Annabel Guéret et Violette, 15 ans
Impossible de passer à Nantes sans faire un détour chez Annabel Guéret ! Amie de The Socialite Family, la directrice artistique a,...
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C’est en passant du temps petite chez ses grands-parents qu’est né le goût de Marcy Legeard – fondatrice de la boutique nantaise Mizué – pour les ambiances. Des rencontres éclectiques entre des objets insolites rapportés par son grand-père marin et des meubles bretons, très éloignés de la beauté dite classique, mais dont l’exotisme la fascinait. Un attrait qu’elle n’a eu de cesse de développer depuis. Autant influencée par le cinéma et ses mises en scène, au point « de passer complètement à côté de l’histoire si un film me plaît visuellement », que par les réminiscences de voyages initiatiques, à l’instar des grands sites du Moyen-Orient ou de la Chine, la Bretonne nous ouvre les portes d’un intérieur éclectique. Formée à l’architecture d’intérieur à Paris, c’est avec Guillaume, son compagnon, qu’elle s’est lancée dans la transformation de deux maisons en une. Des volumes situés « dans un ancien quartier de conserverie et sur une place qui a conservé des airs de village » dont ils ont changé la disposition, afin d’en articuler les espaces principaux autour du jardin. Des ouvertures verdoyantes qui viennent ponctuer une enveloppe faite de contrastes colorés et de jeux d’opposition de matières. Pour des associations surprenantes où le mobilier – intégralement chiné à de rares exceptions près – vient s’insérer à la perfection.
Marcy, pouvez-vous vous présenter ?
J’ai grandi en Bretagne, au bord de la mer, dans le golfe du Morbihan. Après mes études à Rennes, j’ai passé quelques années à Paris avant de venir m’installer à Nantes avec Guillaume, mon amoureux, et notre fils Marin.
Racontez-nous votre parcours.
J’ai un diplôme d’architecte d’intérieur. Ce qui me faisait rêver, c’était de travailler à la création de décors ! À la fin de mes études, j’ai obtenu un stage pour l’opéra de Pékin qui a finalement été annulé la veille de mon départ. Je suis tout de même partie et me suis retrouvée toute seule en Chine, totalement désœuvrée. Alors j’ai pris des trains, et je me suis prise de passion pour les ambiances et la culture de ce pays. C’est là qu’est né mon amour des meubles bruns et des ambiances tamisées. À mon retour, j’ai été embauchée dans une agence d’architecture parisienne. Cette expérience intéressante professionnellement s’est révélée désastreuse sur le plan personnel puisque j’ai dû assigner mon employeur aux prud’hommes. À partir de là, j’ai enchaîné les petits boulots pour pouvoir payer mon loyer et aller à des concerts. Puis nous avons quitté Paris pour Nantes pour le travail de Guillaume. Avec l’argent des prud’hommes et la volonté d’être ma propre patronne, j’ai ouvert ma boutique Mizué dans laquelle je proposais, au départ, des vêtements, mais aussi de la décoration et des bijoux que je fabriquais. Je suis devenue commerçante un peu par hasard mais cela a été une vraie révélation. J’adore mon travail. Les relations que je tisse avec mes clientes, leur apporter de la confiance grâce aux vêtements, c’est ce que je préfère. Puis, lorsque notre fils est né, j’ai eu envie de lever le pied. J’ai eu la chance de rencontrer à ce moment-là Carl, qui travaille maintenant avec moi et qui a apporté un nouveau regard sur le magasin. Désormais, et sans lâcher complètement la boutique, j’ai envie de revenir à mon premier amour, l’architecture d’intérieur.
Parlez-nous de votre éducation. Dans quel cadre avez-vous grandi et par conséquent développé votre goût ?
Petite, j’ai passé beaucoup de temps chez mes grands-parents chez qui j’étais gardée. Mon grand-père était marin. Il avait fait plusieurs fois le tour du monde et rapporté de ses voyages quantité d’objets curieux et insolites qui étaient accumulés dans la maison : paravents, tapis, poissons naturalisés, lustres japonais, porcelaine de Chine, colliers de coquillages… Tout cela entreposé sur des meubles bretons. Un mélange éclectique, très loin de la beauté classique (voire très proche du mauvais goût, diront certains), mais dont l’exotisme me fascinait. Je crois que de cela est né mon attrait pour les objets qui ont des histoires à raconter. Mes parents, eux, sont très curieux d’architecture. L’été, nous partions sur les routes et, grâce à eux, je suis souvent allée au Moyen-Orient. Des sites comme Palmyre, Petra, Éphèse et les pyramides d’Egypte ont marqué mon esprit d’enfant et aiguisé mon regard.
Designeurs, créateurs, artistes : quels sont ceux dont l’œuvre a eu une influence sur vous ?
Je suis très influencée par le cinéma, j’aime les mises en scène et les univers singuliers. Si un film me plaît visuellement, je passe complètement à côté de l’histoire tellement je me fais emporter par l’atmosphère esthétique. Wim Wenders, Aki Kaurismäki, Eric Rohmer, Jean-Luc Godard, Stanley Kubrik, Wong Kar-wai, Shūji Terayama… Mon téléphone est plein de captures photo de scènes aux couleurs ou à l’harmonie « parfaites ». J’aime aussi énormément les architectes qui travaillent le béton et je voue un véritable culte à Tadao Andō et Oscar Niemeyer. Il y a également des lieux comme la Villa Magnan ou les maisons de l’Atelier Vime dont le charme m’inspire énormément.
