai passé un concours de clarinette la première fois que je suis venue à Paris.

TSF

Comment avez-vous investi les lieux ?

Laure

Les débuts n’ont pas été simples, c’étaient de gros travaux et rien ne s’est passé comme prévu ! Nous avons transformé la chambre parentale en cuisine, ajouté une salle de bains et créé quatre chambres dans un appartement qui n’en avait que deux. L’idée principale était de ne pas dénaturer l’appartement. C’est vraiment l’esprit du lieu qui a inspiré le choix des couleurs, des carrelages et des objets qui l’habitent. Nous avons aussi essayé de faire en sorte que la cuisine s’intègre bien dans ce décor haussmannien. On ne la remarque pas tout de suite en entrant dans l’appartement. Le choix des couleurs a été une étape excitante, l’idée était qu’elles se répondent d’une pièce à l’autre. J’ai fait plusieurs tests, avec parfois des ratés ! La couleur varie toujours plus qu’on ne l’imagine avec la lumière d’une pièce. En ce qui concerne la chambre des enfants, nous avions au début pensé qu’ils auraient chacun leur espace. Mais comme ils sont inséparables, nous avons suivi l’idée de Charlotte Perriand en créant une cloison amovible entre les deux pièces : ouverte quand ils veulent jouer ensemble, fermée pour qu’ils aient la possibilité d’être tranquilles.

TSF

Vous nous confiez commencer « à peine » à le décorer. Quelles pièces ont trouvé en premier leur place chez vous ?

Laure

Bien entendu, notre table de ferme a naturellement trouvé sa place dans la cuisine. Nous l’avons dénichée aux puces au début de notre histoire. Elle a déjà connu trois appartements et j’espère qu’elle nous suivra très longtemps ! Un miroir de famille a aussi été très vite accroché au-dessus de la cheminée. Je suis attachée aux objets qui ont un vécu. Le bureau d’école de notre fille (dont notre fils a hérité !) est un coup de cœur : nos enfants adorent y dessiner. Mais nous préférons d’une manière générale prendre notre temps pour choisir les objets, parce que le « provisoire » a une fâcheuse tendance à devenir permanent !

TSF

De quelle manière votre carrière en achat d’art — et dorénavant dans le milieu de la photographie — influence-t-elle votre rapport à la décoration ?

Laure

Avec la photographie, j’ai pris conscience que la lumière générait des émotions. L’ambiance d’un lieu est aussi importante que l’esthétique des objets. J’ai essayé de créer pièce par pièce un éclairage à la fois doux et chaleureux.

TSF

Que dit cet appartement de vous, de votre famille ?

Laure

Il n’y a pas beaucoup de meubles et d’objets chez nous. Je cultive un certain minimalisme, j’aime être entourée de beaux objets mais je redoute l’accumulation. J’ai aussi cherché à créer un esprit « maison de famille » en choisissant des meubles intemporels. Et ce n’est pas un appartement-musée ! C’est au contraire un endroit qui vit, avec des enfants qui courent et qui ont souvent les doigts pleins de confiture, et où nous aimons organiser des fêtes ! Nous veillons à ne rien avoir de fragile et nous acceptons l’idée que les murs se salissent.

TSF

Y avez-vous une pièce favorite ?

Laure

La cuisine est la pièce la plus « habitée » : nous sommes une famille de gourmands et nous passons beaucoup de temps à cuisiner. Mais c’est aussi là que les enfants font leurs devoirs, que nous faisons nos apéros, et c’est bien sûr là que nos invités se retrouvent quand nous organisons des soirées ! Les livres ont aussi leur place et nous voulions créer une série de coins lecture dans l’appartement. En plus de notre canapé, nous avons ajouté une banquette dans le salon. Nous avons même un fauteuil dans la cuisine, qui devient le meilleur endroit du monde devant les feux de bois en hiver ! C’est autour du poêle prussien, typiquement haussmannien, que nous faisons nos traditionnels apéros/jeux de société en hiver.

TSF

Vous habitez dans le Marais, un quartier incontournable de Paris. Avez-vous des adresses favorites à nous recommander ?

Laure

C’est un quartier chargé d’histoire, très inspirant, où l’on peut espérer trouver le calme quand on tombe par hasard sur un de ses nombreux parcs cachés. J’aime l’Atelier Marais pour les cours de yoga, Aux Deux Amis ou Le Petit Marché pour un repas entre amis, ou encore le Mary Céleste ou Soma (japonais) pour un dîner en amoureux. C’est aussi un merveilleux endroit pour vivre quand on est passionné de photographie car nous sommes entourés de lieux dédiés à cet art : les galeries Les Filles du Calvaire ou Thierry Bigaignon, par exemple, la librairie et galerie Yvon Lambert, la Maison Européenne de la Photographie, ou encore le café Fringe qui, en plus de proposer de très bonnes choses à déguster, est un espace d’exposition pour les photographes.

TSF

Pour vous, The Socialite Family, c’est ?

Laure

Une inspiration au quotidien.

Nous préférons d’une manière générale prendre notre temps pour choisir les objets, parce que le « provisoire » a une fâcheuse tendance à devenir permanent !

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Romain et Aurélie Lazurowicz, May 14, Joseph 8 ans

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