Racontez-nous votre rencontre avec votre maison.
Une évidence. Nous aurions dit une maison de vacances avec ses roses trémières dans le jardin. Elle était biscornue, un peu sombre, imparfaite… comme nous ! Et au-delà de la maison, nous sommes tombés sous le charme de l’environnement. Elle se trouve dans un ancien quartier de conserverie et sur une place qui a conservé des airs de village.
Comment l’avez-vous pensée ?
Tout s’est imposé très naturellement mais nous avons réalisé énormément de travaux. Il s’agissait en réalité de deux maisons, donc nous avons commencé par les diviser pour n’en conserver qu’une partie. Nous avons changé la disposition des pièces au rez-de-chaussée pour articuler celles dans lesquelles nous passons le plus de temps autour du jardin et puis avons créé de grandes ouvertures. Pour l’étage, l’élément central est la salle de bains. Nous avions une idée très précise de ce que nous voulions donc nous avons fait appel à des menuisiers nantais (la société PS : MDR) dont nous apprécions le travail. Il nous fallait une grande pièce dans laquelle puisse être bien délimité l’espace humide de l’espace sec comme dans les salles de bains japonaises, alors nous avons sacrifié une des chambres. Mais pour nous, c’est une vraie pièce de vie, nous y passons beaucoup de temps en famille, beaucoup plus que dans la cuisine ! Au-dessus de notre espace nuit, il y avait une mezzanine dont nous avons volontairement intégré l’accès dans le dressing pour créer une sorte de pièce secrète dans laquelle se trouvent nos livres et les écrans (notre sanctuaire).
J’ai toujours du mal à définir mes goûts, parce que je n’ai pas de penchant particulier pour un style ou une époque. Ce sont surtout les ambiances et les associations originales qui me séduisent (...)
Et meublée ?
À de rares exceptions près, tous les meubles et objets ont été chinés. J’ai beaucoup de mal à acheter du neuf. Au mur de notre chambre et du salon, ce sont des toiles de Lou Ros et France Parsus qui proviennent de la galerie Haos que Valentin Villeneuve, son fondateur, fait vivre avec beaucoup de passion. C’est d’ailleurs un lieu que j’aime beaucoup.
Avec une préférence pour des années en particulier ?
Pas vraiment ! J’ai d’ailleurs toujours du mal à définir mes goûts, parce que je n’ai pas de penchant particulier pour un style ou une époque. Ce sont surtout les ambiances et les associations originales qui me séduisent dans un intérieur. Après, je peux facilement me prendre de passion pour un univers et, dans ces cas-là, je vends tout sur un coup de tête. Ce qui arrive régulièrement mais, en général, ce n’est pas très apprécié de mes colocataires ! (Rires)
Nous y retrouvons beaucoup de couleurs. Que représentent-elles pour vous ? Comment aimez-vous les utiliser ?
J’entretiens avec les couleurs un rapport très fort. Il y a toujours des pantoniers qui traînent un peu partout dans la maison et le dictionnaire japonais des combinaisons de couleurs édité chez Seigensha est mon livre de chevet. Après j’aime les contrastes, les teintes sombres et le noir par-dessus tout.
Mais aussi des associations de matières. Quelles sont celles que vous avez particulièrement aimées travailler ?
Un peu comme pour la couleur. J’aime jouer sur les oppositions et les contrastes : du bois et du béton, de la laine et de l’inox, etc. En ce moment, je rêve d’une pièce tout en moquette blanche épaisse avec des meubles en inox, des miroirs partout et des tableaux de Gérard Garouste au mur. Ce serait mon association idéale !
Comment pensez-vous les associations entre celles-ci et les couleurs, les textures ?
Tout part d’une pièce ou d’une couleur forte, puis un objet en appelle un autre comme dans une conversation. En général, à la fin, mon fils vient coller des stickers sur la table ou faire un dessin au mur et c’est l’accident qu’il manquait pour que tout soit parfait !
Que dit-elle de vous ?
Que je suis complètement control freak et que tout le bazar doit être caché dans les tiroirs ! (Rires)
Si vous deviez nous confier vos adresses favorites à Nantes, quelles seraient-elles ?
Pour la décoration, Barak et Marie Carcuac. Le Canclaux pour déjeuner au soleil ou boire un verre. Les Fleurettes Sauvages pour ses bouquets magnifiques. Mathilde Mercier si vous voulez vous offrir un superbe tapis sur mesure. Pépite pour les vêtements et la déco des enfants. Et enfin, Haos galerie pour sa sélection d’artistes.
Pour vous, The Socialite Family, c’est ?
Un beau média inspirant et des pièces de désir qui s’intègrent dans tous les intérieurs.
Où vous retrouverons-nous dans les prochains mois ?
Certainement dans le Finistère car je suis sur un projet de lieu que je voudrais très empreint de culture bretonne et inspiré du courant Seiz Breur, l’art moderne breton.
Photographies : Jeanne Perrotte – Texte : Caroline Balvay @thesocialitefamily
Quel plaisir de découvrir la jolie maison de Marcy !
Je connais sa boutique singulière avec une très jolie sélection depuis des années. C’est une commerçante solaire et son habitat lui ressemble. Du goût, agréable à vivre et joyeux.
Je me note quelques bonnes adresses nantaises que je ne connaissais pas encore.
Merci à Socialite Family pour ces jolis portraits !